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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0146

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LA LUNE

M. Francis Magnard, mal renseigné, a cru pouvoir
avancer l'autre jour, dans le Figaro, que la charge du
Zouàve guérisseur, publiée dans notre dernier numéro, n'é-
tait qu'une œuvre de haute fantaisie et qu'il y avait seule-
ment un air de famille dans le turban.

Comme nous ne voulons pas que nos lecteurs puissent
nous accuser -un seul instant d'avoir voulu leur faire une
mauvaise charge, nous déclarons ici, de la façon la plus for-
melle, que Gill a exécuté son dessin d'après une photogra-
phie fort ressemblante sortant des ateliers de M. Riou, pho-
tographe à Versailles.

D'ailleurs, le public, qui est bon juge, n'a acheté que
75,000 exemplaires de notre faux zouave.

LE GÉNÉRAL PRIM

11 ne nous est pas permis rie toucher, même du bout de la
plume au personnage politique.

Nous ne nous occuperons donc point du chef de partisans
d'autrefois et d'aujourd'hui, sur qui tous les regards sont fixes
en ce moment, quelque ardente sympathie que nous ressentions à
son égard.

Mais l'héroïque enfant de la Catalogue, en qui se perpétuent
toutes les traditions du courage et de l'honneur espagnols, mais
l'exilé, notre hôte, mais le soldat brave jusqu'à la témérité, mais
l'homme populaire en France, autant que dans son propre pays,
nous appartient tout entier.

Parlons-en.

N'avez-vous jamais vu, dans les Champs-Elysées, à l'heure où
les équipages se croisent et s'enchevêtrent le plus dans la grande
avenue de l'Étoile, un cavalier de petite taille, brun de peau, à
barbe et à moustaches noires taillées courtes, aux yeux brillants,
se lancer à fond de train, cigare aux dents, au milieu des voitures
sans nombre ; et, avec une habileté sans pareille, faire glisser
son cheval comme un serpent à travers tous les obstacles, sahS
efforts, à coups de mollets et de bride ?

Cet écuyer sans égal et sans peur, ce Centaure dont la partie
humaine est line, maigre, sèche, mais animée par un cœur dé
' feu, c'est l'ancien colonel de Marie-Christine, c'est l'antagoniste
d'Espartero, c'est l'adversaire loyal de Narvaez, c'est le fougueux
vainqueur des Turcs et des Marocains; on un mot, c'est don Juan
Prim, comte de Reuss !

Ame de géant dans un corps de nain 1

Au Maroc, à Castillejos, il s'élançait au grand galop sur une
batterie, comme s'il eût été sur la place de la Concorde. Seul,
pendant quelques minutes, il sabrait l'ennemi, cigarette à la
bouche, sans colère, hautain, attendant ses hussards, les hussards
de la Princesse-

l-'.pris de la liberté, il conduisait les Turcs sur les bords du

Danube, avec la même furia qu'au temps de sa jeunesse.

La général a passé la cinquantaine maintenant; il a deux fois
vingt-cinq ans ; vingt-cinq ans ! l'Age de l'élan, du mépris, du
regard en arrière, du désintéressement !

Il fait li de la vie dans le servage. "Plusieurs fois condamné à
mort, insoucieux du danger, s'il a cherché chez nous un asile
momentané, c'est qu'il se devait à sa cause, et que la conservâ-
, tion de son existence était indispensable à son soutien.

Mais au premier appsl, il part, abandonnant tout ce qui lui est
i her, suivi de son fidèle aide de camp intime, un soldat auquel
il a sauvé la vie, et qui ne le quitte jamais.

Est-il besoin de parler de la distinction inhérente à sa race que
les salons parisiens ont été à même d'apprécier. Son cœur excel-
lent auquel ne s'adressent jamais en vain ses compagnons de
lutte moins fortunés que lui, est connu de tous ses compatriotes.

Ouant à la popularité immense dont il jouit dans ses mon-
tagnes natales, une anecdote la fera connaître.

Elle à trait aux cigares particuliers, fabriqués dans les proprié-
tés du comte, et que celui-ci fume sans reiàche, en tous lieux :

Un jour, un convoi de marchandises dirigé sur la France est
attaqué en route par des bandits trop communs encore sous les
chênes-liéges des frontières de l'Espagne.

Ces messieurs du Iromblon et de l'escopette se mettent en de-
voir d'examiner leur proie.

On ouvre les caisses.

Tout à coup, ils tombent en arrêt devant de magnifiques ci-
gares bien à point.

Quelques-uns, des ignorants, les touchaient déjà d'une moin
avide, quand le chef de la bande s'écrie.

Malte! ce sont des cigares de Prim !

A ces mots, comme au nom de l'Arioste, les voleurs se dé-
couvrent , et les cigares dûment empaquetés de nouveau , re-
prennent tranquillement la route de France.

Ernest d'Herviu.y.

LES VAUDEVILLISTES CHEZ EUX

RÉVÉLATIONS D'UN FROTTEUR(l)

Frêfoaiut (Klîe)

Rue Antoinette, a Paris-Montmartre. — A donné de gais
vaudevilles et d'amusantes opérettes. — Excelle surtout dans la
chanson-type, témoins la Femme à barbe et la-Déesse du Bœuf gras.

Plus de talent que de chance.

Blondelet dit de lui : Je voudrais l'avoir polir thermomètre,
je saurais toujours quand il f'rait beau.

Cultive volontiers le point d'interrogation dans ses titres : A
qui la mèche ? A qui le casque ?

Et ne dédaigne pas d allier la boucherie à la littérature : Le
bœuf Apis, te Beefteack d'or.

Il rue semble bien que c'est dans une pièce de Furpille que j'ai
ouï ce dialogue :

— Je retrouvai ma belle en Suisse.

— Comment dites-vous?

— En Suisse.

— Ah! bon... C'est qu'ordinairement on ne met pas de cédille.

Cabot (cHIftetb)

2l9t rue Saint-Màur-Poplncourt. — M'a qu'un drarn ■ sur lu
conscience : Les Compagnons de Jéhu, et encore dit-il : J'ai eu toit
de le faire. — Sa nature aimable et vive l'entraîne toujours
vers ce bon vieux vaudeville à qui l'on a voulu couper le llua-
flou... et qui chante encore — A été jadis l'un des vingt-cinq
collaborateurs des Moutons de Panurge, une bonne revue et sur-
tout une bonne action... puisqu'il S'agissait de donner du pain
aux malheureux acteurs d'un théâtre en déconfiture.—A fait
jouer la bouteille à l'encre, une majestueuse féerie, et je ne sais
plus combien de piécettes réussies.

Un jour, Gabet propose urié idée de pièce à l'un de ses con-
frères et lui écrit pour lui donner rendez-vous; seulement il omet
d'ajouter son adresse.

Le confrèro sait bien dans quel quartier excentrique il doit se
rendre, mais la rue ?... le numéro '? bernique !

Le voilà cheminant au hasard de la de.inette dans le quartier
Popincourt et cherchant d'huis en huis... Promenade inutile.

Tout à coup ! notre Juif-Errant (c'était un Israélite alors im-
berbe, dont les saynètes ne manquaient pas d'intérêt)se souvimit
que l'auteur du Monsieur qui a la vue basse, n'est pas seulement
vaudevilliste, mais qu'il est en outre...

(1) Voir les numéros des 24 et 31 murs, 14, 21 et 28 avril, 4(1 et 2t>

mai, 9, 16 et 23 juin, 6, 21 et 28 juillet, 4, 11 et 18 août:

Crscl... d'un coup de canne il brise une vitre à la devanture
d'un marchand de denrées plus ou moins coloniales.

L'homme à la serpillière apparaît sur le seuil et réclame le prix
de son carreau. — Refus du jeune auteur dramatique. — Insis-
tance légitime de l'épicier. — Rassemblement. — Intervention
d'un sergent de ville.

X... est conduit chez le commissaire.

C'est tout ce qu'il demandait ; M. Gabet est à la fois vaudevil-
liste et commissaire de police.

Oatatincau (Octave)

120, rue de l'Université. — II n'y a pas beaucoup de flonflon-
niers qui habitent un palais, au contraire... Cependant il y en a,
ne fût-ce que le susnommé. — M. Octave, traité en Benjamin, est
tout bonnement logé au palais du Corps législatif, place du Pa-
lais-Bourbon, et a un factionnaire à sa porte.

Vous voyez bien cet homme encore j?une, mais déjà un peu
gros, qui franchit la grille,' un portefeuille sous le bras et des
journaux illustrés à la mnin : figure ronde et franche, <r''\ vif et
pétillant.

— C'est un député. .

— Du tout, c'est l'auteur de Croquiqnole XXXVI et du Waggoh
des damei.

Si l'armée rendait les honneurs à l'esprit, le factionnaire por-
terait Jes armes.
C'est un vrai vaudevilliste qui passe.

GilEet (Henri)

5, rue des Moines — a fait jouer la Grève des Amoureux, et
vient de terminer avec Clairville, les Amendes de Thimothée.
Gillet n'a pas encore eu de veste.

GIrardin (Êmîle de)

Rue Pauquet-de-Villejust. — L'auteur des Dsux sœurs, du Sup-
plice d'une femme et du Mariage d'honneur a failli naguère passer
p-uir vaudevilliste.., sans s'en douter.

Un directeur de province voulait monter la Fille d'un million-
naire, il lit la pièce : — Ça manque de couplets ! s'écrie-t-il, et il
en fait faire par son régisseur ; suivent quelques échantillons :

ACTE PREMIER. — SCENE V.

RNSKMBLK :

Air : Avançons en silence.
Le jug' de paix s'avance,
Suivi de son greffier,
Deux notaii's en silence,
Suivent un avoué.

Dans cetfo même scène, la lecture du testament ayant paru
quelque peu longuette, l'intelligent régisseur avait fait dudit tes-
tament un rondeau oh anté par le juge de paix.

Air du Saltarello

C'est tin lestement olographe
Ecrit vraiment, comme pas un,
. Sans line faille d'ortographc;
J'en fais compliment au défunt... Etc., etc.

A la lin du premier sotë, quand la marquise disait à Adam :
« Je suis contente que ce soit vous qui possédiez cet hôtel et ce
« château qui ont si longtemps porté notre nom. » — Le premier
homme... delà pièce répondait, sur Vair du Lw'/t galant :

Ils le port'ront encore,
Ils le port'ront toujours.

Et ainsi de suite pendant troie actes.

Heureusement, pour la gloire de M. de Girardin, le sous-préfet
de l'endroit ne voulut pas permettra qu'un juge de paix chantai,
des couplets en scène, et la FUI», a'ùà millionnaire redevint comé-
die comme devant.

Oui sait? En vaudeville, c'était peut-être un succès !

Justin Langi.ois.

[t'â suite au procliain Lnncro.)

les

TRENTE-DEUX DENTS

frtj JPJSNDU '

lift f.'iii'li'e* ô nunherii(le

— Suite

Sur ces entrefaites, « ià jolie tiélijf » entra dans les jetées de
liankerque.
Le docteur se tâtà lé ventre et sourit.

Snob et Tob'y, par les soins de qUèlques matelots facétieux,
l urent remis êttr pied.
On débarqua.

— Bagg? demanda Hoxton au docteur, en lui montrant l'étran-
ger au pantalon élastique qui descendait l'échelle, c'en est un,

n'est-ce pas ?

— Hélas ! oui, répondit le gros homme.

— Combien ?

— Deux canines et une molaire !

— C'est bien ; à ce soir, à l'hôtel.

(1) Voir les numéros parus depuis le 4 sont.

VIII

S.» culotte élastique

— Me venger et mourir!

Telles furent les paroles du ravissant James Hoxton, en refer-
mant sur le nez du garçon la porte de la chambre n° 17, à l'hôtel
du Chapeau-Rouge.

Ayant dit cette phrase courte et mélancolique, le beau James
tira de son sein, je veux dire d'une poche de côté, une petite
boîte d'or. 11 l'ouvrit. Elle était vide !

— Je te remplirai, ô boîte d'or ! — Et vous, Maryan Slop, vous
payerez cher la fantaisie que vous avez eue, continua le jeune
homme pale, en insérant de nouveau la boîte d'or dans son sein,
je veux dire sa poche de côté.

A l'instant même où James terminait son '.petit monologue si-
nistre, un léger coup fut frappé à la porte.

— Entrez, soupira l'ex-supplicié.

La porte

Urooaillure

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°0H

it, une tête se présenta ri l is i
une tête rie jeune fille, ornée
de longues anglaises, coiffée
■''un chsfpèau de bergère. La
bouche en était affreusement
ouverte.

— Oh ! je cherchais maman, |
pardon. — Cim ! pensa la blonde
enfant, site laquelle on n'a pas ou de peine à
reconnaître l'ardente Betsy. — Ciel ! c'est lui,
le beau gentleman du Strand. Oh!
Et, tirant Ja porto avec violence, elle se pré-
cipita dans le gouffre béant du corridor, le roiige de la pudeur
stir la face.

James Hoxton, peu intrigué, et lie se doutant nullement qu'il

efr été déjà admiré par cette miss inllammable, passa un habil,
et se disposa à descendre faire honneur au dîner de l'hôtel.

A ia l bie d'hûto se renco ilrêrëdt de nouveau l'étranger privé
de nez et James Hoxton ; Us se faisaient vis-à-vis ; le docteur
Bagg, Snob et Toby, miss JMsy et sa mère se trouvaient égale-
ment là.

Pendant le dîner, l'étranger exaspéra le système nerveux du
jeune homme paie, en faisant étlnceler aux lumières le pur ivoire
de ses dents dans la pour ;re sorribré des beefsteacks. Il ne parla
pas de sa culotte imperm > ' ; 5 tWr égard pour les dames.

Mais déjà James Hoxton avait tramé li perte de l'étranger pu-
dique.

Après le café et le thé, on passa dans la salon de conversation

de l'hôtel du Chapeau Rouge.

Un piano avait élu domicile dans cet asile de la grâce et de
l'esprit. Une dizaine de jeunes filles entouraient l'instrument du
supplice. Parmi elles, s'agitait, ses longs repentirs au vent, miss

BéUsy, la jeune anglaise au cœur perforé p&r la flSche de l'invis'-
ble archer. — Traduction :... l'Amour.

On proposa pour passer le temps de se livrer au plaisir eni-
vrant de la contredanse. James Hoxton, qui avait émis cette mo-
tion, l'appuyait vigoureusement. Il riait d'un ri:e plus amer que
jamais en sonnant les domestiques pour faire ranger les sièges.

Le docteur Bagg, l'air inquiet, suivait d'un regard sombre les
allées et venues de l'échappé du tombeau.
On réveilla l'étranger odieusement camus, qui s'était nssoupL
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