Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La Lune — 3.1867

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0162

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA LUNE

PRIME DË LA LUNE

Toute personne qui enverra directement en
mandat ou timbres-poste à M. Daniel Lévy, directeur
du journal, 5, cité Bergère, à Paris, —le montant
d'un abonnement d'un «n à la ILune, — aura
droit à l'une des deux primes suivantes :

1" PRIME

Tous les numéros de la Lune parus depuis le 1" mai
jusqu'au 30 septembre.

Cette prime, complètement gratuite, s'adre9Se
surtout aux personnes qui désirent collectionner les charges
d'And. Gill.

2° PRIME

Un charmant portefeuille or et couleur, fabriqué spécia-
lement pour la Lune par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarelles par Edouard
de Beaumont.

Pour recevoir cette prime dans les départements, oh devra
joindre au prix de l'abonnement KO centimes, montant,
des frais d'envoi.

1° Avoir soin de bien indiquer celle des deux primes qu'on
choisit ;

2° Les personnes qui désirent avoir les deux primes de-
vront ajouter une somme de S franc» M prix simple de
l'abonnement d'un an.

JULES MIRÉS

s tour de la

Nous causions tranquillement, cigare aux lèvres, ai
table. Personne ne songeait à mal.

Les uns parlaient de la paix prochaine qui va régner sur le
monde. Les roiB s'entendent ! disions-nous.

D'ailleurs les « petits canons entretiennent l'amitié, » ajoutait
quelqu'un.

On s'occupait encore de la gloire fuligineuse de l'ami Magnard,
devenu si amer, de l'Exposition mourante, et de plusieurs
autres choses assurément très-intéressantes.

Quand soudain un horrible fracas se fit entendre, dans les

environs.

Affreux vacarme \

Patatra, bing! cfacf zound! Hélas I boum! Oh la I In! — Misé-
ricorde !

Un bruit de vaisselle cassée, de meubles qu'on renverse, de
maisons qu'on abat, mêlé de cris effrayants, frappe nos oreilles
étonnées.

Quels cris ! je crois les entendre encore !

On eut dit qu'ils sortaient du gosier de gens qu'on éeorcho ?

Qu'est-ce que cela, bon Dieu ! demandons-nous.

Nous noas précipitons à la fenêtre.

Ce n'est rien, monsieur, nous crie un trente-quatrième d'agent
de change qui passe, c'est un mobilier qu'un tremblement de terre
vient de mettre sens dessus dessous.

— Ah ! bah !

— Oui, mais M. Mirés est arrivé des premiers Bur le lieu du
sinistre, et déjà il prodigue aux propriétaires de la maison ses
conseils utiles, en même temps qu'il n'épargne pas les consola-
tions aux victimes de l'accident.

— Ah! je comprends cela. M. Mirés a souffert beaucoup pour
sa part autrefois, et s'il a été heureux, à ce moment-là, de sentir
se grouper autour de lui de nombreuses et fidèles Bympathies, il
sait aussi combien les ennemis, que rien ne désarme, snnt cruels
à cotte heure, et il ne veut pas les imiter.

— C'est cela !

— Bonjour, monsieur.

Le trente-quatrième d'agent de change congédié de la sorte,
nous revenons autour de la table, cigare aux lèvres, et cette fois
un unique sujet de conversation est mis sur le tapis—de la table,
qui n'on a pas.

On commente les derniers articles publiés dans la Pressa, par
son directeur. On le loue de sa modération. Un homme ainsi
éprouvé no pouvait se conduire d'une p'us d'igné façon, pense-t-on.

Puis on se met à parler des commencements de ce financier cé-
lèbre dont le nom est à jamais attaché à presquo toutes las gran-
des entreprises industrielles ou littéraires de noire époque.

— Quel âge a-t-ilV

— Maintenant, dam, bien qu'il ne paraisse pas les avoir sur le

dos, 1! porto gaillardement ses goixante-drux ans.

— Tiens, à son activité de jeune homme, à sa fébrilité que rien
ne calme, on lui donnerait quarante ans. Ses cheveux sont a peine
gris.

— Il est né à Bordeaux, n'est-ce pas?

— Parfaitement. Avec le courage et la ténacité de sOS coréli-
gionnaires, il a lutté corps a corps pendant sa jeunesse, avec la

misère, et l'a vaincue. En 1848, il était gérant de la Compagnie
du gaz d'Arles.

— Peu après, il s'associa avec M. Millaud, le grand, le seul, le
phénoniéaal M. Millaud,

— Vous l'avez dit.

— Mais en 1853 il rot ta seul directeur do la Caisse îles chemins
de fer qu'ils avaient fondêo ensemble.

— Oui, mais n'oubliez pas le Conseiller du Pevple, une impor-
tante création de M. Mirés, à laquelle M. de Lamartine collabora
comme un nègre.

— N'oubliez pas non plus la Caisse ries Ac<ion«atres.

— Et les spéculations Bans nombre entreprises avec MM. Biaise
et Solnrl

— L'un des premiers emprunts du département de la Seine
n'a-t-il pas été soumissionné par lui?

— Effectivement.,

— Ah! c'est une Intelligence exceptionnelle, embrassant une
afinife dans ses proportions les plus vastes, et la suivant dans
ses moindres détails.

— C'est aussi un PBprît d'une prompliludo inouïe, s'impatien-
tant facilement des retards, et traversant ou tournant les obsta-
cles avec une habileté remarquable.

«— Les houillères de Portes et Sénéchas, la société des ports de
Marseille, enfin les chemins de fer Romains, entreprises que
M. Mirés a dirigées ou commanditées, montrant aujourd'hui
quel homme hardi, ingénieux, et de longue vue il est depuis
dix-neuf ans.

— 11 est décorai

— Sa fille, aujourd'hui veuve, avait épousé le prince de Poli-
qnae,

.— An milieu de tmis c~e travaux gigantesques, la tâche la plus
rude accomplie par M. Jules Mirés, c'est, sans contredit, sa lutte
désespérée contre l'opinion publique en effePVMcence au moment
de son procès.

— Aujourd'hui, il no reste d'autres traces de cette affaire ter-
rible que des rides honorables sur le front du banquier réhabilité.
Cet homme a rudement gagné sa place au Boloil, au milieu de
tons. 11 tout que son âme soit trempée comme l'acier espagnol
pour avoir résisté à des atteintes aussi épouvantables.

— On serait devenu fou à moins.

— Mais tout cela est déjà bien loin do nous I

— Heureusement ! Lo seul souvenir poignant que ce3 heures
d'angoisses ont laÎBsé, consiste en uno petite brochure à couver-
ture verte, très-digne de ton et très-claire surtout qui a pour
titre : Lettre de flf. Mirés à ses juges. — Cette lettre est des plus
éloquentes.

Le cousin Jacques.

DE TOUT UN PEU

Méfions-nousI... les hirondelles ont décampé... les bains froids
ont remisé leur matériel ; nos hôtes de la province et de l'étran-
ger ont sorti les pardessus du fond de leurs malles ; les premiers
marchands de marrons s'installent au coin des marchands devin ;
hier j'ai entendu le cri d'un marchand do chaufferettes et j'ai
aperçu un ramoneur... Mon porteur d'eau, Auvergnat et charbon-
nier, a des sourires sinistres... Méfions-nous!... l'hiver appro-
che !...

Les matinées sont fraîches, les jours diminuent, l'huile àquin-
quot augmente. Les toilettes tapageuses reviennent de Trouville ;
les hôtes de nos boiB... de lit rentrent dan3 leurs tanières. Les
cocoiés, qui ont fait semblant de partir pour les eaux, quittent
leurs garnis des Batignolles et se montrent sur le turf. On met
les paletots aux levrettes.

Méfions-nous !

Les ouvriers des aciéries de Saint-Seurin, section de la lamine-
rie, viennent de se former en orphéon. Ils se réunissent tous les
dimanches sur la place du village pour chanter. Mais les habi-
tants du pays trouvent leurs exercices un peu monotones, parce
qu'ils chantent toujours en hmineurs.

Un journal américain annonçait dernièrement à sa quatrième
page qu'une jeune personne douée d'avantages physiques et ornée
d'une dot respectable, demandait un mari avec ou sans fortune,
mais bien mis et d'un bon caractère. Le journal ajoutait que la
jeune héritière serait tous les soirsau théâtre des Chrystie-Minstrels,
et qu'elle prie les prétendants de s'y trouver également chaque
soir pondant un mois, afin qu'elle puisse choisir dans le tas.

Lo jour même où parut cet avis, la salle des Chrystie-Minstrels
s'emplit en un clin d'ceil d'une foule compacte d'hommes jeunes
et vieux, beaux et laids, mais tous bien mis, tous avec des gants.

Des gants au théâtre des Chrystie-Minstrels ! Ce fut comme une
*meute dans le quartier. On refusa du monde à la porte.

Pendant toute la représentation, les hommes qui avaient des
gants dardaient sur toutes les loges des regards à aiguille pour
tâcher de découvrir l'héritière Et le public regardait aussi sans
comprendre et en se demandant : « Mais pourquoi donc qu'ils
ont tant de gants?... »

Le lendemain, les dames du high life, ayant appris qu'on pas-
sait tout le temps au Chrystie-Minstrels à regarder dans les loges,
arrivèrent toutes à la queue leuleu pour se faire regarder par les
hommes à gants. - >

Le bruit se propagea, et l'intelligent directeur, dont émanait
l'avis ci-dessus, ercaissa pendant son mois des recettes formi-
dables.

Volà comment on sait faire la réclame en Amérique.

Une rnquilk assit* pittoresque relevée dans le Boston Post :
La Convention des hommes de couleur, qui siégeait à Albany
depuis trois jours, s'est ajournée hier après avoir voté des réso-
lutions en faveur du soufrage des noirs.
Les noirs traités tomme le raisin attaqué par l'oïdium!...

Dspuis quelque temps, les journaux s'amusent à donner l'âge
des principales actrices, de Paris ou la date de leur naissance, ce
qui revient au même. Ne serait-il pas très-intéressant mainte-
nant de donner leur poids... On se demande ce que pèseraient
Mmes Alboni, Mario Sass, Ugaldo, Buaanne Lagicr, Céline Mon-
talahd, etc., dans la mémo balance,.. N'y aurait-il pas de quoi
elfrondrer Un omnibus amfiiicain ou couler bas un des bateaux
mouches delà Seine, i*M Uno telle réunion de grrices?...

Il faut convenir que certains individus ont des idées bien
baroques. Voilà un particulier qui vient de se faire pincer pour
avoir volé dans la cour d'une maison de Belleville vingt six
marches en bois.

T.BB

TRENTE-DEUX DENTS

DU PENDU «>

XII

Von» |>Alissez, colonel

— Suite —

Co fragment de dialogue qui pourrait parfaitement trouver
s'a place dans un drame moderne à la scène VI, du quatrième acte,
doit vous donner une idée satisfaisante, ô lecteurs, des disposi-
tions charmantes dans lesquelles se trouvaient l'un pour l'autre,
le colonel et le superbe étranger, en quittant le fanbourg Saint-
Honorê, vers quatre heures sept minutes du Boir.

Aller quérir des témoins au café Hainsselin, (e faire conduire

à Vincennes et croiser 1 fer, fut pour le bel étranger et pour le
bouillant colonel l'affaire d'une heure à peu près.

(1) Voir les numéros parus depuis le 4 aoflt.

— Vive l'empereur I cria le soldat en tombant en garde.

— Jit</e, I>ri annla!.., Boupira l'étranger, en caressant l'opéo de
son adversaire avec la lame de la sienne,

Ce fut un combat étrange. Nous 'ne lo décrirons pas. Co serait
entrer dans la partie d'Alexandre Du-
mas. Qu'on Bâche seulement que le co-
lonel Foiidrebleu no pût arriver à faire
mordre la poussière — sur le gazon — ^
au superbe étranger,

Voilà qui est singulier, so dit le colo-
nel. Je rencontre un homme plus fort
que moi. 11 se rit do mon glaive
comme d'un fétu de paille : Qu'est-ce.
à dire ? — Foudreblcu, tu te rouilles,

ce me semble. — D'honneur!
je m'encroûte ! Co pèkin est
invulnérable? Allons donc !

SES

Au bout de sept heures do combat, le
Colonel tendit la main à son adversaire,

— Jouez-vous, monsieur ? lui dit-il.

— Assez bien, répliqua l'étranger.

— Eh bien, je veux voue ruiner. Je
n'ai pu vous tuer, soit, mais je veux
vous réduire à l'extrême mendicité !

— Je suis à vos ordres, monsieur,

— Des cartes ?

-_ Voilà ! répondit l'un des témoins, en ôtant une de ses bottes
qu'il secoua sur l'herbe.

Un jeu de cartes en tomba.

— Un instant, murmura l'OtMngor au beau visage, j'ai une
proposition à faire à M. lo colonel Fdttu'rtbleu.

XIII

L'inf. cnnle ! i-t>|>Osltloii.

— Messieurs, ajouta l'élranger aux traits ravissants en se tour-
nant vers les témoins, je joue ma fortune — cinquante mille li-
vres sterling — un peu plus d'un million — contre la fortune de
monsieur le colonel, en trois parties seulement. Et si le sort m'est
il Tavo'ttble, je ne demande pas de revanche. Mais si le colonel
perd, il aura le droit à Sa revanche. Il pourra regagner ainsi d'un
seul coup si fortune, et empocher ma misa. Maie S'il est vaincu
de nouveau, jeraO réserve de lui proposer un dernier enjeu. Je
m'expliquerai en temps opportun.

— J'accepte, grogna le colonel,
On se mit à jouer.

— Jusqu'à ma chemise ! s'était écrié le colonel.

Le colonel Poudrebleu perdit jusqu'à Sa chemise ! Son épée,
Bft redingote, son pantalon, sa canne, Bon chapeau la précédèrent
sur le gazon. — On était heureusement au milieu du bois. Le
colonel, en simple caleçon, les cartes à la main, couvert de s'ieur,
terrible, abattait les cartes avèc désespoir.

— Ma revanche! hurla-t-il.

— Volontiers, répondit froidement l'étranger.

— Prunes de bronze! j'ai perdu ! tonnerre !

— Vous pouvez vous rattraper, colonel, murmura mélodieuse-
ment son adversaire èn chaSsant d'une pichenette un petit in-
secte qui courait sur sa manche.

Ernest d'Hruvillt

{Ln

iupl
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les trente-deux dents du pendu
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 3.1867, Nr. 83, S. 83_2
 
Annotationen