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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0163

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LA LUNE

8

— Que l'on vole des billets de banque, des bottes, des paquets
de chandelle, des napoléons, des montres, du raisiné de Bour-
gogne, des obligations de chemin de fer, cela se comprend,
disait le volé au commissaire de police, mais que diable cet
imbécile-là voulait-il faire de vingt-six marches?

— Eh, mon Dieu ! tout simplement ce qu'il en a fait, répondit
le commissaire : un escalier pour arriver à la police correction-
nelle.

Les journaux de province sont facétieux depuis quelques jours.
Je ne saia pas sur quelle tuTbe d'arrière-saison ils 'ont marché,
mais leurs faits-divers ont un parfum charmant. Voici ce que
nous lisons dans une feuille sérieuse comme un âne qu'on étrille :

« On vient de repêcher dans la Marne, près de Meaux, un
homme dont le décès paraît devoir remonter à quelques jours.

« Chose assez singulière, cet homme était vêtu tout en double.
Il avait deux chemises, deux cravates, deux gilets, deux panta-
lons, deux paires de bottes et deux chapeaux. »

Le malheureux avait donc quatre jambes et deux têtes. Comme
on comprend qu'une pareille infirmité pousse un homme au sui-
cide !

— On ne lit pas assez les enseignea. On a tort les enseignes
sont souvent plus amusantes que les journaux, et elles ont le
mérite de coûter moins cher — à ceux qui les lisent, bien en-
tendu.

Pour mon compte, je ne marche jamais que le nez en l'air
dans la rue. C'est peut-être pour cela que je n'ai jamais trouvé
de billets de banque à mes pieds; mais en revanche, je rencontre
de temps en temps d'assez bonnes cocasseries.

Hier encore, j'ai lu, au n° 245 de la rue la Fayette :

au rendez-vous des blanchisseuses .
véritable poudre a punaises

lrc qualité.

Et plus bas :

Au rendez-vous
des amis du petit truc.
Par exemple, je n'ai pas pu savoir de quel truc il s'agissait.
Peut-être est-ce du meilleur moyen d'employer la poudre à pu-
naises. Je m'informerai.
Autre chose.

On lit sur la porte d'une couturière, dans la rue Rambuteau,
non loin de la rue Saint-Martin :

jv jeannk Ii'arc

M"« X..., SŒURS
Confections d'enfants de tout âge.
Mgr Dupanloup, qui s'intitule évèque do Jeanne d'Arc, est prié
de baisser les yeux quand il passera devant la fabrique de Mlles
X.,., sœurs.

Les Deux Aveugles.

LES VAUDEVILLISTES CHEZ EUX

RÉVÉLATIONS D'UN FROTTEUR(l)
Hcrmil

40, rue de Bondy. — Excellent comique sous le nom de Milher,
à preuve Casmajou des Voyageurs pour l'Exposition et Flibochon
des Canotvrs. — Amusant vaudevilliste sous l'anagrame d'Hcr-
mil. — a été et va redevenir le Scribe des Folies-Saint Antoine,
qui r'ouvrent sous la direction Huber.

Hugot (Eugène)

Avait élu domicile rue du Faubourg Saint-Martin, 60, au théâ-
tre des Nouveautés ; mais depuis que Mlle Albine, qui a je ne sais
quoi de l'est, a fait son coup d'Etat mon frotteur ignore où per-
che M. Hugot (avec un t).

Les Folies, qui ont cessé d'être dramatiques, ont repris, il y a
quelque temps, une de ses bonnes pièces : Trois Nourrissons en
carnaval; pour cette pochade, Paul Boisselot était son a'ter Hugot.
.Bitllnr* (Amédée de)

69, boulevard du Prince-Eugène (Déjazet). — Le baron Brissc
du vaudeville. — S'entend au mieux à faire vile et bien sa petite
cuisine dramatique. — Trois pièces au choix et un dessert. —
Salmis de couplets. — Rondeau à l'oseille. — Bons mots sauce
Robert... le Diable.

En ce moment, M. de Jallais a sur le feu la future re-'ue des
Folics-Monlrouqe, déjà baptisée : La Bonne aventure.

Cette revue sera servie vers la mi-décembre, le plat sera bel et
bien assaisonné et le public y reviendra.

Paul Legrand s'en lèche d'avance les doigts.

Si jamais le genre-vaudeville disparaissait, M. de Jallais en se-
rait le restaurateur.

Jonhand (Auguste)

A coup sûr le plus fécond de nos vaudevillistes — comme quan-
tité.

Dans une période de trente ans, depuis Constantine (en collabo-
ration avec De Cès-Caupenne et Clairville. — 1837), Jouhaud a
fait jouer un millier d'actes, à Paris, en province, à l'étranger;
ici, là, ailleurs, partout!

Jouhaud est le juif-errant du flonflon, l'Ashavérus de la ritour-
nelle.

Signe particulier : porte des souliers blancs.

Blancs peut-être de la poudre du chemin qu'il a parcouru, ma-
nuscrits en main, pour arriver à la fortune.

Il y était arrivé ! — Mais ne s'est-il pas avisé de vouloir être
Directeur.

Et le pauvre cher et honnête homme a mangé ce qu'il avait —
en Belgique —avec le théâtre du Paradis-des-Roses — un enferl...

Après quoi, maître Jouhaud s'est remis bravement à travailler
pour les petits théâtres, qui ne rapportent pas grand chose — et
pour le public... qui sait à peine son nom.

Marche!... marche!!...

•Tniimi

Soyons galant, V. Julian Popérettiste est une dame et une dame
mariée. — Son mari fait la musique-de ses pièces.
Comme éPoux, ILs sont AssorTIs (pilati).

Koning (Victor)

84, rue de Rivoli. — Le plus jeune des jeunes. — Elève de Sari
pour l'aplomb et de Suzanne Lagier pour l'esprit — a surpassé
ses maîtres.

N'a pas encore vaudevillisô plua d'un acte à la fois : Dans une
boutique, Tombé des nues, Prise a*x Piège, Une Niche de l'amour, le
Fou d'en face. \

Va se lancer dans la grande... grande pièce — par hasard.

Un malin, il se présente chez Marc Fournier; on barbifiw.it
l'habile directeur.

— Je me retire, dit le jeune Victor, inutile de se mettre deux
pour vous raser.

—■ Unirez donc ., puis, après un instant : Hostein fait-il une
revue ?

— Non.,.

— Alors, il m'en faut une.

— J'en suis nécessairement, puisque c'est à moi que vous en
parlez.

— Soit! qui prenez-vous pour collaborateurs?

— Cholcr I et Choler IL

— Entendu.

Et voilà au prix de combien de peines et de démarches le vic-
torieux Koning se trouve être des Plaisirs de Paris!

Ah I y en a, y en a, y en a
Qui ont vraiment de la chance.

OtAZETTE À LA MAIK

Justin Langlo is.

(La suite au prochain numérro.)

m:
bre.

m Voir les numéros des 24 et 31 mars, 14, 21 et 28 avril, 19 et 26
U, 9, 16 et 23 juin, 6, 21 et 28 juillet, 4, 11, 18 août, 8 et 15 septem-

SOUVENIRS

.(L'AMIERTOISE

Elle allait cahin-caha, la bonne vieille amiénoise de mon
grand père : deux grandes roues, une grossi boîte carrée à pan-
neaux jaunes, avec une lucarne de chaque côté, par dessus la
capote — monumentale. Vue par derrière avec son coffre tout
rond et rebondi, elle faisait rêver à la bedaine des bons moines
de Rabelais se balançant de droite à gauche, sous l'influence
d'abondantes crwailles; vue par devant, sa grosse lanterne au
ftont lui donnait des airs de Polyphème. A travers soleil, pluie,
vent et poussière, la bonne vieille allait fièrement, gonflée de
paquets, de parents, d'ustensiles de jardin et de ménage ; et
Ool'o, vieux bidet de quinze ans, tirait tout cela, résolument,
tête busse. La belle entrée qu'elle faisait le soir ! Elle illuminait
soudain la porte cochère, ( n entendait le claquement du fouet et
les aboiements de Mignon, le gros terre-neuve qui, de l'écurie,
flairait son vieux Pylade et reconnaissait le bruit de ses sabots.
Elle ttait de la famille , l'amiénoise de grand-papa : on la dorlo-
tait; à Pâques, chaque année, elle faisait robe neuve.

La première fois que je la sentis rouler sous moi, ce fut une
fête. Je pleurais de joie, grand-père aussi. Coco devait s'attendrir
dans les brancards, mais j'étais trop enfant pour m'en apercevoir.
Les bons voyagea que nou3 fîmes ! On allait de la ville aux
champs, de la maison à la ferme. De peur d'accident, on me met-
tait clans un coin; je Vois encore, sous la lucarne de gauche, une
certaine poche baurrêe de provisions, à laquelle je faisais de fré-
quents larcins, pendant que tout le monde ronflait doucement. —
On était si mollemont bercé! Coco n'allait pas vîtê, son grand
âge méritait des égards d'ailleurs. Il avait été fringant, il avait
fait la chasse à courre : quantum mutatus! aujourd'hui il faisait sa
lieue à l'heure.

II me souvient des hauts peupliers qui formaient l'avenue de
la ferrât». Quand Coco nous avait traînée jusque-là, j'éveillais tout
mon monde, je criais : hue ! pour arriver plus vite ; je tapais le
vieux jardinier qui, seul avec grand-père, avait le droit de tenir
les rênes. Enfin, la porte craquait. On était arrivé. Coucher, sou-
per, tout nous attendait. La vieille voiture m'a fait verser aussi
bien des larmes. Quand il fallait quitter la ferme, c'était elle
aussi qui m'emmenait. Nous partions pour six grands mois, six
grands mois sans soleil, sans bois, sans fleurs, sans l'étang et
surtout sans la petite Véronique, ma grande camarade. Elle était
de mon âge, nous jouions aux mêmes jeux, nous grimpions sur
les mêmes arbres et nous nous battions sans cesse pour nous ré-
concilier aussitôt.

Bien des années se sont écoulées depuis le jour où nous noue
sommes dit adiou, l'amiénoise et moi. J'étais tout triste : on m'em-
menait a Paris pour me mettre au collège. Pauvre voiture I elle fut
le corbillard de mon enfance.

Je ne l'oublierai pas! la station n'était qu'à trois lieues. Tout
mon bagage fut entassé dans le coffre et nous partîmes. Il nei-
geait, le vent chassait les flocons contre les carreaux des lucarnes.
Les harnais étaient tout blancs. Nous étions emmitouflés soi-
gneusement; j'avais les yeux humides, grand-père fumait sa
pipe sans mot dire et Coco semblait trotter plus lentement à des-
sein. Oh arriva pourtant; la locomotive grognait, fumante ; j'em-
brassai indistinctement Coco et le vieux jardinier, je jetai un
dernier regard troublé sur l'amiénoise toute blanche de neige, et
grand-père m'emmena dans la salle d'attente.

Tout est mort aujourd'h: i , excepté Vamienoise. Je l'ai rencon-
trée tout dernièrement; elle fait le service des dépêches entre
deux petites bourgades de Picardie; je l'ai reconnue à son bran-
card, si solidement raccommodé jadis par grand-père. Elle a reçu
bien des averses ; sa capote est trouée de tous côtés. Pauvre
vieille, on ne te remet plus à neuf chaque année!

J'ai tout revu en la regardant se dandiner tristement sur la
grand'route ; je l'ai suivie longtemps des yeux, s'éloignanf,
s'éloignant avec mes souvenirs: le grand'père, les champs, les
prés, les bois et la petite Véronique.

Francis Ennk.

j Louis-Mimi Véron est mort. Fondateur de la Revue de Paris, di-
j recteur de l'Opéra, puis du Constitutionnel, il sied de reconnaître
' qu'il a rendu certains services aux deux corps de ballet de la cité
Trévise et de la rue Lepeletier...

Ses adversaires l'ont assez poursuivi — sa vie durant — de
toutes les épigrammes de la plume et du crayon, pour qu'il lui
soit permis d'achever aujourd'hui de se décomposer en paix !.....

Son oraison funèbre regarde ceux de ses amis qui ont la recon-
naissance de l'estomac.

Cet aimable égoïste s'est, du reste, caractérisé lui-même, non
sans audace et sans esprit, dans un ouvrage d'un français ambigu,
mais plein d'aveux piquants, de révélations curieuses et de par-
ticularités intéressantes...

Le souvenir de la mère Castel m'empêche seul d'en faire mon
profit.

* *

On sait que cette directrice du théâtre do Brest — dont la lé-
gende a défrayé plos d'un ana — apostropha un soir un des mu-
siciens de l'orchestre :

— Qu'est-ce que tu fais-Ià, les bras croisés, pendant que tous
les autres jouent?

— Madame Castel, je compte des pauses.,.

— Fainéant! esL-ce que je te paye pour compter des pauses, moi?

* *

N'encourons point ce juste reproche !

Aussi bien, la Lune ne me paye pas pour conter... à ses lecteurs
des anecdotes tirées des Mémoires d'un Rourge.is de Paris.

U vaut mieux que je les régale d'une amusante calembredaine
dont mon excellent camarade Ernest d'Hervilly vient de me faire
cadeau — sur ses économies :

Un parfumeur ambitieux avait résolu de se faire adjuger à lui
seul toute la fleur;d'oranger du département du Var. Il y employa
tout son esprit. Mais son voyageur, après avoir tâté le terrain,
lui répondit par ce vers de la'Fontaine :

Ne forcez point votre talent,
Vous ne feriez rien avec Granse.

Pour ne pas être en reste avec d'Hervilly, il convient que je
lui communique quelques détails sur M. Mirés...

Ce financier reçut l'ordre d'Isabelle It à la suite de l'emprunt
espagnol, et, vaniteux comme un Gascon, il s'en para une Ibis
pour aller à une fête donnée par l'une de nos illustrations mili-
taires.

— Tiens! fit un colonel, M. Mirés porte une croix ?

— Oh ! répondit la maîtresse de la maison, ne laites pas atten-
tion : c'est une croix d'emprunt.

* *

J'ignore si le banquier entendit...

Toujours est-il qu'on no le vit plus, depuis, exhiber sa déco-
ration...

En revanche, il se mit à plaisanter agréablement ceux de ses
confrères qui affichent la leur...

— Vous verrez, disait-il dernièrement, que ce farceur de P..,
voudra mourir attaché à sa croix, absolument comme le bon
larron.

*

Quand furent débattues entre MM. Mirés et Fiorentino les con-
ditions d'entrée de ce dernier au feuilleton du Constitutionnel, le

banquier dit h l'écrivain :

— Songez-y bien, cher maître, par votre nouvelle position,
vous serez de tous mes dîners, do tous mes bals et de tous mes
concerts !...

— Alors, répondit froidement Fiorentino, ce sera deux cents
louis que vous me donnerez en plus par an.

Librairie

L'hiver s'avance à tire-d'ailes! Les marchands de marrons
procèdent à leur installation — et la semaine prochaine est
noire d'almanachal...

Voici déjà que viennent de paraître VAlmanach des cocottes et
l'Alrnanach amusant, — Julien Lemer, éditeur, 5, rue du Pont-de-
Lodi !...

J'y trouve la faribole suivante, — décembre, — premier bal de
l'Opéra :

*

— En vérité, camarade Anatole, je vous le dis, ce sont de
grandes dames !

■ Aussitôt qu'elles ont ou pris nos bras, elles ont manifesté le
désir d'entrer dans une loge fermée du premier rang, qui nous a
coûté 60 francs. Elles ont refusé de se démasquer, ce sont dk
grandes dames I Ce qui n'a pas empêché celle qui vous avait
pris pour cavalier, d'aller et de venir en consommant une dou-
zaine d'orangée. Ce sont de gr\ndks dames !

Pour l'autre, à chaque sortie qu'elle faisait, elle rapportait un
bâton de sucre de pommes, et j1cn oi compté jusqu'à sept. Oh!

ck sont dk grandes dames !

Et puis avez-vous remarqué, lorsque vous lui avez demandé si
vous pourriez avoir l'honneur d'être reçu chez elle, de quel air
aristocratique elle vous a répondu : «Oh! là là, vous me faites
mal! » Ce sont de très-grandes dames, alfez, mon ami!...

L'heure du souper venue, elles ont choisi le café Anglais, et
elles ont voulu attendre plus d'une heure pour être servies dans
le grand seize. N'en doutez pas, ce sont de très-grandes dames !
Elles ont demandé des écrivisses bordelaises, des truffes en ser-
viette, une gêlinotte d'Ecosse et une salade de pissenlit; vous ne
pouvez en disconvenir, ce sont de grandes dames!

Et au dessert, toujours sans s'être démasquées, elles nous ont
joué sur le piano le quadrille de la Grande-Duchesse : puis, pour
avoir un souvenir de nous, tandis que la blonde vous demandait
votre chevalière en émeraude entourée de brillants, la. brune ob-
tenait de moi une épingle en opale — et aussitôt elles ont disparu
en voyant poindre l'aube. N'avez-vous pas deviné comme moi crue
ce sont de TRÈS-TR .S-TR .S-GRRRRANDES DAMES ?

*

* *

Notre ami et collaborateur Eugène Vermersch nous prie d'an-
noncer la mise en vente de la deuxième série de ses Hommes du
Jour...

On n'a pas oublié le légitime succès qu'obtinrent, l'an passé,
ces petits portraits contemporains d'une touche si vive, si ferme
et si sincère... pour la plupart.

Accusons — par la même occasion — réception à M. le cheva-
lier de Châtelain de son élégante brochure : Les Noms de là Lune,

— London, Basil Montagu Pikering , Piccadilly. H y a dans cet
opuscule beaucoup d'humour et de jolis vers. By Jove! et comme
c'est imprimé! Un garçon de talent, — Vermersch, par exemple,

— mourrait de joie d'être édité ainsi l

Théâtre des Afenus-PInlAlr*

Ah ! elle est tombée dans la limonade, cette pièce que Gill a ban-
1 Usée avec tant d'à-propos : Les Petits CreveU...
1 Quelques rimes de Flan ont seules surnagé...
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