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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0147

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LES FUMERIES EXQUISES

v Exemples: ' hhmhmwh

A tt-ois heures du matin, au printemps, baignant avec ivresse
s'in corps brûlant et son front moîte dans la fraîcheur enrobante
ri'dhe nuit splendide, il est doux, après une privation de trois ou
quatre heures, do brûler un excellent cigare, en lorgnant les
étoiles'. Le pied lassé, comprimé dans la botte de cérémonie, ar-
pente cêpfendant les rues vides avec vigueur. L'oreille chante les
souvenirs de là musique entendue. L'œil revoit par instants l'é-
blotiissemeht de la soirée. Le cœur rêve a la dernière danseuse
dont on a pressé la taille tiède et parfumée.

La lèvre enenre chaude du dernier baiser appuyé longuement
sur la lêvrë dé là maîtresse, de la maîtresse mariée ; après avoir
échappé èricorë line fois Su retour foudroyant d'un mari, il est
exrJtlis de se retrouver, quel que brave qu'on soit, dans la rue,
setil, ia cigarette aux dents.

Oh I par les matinées d'octobre, lorsqu'on s'est levé dès l'aube,
uriè'fîeille pipe à travers champs est une chose divine! On fris-
sntltiè, Le brouillard qu'argenté le soleil levant vous pénètre.
Mail à l'odeur confuse qui monte de l'herbe humide, des rivières
silencieuses et des Heurs fermées, sentir se mêler le parfum ac-
cedluê du tabac, lorsque sifflent et chantent les oiseaux qui s'éti-
rent siirles branches, quelle volupté parfaite ! Allons, convenons-
en, on retrouve dans un coin de sa mémoire les bribes d'un refrain
jnyëti*, et voilà qu'on les crie à tue-tête, en coupant à coups de
caririè' les graminées orgueilleuse;.

tëtfë" mal assis, avoir mal aux reins, se trouver en wagon de-
vant des dames qui vous interdisent complètement d'allonger vos
jaitibes martyres, c'est triste, au bout de quelques heures, assu-
réiftêiit. Mais ne pouvoir fumer, c'est horrible ! Heureusement,
voici lë buffet. Dix minutes de paradis sous la forme d'une ciga-
rette i Oh ! la bonne cigarette, en battant la semelle sur le bitu-
mé rjti quai, en desserrant son gilet !

Dites-moi, o mes frères, si vous n'avez pas fumé une pipe sans
égUëj un matin que l'argent pour payer un billet vous tomba du
ciëij transformant en palpitations de cœur, joyeuses et reconnais-
santés, les insoutenables angoisses qui avaient atteint votre âme,
la veille?

Je ne me suis jamais rendu dans un bois quelconque, à six
heures du matin, par un jour gris et attristant, avec l'espoir
rie dbhner ou de recevoir un coup d'épée. Mais il me semble que
detfl he ures après ce petit voyage, franchement, si je me retrou-
va datas un cabinet de restaurant, en chair et en os, je brûlerais
un londrès avec un certain plaisir.

Le dimanche matin, vers huit heures, avez-vous regardé, dans
li s fktibourgs, les ouvriers qui viennent de se lever tard? Ils sont
en bras rie chemise, à leur fenêtre, épanouis, la pipe à la bouche,
i- Leur chair est contente,» comme dit Flaubert. La femme est
allée acheter un déjeuner succulent. Une fois n'est pas coutume.
Quëlle saveur puissante possède alors la pipe pour ces travail-
leurs qui ont enfin un "jour de liberté, un coin de ciel bleu, un
peu d'arbres verts et des verres rie vin rouge, comme tout le
mdbclë.

Une excellente « fumerie » est celle qui suit l'accouchement
laborieux de l'idée, lorsque le pouce et l'index, fatigués de tenir
la plume, roulent la cigarette, choisissent le cigare, bourrent.la
pipe. On suit d'un œil paternel, d'un œil ravi, les caractères
mal formés qui représentent la pensée enfin éclose. On se fume
de l'encens !

Vous qui avez été employés, vous souvenez-vous de ces belles
et vàstes fumeries qu'on savoure, prisonnier libéré, quand on sort
de son bureau, à deux heures, par extraordinaire! On se mêle
amoureusement à cette vie des rues de l'après-midi, qu'on con-
naît Si peu. On va au soleif, heureux rie chauffer son vieux pale-
tot, et, par la sambleu ! le cigare d'un sou à la bouche, tout pi-

teux d'allure et tout râpé, on lorgne les duchesses avec insolence,
oui dà !

Et la nuit, les pieds dans l'eau, le pantalon mouillé aux ge-
noux, il est exquis de fumer en blaguant, à la chaîne d'un incen-
die. La fumée pique les yeux. On entend les coups sourds des
pompes; une, deux, une, deux. Les torches flambent. Les casques
des pompiers reluisent. Et dans la lueur rouge se découpent,
des pieds au tricorne, les silhouettes noires ries sergents de
ville.

Enfin, en sortant du cimetière, après avoir secoué le goupillon
sur une tombe qui vous est à peu près indifférente, — la tombe
« (l'une connaissance, d'un voisin! » il est assez agréable d'entrer
dans le plus prochain Bureau de tabac et de faire craquer les
reins d'un millarés blond, en ôtant Ses gants noirs.

Le cousin Jacques.

PRIME DE LA LUNE

Toute personne qui enverra directement en

mandat ou timbres-poste à M. Daniel Lévy, directeur
du journal, 5, cité Bergère, à Paris, — le montant
d'un abonnement d'un an à la Lune, — aura
droit à l'une des deux primes suivantes :

1" PRIME

Tous les. numéros de la Lune parus depuis le 15 avril
jusqu'au 31 août.

Cette prime, complètement fii-atiiite, s'adresse
surtout aux personnes qui désirent collectionner les charges
d'And. Gill.

2° PRIME

Une charmante boîte en cartonnage or et couleur, fabriquée
-spécialement pour la Lune par la maison Susse, place de la
BourFP, et. contenant dix exquises reproductions d'aqua-
relles par Élie de Beaumont.

Pour recevoir cette prime dans les départements, on devra
joindre au prix de l'abonnement îiO centimes, monfant
des frais renvoi.

1" Avoir soin de bien indiquer celle des deux primes qu'on
choisit ;

2° Les personnes qui désirent avoir les clenx primes de-
vront ajouter une sommo de £ï francs au prix simple de
l'abonnement d'un an.

GAZETTE A LA MAIN

O septembre, — mois doré, — mois béni, — qui vois la purée
rabelaisienne naître en rouges bouillons des baisers du soleil à la
vigne ! — Septembre, vacances, repos, délices pour tout ce qui
n'est pas journaliste, c'est-à-dire chien de cloutier obligé de tour-
ner sa roue sans paix ni trêve ! — Septembre, mon vieux com-
pagnon de voyage, salut ! Je t'aime et je t'honore de tout mon
cœur et de toute ma plume.

Non parce que tu rends l'ombre à nos journées, et à nos soi- .
rées la fraîcheur;

Non, parce que tu rapportes à Paris gourmand et gourmet les
pèches à l'épiderme doux, velouté, transparent comme la peau
de Delphine Marquet, les raisins noirs comme les cheveux de
Céline Montaland, et les pommes rondes et vermeilles comme les
joues d'api de ma voisine Lili. ,

Non, parce qu'avec les bouffées des crincrins aristocratiques dp
de Vichy, de l'hallali des chasses de Bade et de la chanson de la
mer aux galets de Trouville, de Porhic, de Biarritz, tu nous lut-
tines l'oreille de la musique de l'or dansant sur le tapis à Eras,
à Spa, à Hombourg, dans tous les numéro? 113 de l'Allemagne ;

Non, non, non !

Mais, parce que tu ramènes les bonnes petites vieilles !

C'est ainsi qu'on appelle. — dans les boutiques de journaux,—
les nouvelles à la main sur les chiens, le gibier, la chasse et les
chasseurs.

Je ne parle pas ici des accidents, ni des hâbleries. Les chas-
seurs sont partis, d'abord ; les fusils, ensuite, — et, comme tous

les ans, pour la plus grande joie du fait divers, il est arrivé que
ceci a tué cela. C'est un détail — à trois sous la ligne.

Ne vous imaginez pas, non plus, que je m'en vais vous réciter
la légende de la montre qu'un Nemrod besogneux oublie dans Un
taillis et qu'il y retrouve, l'année suivante, marchant encore, sans
avoir été remontée, — ni vous fredonner la ballade du chien
fidèle, qui, perdu entre Arles et Tarascon, reconnaît son maître
douze mois plus tard et lui saule au cou devant le café Vérofi!,..

Ah ! bien oui !

Mais il y a, par exemple, telle anecdote que, comme une an-
cienne amie, l'on revoit toujours avec plaisir...
Exemples :

r

* *

Un plaisant, rencontrant dans la campagne un médecin qui
allait faire ses visites en chassant, appuya un doigt sur le canon
de son fusil et dit spirituellement :

— Vous avez donc bien peur de manquer vos malades?

.é*' h uni,

* *

Ou :

Le garde-champêtre du petit village de F... surprit un bracon-
nier qui venait d'assommer un lapin.

— Je vous y prends ! s'écria le fonctionnaire. •

— Monsieur, répondit le braconnier, c'est le lapin qui a com-
mencé !

*

Ou bien encore |

— Un jour, — c'est un disciple de Saint-Hubert qui narre — je
passais près d'une mare couverte de canards..:...

C'était en Normandie...

Un paysan les jambes écartées, les bras ballants, contemplait
la mare. Emporté par ma passion :

— Hé! l'amiI lui criai-je, cent sous pour tirer un de ces ca-
nards.

— Volontiers, mon bon'monsieur I

J'arme mon fusil, je tire le canard. Puis comme cela m'amu-
sait :

— Cent sous pour un autre !

L'homme m'ôta son bonnet et s'inclina en signe d'assentiment.

— Encore cent sous pour un troisième!

Je lui donnai ses quinze francs, et, prenant mes canards, j'al-
lais partir, quand le paysan me faisant un petit signe amical:

— Hé ! m'sieu ! ne vous gênez pas, dit-il ; ils ne sont pas à
moi !...

J'entends mon rédacteur en chef murmurer en fronçant lé
sourcil : — Connu! connu!

Pourtant, au théâtre, il n'y a pas que les pièces neuves qui
fassent de l'argent. Voyez plutôt Hcrnani aux Français et le Nou-
veau Seigneur aux Fantaisiss-Purisiennes !

Blanche Pierson elle-même et Céline Montaland ne sont point
absolument inédites.

Faut-il donc pour cela négliger de s'en servir?

Oui, oui, je comprends : Vous désirez un racontar tout frais —
sortant de la glacière...

Eh bien, écoutez :

*

Alexandre Dumas, faisant le coup de feu dans la Brie, entre
dans un cabaret de village et demande à se rafraîchir.

Un des gros bonnets de l'endroit le reconnaît, court à sa cave
et en rapporte une bouteille de ehambertin de l'année de la co-
mète.

Le nectar dégusté" :

Comprenant de quoi il s'agis-
sait, il s'élança immédiate-
ment dans l'arène, enlaçant
une délicate enfant dans ses
bras d'orang-outang en habit
noir.

On se mit en ligne. Le
1 piano préluda.

Au moment où l'étranger,
piaffant d'impatience, esquis-
\ 'igS^83'1 un léger entrechat sur
place, pour s'assurer de la
souplesse de son pantalon, un
double craquement se fit en-
tendre à la base de ce vête-
ment ridicule.

James Hoxton ricana.

Tous les regards se portèrent sévèrement sur l'étranger, auteur
présumé de ce bruit insolite. Horrible spectacle ! Abandonnant
tout à coup les-sous-pieds coupés par une main malveillante, les
jambes de la culotte élastique, fidèles à leur mandat, étaient re-

montées tout d'un trait bien au-dessus des genoux du malheu-
reux qui se trouvait ainsi soudain, hélftS ! en caleçon de bain au
milieu de vingt demoiselles.

A l'aspect de ces jambes immenses où nul mollet n'avait ja-
mais régné, même dans lfe bas Age, la société épouvantée se dis-
persa dans tous les sens.

— Celui qui a fait cela est un lâche ! cria l'étranger, bleu de
rage.

— Simple plaisanterie, monsieur, répondit James Hoxton, avec
un sourire.

— Vous m'en rendrez raison !

— Avec plaisir, répliqua Hoxton.

L'étranger, en costume
de lutteur, plus l'habit à

ÇT^f\ j.....- mlfc ^W^k'1^111*' tlueue ^e morue' traver-

/^rf^ÉtS sa le salon, en faisant

de vains efforts pour ré-
duire sa culotte à l'obéis-
sance.

Cependant miss Betsy,
au bruit de ce défi san-
guinaire, s'étaitévanouic
dans un fauleuil, arra-
chant ses tire-bouchons avec angoisse . Snob et Toby , qui
avaient conçu pour elle un amour ardent, se prôcipitèient à son
secours.

IX

Un duel élran^e

— J'ai le choix des armes, n'est-ce pas? disait le lendemain de
cetto aventure odieuse, l'étranger sans nez au docteur Bagg.

— Parfaitement.

— Alors, je choisis le champignon vénéneux !

— Mais...

— J'ai dit. Nous irons dans les dunes. On préparera deux plats
de champignons. L'un sera inoffensif, l'autre mortel. A vous,
docteur, d'en trouver les éléments. On tirera au sort. M. Wil-
liams Forster, puisque eu mystificateur se nbrflflïe ainsi, et moi,
nous engloutirons ces mois assaisonnés convenablement. Et Dieu
jugera!

Le doctaur Bagg rendit fidèlement compte de sa mission auprès
de l'étranger, à James Hoxton. Celui-ci accepta toutes les condi-
tions imposées.

Seulement, dit-il, vous savez nos conventions, Bagg V

— Soyez sans crainte, monsieur.

Le soir même, au coucher du soleil, sur une plage désolée,
au bord de la mer, alors absente pour cause de marée, les deux
adversaires, assistés du docteur Bagg et de ses deux aides, se
saluèrent froidement.

On commença les pré-
paratifs du combat.

Snob nettoya une poëie.
Toby alluma'du feu Deux
omelettes aux champi-
gnons furent battues et
cuites successivement. Jl
Elles étaient bien dorées-, î ~

On les présenta aux
deux farouches ennemis, sur
fort propre.

L'étranger avait le droit de choisir. Il tira donc le premier sa
terrible pitance et l'avala en six bouchées.

James Hoxton mangea son omelette en trois coups.

Puis tous deux s'assirent sur le sable. Le docteur Bagg et ses
garçons épouvantés s'éloignèrent. Le combat commença.

te assiette recouverte d'un linge

Ernest d'Hervilly.

(La suite au prochain numéro).
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les trente-deux dents du pendu
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 3.1867, Nr. 79, S. 79_3
 
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