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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0194

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LA LUNE

d'un irrigateur, meuble toujours gênant dans une malle où l'on
est quelquefois obligé de mettre du saucisson et des pots de con-
fiture pour la route.

.'. On arrive, je suppose, dans une plaine aride, et l'on s'aper-
çoit que la chaleur et la fatigue ont occasionné une perturbation
dans son organisme.

On enfonce un bout de son puits instantané en terre.

Quatre ou cinq coups de marteau... Ça y est.

On s'asseoit... et on pompe.

>*; L'inventeu* des puits de poche n'a peut-être pas songé
oétte application.
J'espère qu'il pensera à moi si l'affaire donne des bénéfices.

BfcM

*

m\ On a mis la main la semaine dernière sur plusieurs faus-
saires qui faisaient une concurrence effrénée à la Banque de
France pour la confection des billets de mille francs.

Je trouve que l'on est bien sévère pour de pauvres gens qui,
en somme, font un travail très-difficile.

• .*. On a 3es faiblesses.
Tenez,., moi; je suppose :

Un homme notoirement insolvable me devrait cinq cents francs
et me tiendrait ce langage :

— Je vais vous payer à votre choix, soit avec ce billet de ban-
que faux,, mais parfaitement imité et que vous passerez facile-
ment, soit avec un effet signé de moi au 31 décembre, mais qui
ne. sera jamais acquitté.

Eh... eh !,.. je ne sais pas trop si j'aurais le courage de ne pas
prendre le billet de banque faux, — mais réalisable, — en re-
nonçant à la lettre de change vraie, mais bonne tout au plus à
envelopper pour deux sous de tabac.

Et vous ?

Non, mais... réponde* comme si personne ne devait vous en-
tendre.

,*. Maintenant, il faut tout dire.

Les industriels qui font de faux billets de banque sont bien
godiches de risquer les travaux forcés à perpétuité à copier un
tas de petites bonnes femmes dont l'imitation doit leur donner
un mal de chien.

Quand il y a un métier tout aussi lucratif et qui n'offre ni les
mêmes difficultés ni les mêmes inconvénients.

Je veux parler de cette industrie qui consiste à prendre une
belle feuille de papier farcie de filagrammes fantaisistes, à dessi-
ner tout autour, en forme de cadre allégorique, des charrues,
des locomotives, des steamers, des cheminées d'usines, des barri-
ques ; enfin, tous les attributs du négoce ; et à écrire, en grosses
lettres, au milieu de tout ça :

GRANDE COMPAGNIE BRÉSILIENNE

Au eapltal <te SOO million» fie franc»

pouk l'exploitation

DES MINES DE COTON EN ÉC.HEVEAUX

db montevideo

actions de 25 francs remboursables a 5,000 francs

Arec tirage chaque semaine

de 10,000 LOTS d'un million de francs chaque

Chaque action de 25 francs rapporte en outre un intérêt annuel
de 308 fr. 01 c.

* Eh! bien, là, franchement!... quand on a la faculté de met-
tre èn circulation 300,000 bouts de papier de ce ealibre-là, et
que l'on est toujours sûr de trouver des gens pour les prendre,
ne faut-il pas être insensé pour s'amuser à contrefaire de misé-
rables billets de mille francB très requiqui d'aspect et qu'on n'est,
d'ailleurs, jamais sûr de bien réussir.

Léon Bienvenu.

LE TEMPLE DES PARFUMS

oe

L'hiver, cette, année débute de la façon la plus heureuse, le so-
leil resplendissant met en fête les parisiens déjà joyeux et gais
de retrouver le vrai Paris, après six mois d'occupations étran-
gères. Les constructions des boulevards sont de plus en plus ma-
gnifiques, et les magasins deviennent des palais des Mille et une
Nuits ; parmi les plus beaux brille comme un diamant à mille
facettes, la rotonde da la maison Violet, parfumeur choisi, non
seulement par LL. MM, l'Impératrice des Français et la reine
d'Espagne, mais encore par toutes les femmes du monde élégant,

Ce nouveau magasin, ou plutôt cet adorable temple dédié à la
beauté, est établi boulevard des Capucines, au coin de la irue
Scribe, en face du Jockey-Club. L'ébène et l'or, les lustres d'ar-
gent bruni, les velours cramoisis, sont distribués avec un goût
somptueux dans le salon d'entrée; le plafond, peint par un véri-
table artiste, représente au milieu des nuages de joyeux Amours
se disposant à cueillir de belles fleurs, qui se laissent faire avec
bonheur, certaines quelles sont, les coquettes, que leurs frais et
enivrants parfums seront éternisés par les habiles enchanteurs de
la maison Violet.

C'est dans ce salon, en effet, que se trouve la crème Pompadcntr,
si embaumée, qu'elle doit, mesdames, conserver à votre teint une
longue jeunesse : c'est là aussi qu'est renfermé le savon royal de
Tkridace, une des gloires de la maison Violet ; car ce savon au
suc de laitue est non-seulement adopté par le monde élégant,
mais encore il est indiqué par les princes de la science médicale ;
c'est là enfin que tous les Talismans de la beauté, ont pris droit
d'élection, : h.-Iij-bubM. sfi aitw eh ssOoo • •/.'!

Dans le Salon Pompadour, au milieu de tentures de satin, de
grandes glaces enguirlandées da tubéreuses et de bouquets de
roses, sur une table Louis XV, se détachent comme de vrais bi-
joux qu'ils sont, des éventails nés d'hier, création si élégante, si

distinguée, si impossible à copier dans sa grâce inimitable, que
c'est sans trop d'audace qu'on a pu les nommer Eventails MMer-
nich.

La sérénissime et gracieuse ambassadrice en admirant ces na-
i; cres brillantes de toutes nuances, rubis, bleu, écarlate, etc., etc.,
cette écaille blonde, et cet ivoire transparent, déeoupés et ajustés
d'une façon toute nouvelle sur un satin blanc admirablement'
peint de fleurs aussi belles que leurs sœurs des jardins, voudra
bien comprendre que cherchant un nom qui puisse patroner ces
véritables petites merveilles, celui de la reine de l'Elégance et du
Charme leur ont été donné.

Ces délicieux éventails seront la grande vogue de l'hiver, en
même temps que la propriété exclusive de la maison Violet, qui
a pour peintre privilégié un artiste d'un talent réel.

Les splendides magasins de la rue Scribe ne sont point encore
au grand complet; un salon reste à terminer; et quoique l'imagi-
nation ne puisse rien rêver de plus magnifique que la réalité
actuelle, on nous promet cependant d'adorables surprises. Pour
ma part, j'y crois sans conteste, et je m'en réjouis d'avance.

Comtesse Jeanne.

GAZETTE A LA MAIN

Philoxène Boyer, — que l'on a enterré vendredi, — fut un des
amoureux de la rime opulente, un styliste patient, habile et mi-
nutieux, un érudit, un enthousiaste, qui, à force de vivre dans
le passé, dans l'idéal, — dans la cave et-sur les toits, — ne sem-
blait plus en quelque sorte appartenir au soleil, à la rue, au
présent.

Mon ami Durandeau a jadis consacré, dans un crayon d'une fé-
rocité remarquable, les lapsus elegantice et les ballades à la lune de
ce lyrique.

Celui-ci se montra tellement irrité de cette plaisanterie qu'il
refusa formellement au Diogène, — au Diogénc de 1860, celui de
Bataille, de Rolland, de Faura, de Glaretie, et le mien, — l'auto-
risation de la publier...

On passa outre, — et l'excellent homme ne fit le moindre
procès,

* *

Je crois le voir encore, le dos voûté, le chef branlant, un peu
de flamme aux yeux, vieilli avant le temps par l'étude, la fièvre
et lea anxiétés, un colis de livres sous le bras, avec ses petites
jambes qui faisaient uu bruit d'ossements dans son pantalon
élimé, et ses cheveux plats sur son collet, des cheveux qui ne
blanchissaient pas moins vite que les coutures de son habit I

Je crois entendre sa voix — dont on eût dit qu'il avait trempé
les cordes dans du vinaigre :

— Messieurs, la fonction du poète est extra-humaine...

Ah ! le pauvre cher innocent I On n'avait qu'à le regarder pour
se convaincre que la Muse n'est pas une ménagère terrestre qui
s'occupe d'un nœud de cravate et d'un coup de brosse au chapeau.

*

* *

Philoxène avait deux cultes : Shakespeare et Arsène lloussaye.
Il avait écrit la phrase suivante dans un article qu'il destinait à
VArtiste :

« M. Henri Houssayc qui sait le grec comme Pindark... »
M. Henri lloussaye, — fils du patron, —avait alors onze ans et
demi 1

— Diabla I fis-je à Philoxène, vous ne le maltraitez pa», ce
crapaud 1

— C'est vrai, répondlt-il, je changerai cela. ,
Quelques jours plus tard je lus dans Y Artiste :

« M. Henri HousSOye qui sait le grec MIEUX QUE P1NDARE...»

Une autre fois, je le rencontrai sur le Pont-Neuf...

La Librairie Internationale venait de mettre en vente le Vil-
liamShakespeare d'Hugo...

Philoxène voulut me donner le précieux volume à baiser, et,
comme je faisais des façons :

— Shakespeare est notre Christ I s'écria-t-il.

— Parbleu I c'est même pour' cela que vous lui avez infligé le
supplice de Lacroix !

Nous ne nous sommes raccommodés que cet été, lors de la pu-
blication de ses Deux Saisons.

Le pourvoi du boucher Avlnsin a été rejeté...
La place de la Hoquette va devenir — pendant quelques ma-
tins — un des endroits les plus fréquentés de Paris...
Ett attendant, les fabricants de complaintes font leur œuvre.
Pn jour, je m'en fus dans la prisori d'Epinal voir un condamné
a mort.

te misérable, bouclé dans la camisole de force, était accroupi
dans la cour entre une parenthèse de gendarmes.

Un papier se trouvait placé sur ses genoux.

Il lisait très-attentivement ce papier et chantonnait entre ses
dents....

— Qa'est-cé qu'il fait donc 11? deinandai-je au gardien qui
m'accompagnait.

— Monsieur", me répondit celui-ci, it, apprend sa coMpL/Untk.

M. Victor Séjour n'a jamais cessé d'être « le brun superbe et
ténébreux, » dont Gavroche à pu dire :

— Ohé ! Navet, contemple-moi un peu pour voir c' b«îfU blond
qu'a dû venir au monde quand le cliarbon. de terre était en fleur !

Dernièrement, cet auteur dramatique racontait au foyer de la
Porte-Saint-Martin qu'il avait autrefois tâté des planches en ama-
teur dans le salon de M. M...

— Nous avions, ajoutait-il, monté la Tour de Nesle, et j'y ob-
tins beaucoup, beaucoup de succès...

— Quei rôle remplissiez-vous? interrogea Lafargue.

— Parbleu! riposta Mlle Honorine, il ne pouvait jouer que la
prison.

Un indigent de lettres avait vainement frappé à la porte de
plusieurs journaux; partout on l'avait rudement expulsé.

Il s'adresse enfin au rédacteur en chef d'une petite feuille, qui
consent à prendre un manuscrit.

C'était déjà.beaucoup, mais pas assez, car ce fut en vain que
notre homme parcourut les colonnes de tous les numéros sui-
vants. L'article ne s'y trouvait jamais.

Il en envoya un second. Même silence,

L'incapacité est féconde quand l'entêtement se met de la partie.
Ce devint une pluie de manuscrits, mais la boîte du journal
semblait s'être convertie en tonneau des Danaïdes. Enfin l'auteur
prit un grand parti et écrivit au rédacteur de ses rêves la lettre
suivante: ' Hutwijcj tn»rria.t9lcfmoa
« Monsieur,

« Vous ne m'avez pas mis à la porte le jour oi je me suis
présenté à vous pour la première fois. Une telle bienveillance a
fait naître en moi une profonde affection pour vous. Permettez-
moi donc de vous adresser mes adieux comme à mon seul ami.
Découragé sous tous les rapports, j'ai réBolu de quitter la vie.

« L'article que vous recevrez avec ce mot est le dernier que ma
main moribonde aura tracé. »

— Pauvre diable ! murmura le rédacteur en lisant ces lignes.
Et il inséra l'article.

**#

Le lendemain le monsieur se présente à la caisse pour toucher
sa copie — et se trouve nez à nez avec son rédacteur.

— Ah! mais, pardon, dit celui-ci désagréablement surpris, j'ai
déjà donné cet argent-là pour vous faire dire des messes.

Le» Chevalier» du brouillard

Un grand et légitime succès pour l'Ambigu, cette reprise !

Jamais je »'ai rien applaudi d'aussi complet que Mme Laurent-
Desrieux dans cette création de Jack Sheppard, qui deviendra
comme la robe de Nisus de son talent.

Castellano, Faille et l'excellent Boutin lui donnent la réplique
d'une remarquable façon.

Les décors, les costumes, la mise en scène, tout concourra à
procurer à ce drame son été de la (Porte) Saint-Martin.

Notre confrère Gustave Aymard vient de commencer dans la
Vogue parisienne, le journal si ingénieusement organisé et dirigé
par M. Arthur Berr de Turrique, la publication du Roi des placers
d'or, — un roman d'un dramatique et attachant intérêt.

Le mariage aux bouquets

Une actrice de l'Ambigu avait pour amant un acteur de la
Porte-Sai nt-Martin.

Celui-ci paraissait jaloux, oh! mais, jaloux comme le La Ramée
de la Belle Gabrielle.

C'était surtout lorsque quelque amateur des mérites de la
jeune femme lui envoyait un bouquet, — et la chose arrivait
souvent, — qu'éclataient des scènes terribles.

Ces scènes finissaient ordinairement ainsi :

Notre Othello saisissait avec rage les fleurs objet du débat et
s'élançait hors de la loge de sa maîtresse en voeiféaant qu'il al-
lait les jeter où Alceste voudrait que l'on mît le sonnet d'Oronte.

Or, il advint qu'un jour l'actrice de l'Ambigu dut rendre visite
à l'une de ses oamarades de la Porte-S.iint-Martin, artiste déjà
d'un certain âge, mais d'une réputation consacrée par le succès.

*

0 surprise I *

La première chose que Mlle Y... aperçut au milieu du salon de
Mme Z..., co fut, dans une potiche du Japon, un magnifique bou-
quet de violettes de Parme que son jaloux lui avait emporté
l'avant-veille.

Madame Z... remarqua l'étonnement.

— Vous admirez mes fleurs, dit-elle en souriant; elles me
viennent d'un de mes soupirants de mon théâtre qui me fait une
cour assidue. Il n'y a pas de semaine qu'il ne m'apporte un bou-
quet au moins aussi charmant, et je lui en sais un gré infini, car
le pauvre garçon ne gagne pas des sommes folles et un pareil
cadeau doit lui coûter les yeux de la tête...

— Sacrebleu ! interrompit l'actrice de l'Ambigu, c'est moi qui
les lui arracherai, les yeux de la tête !...

— Que voulez-vous dire ?

— Parbleu ! je veux dire que ce monsieur nous la fait aux vio-
lettes '. voilà !

Une explication suivit, — orageuse...
Mademoiselle Y... y représentait le tonnerre.
Mademoiselle Z... y représentait la pluie.

— Et dire que je voulais l'épouserI gémissait-elle.

— Epousez-le donc, s'écria l'acirice de l'Ambigu et qu'il laisse
mes bouquets tranquilles!

Ce conseil fut suivi. J

I.» Dictionnaire des pseudonymes.

Un charmant petit livre, plein de détails curieux, de rensei-
ments piquants, de révélations précieuses !

Mais pourquoi donc M. Georges d'Heilly, qui a si adroitement
relevé deux ou trois pseudonymes dont il m'a plu de m'affublcr
pendant un temps, semble-t-il ignorer celui dont, depuis que la
Lune luit, je signe la présente Gazettel

Emile Blondkt.

Sommaire du dernier numéro du Voleur. — Le Crime d'Orcival, par
Émile Gaboriau. — Le Piano de Blanche, parle marquis de Villcmer.
Le Savoir-vivre à table, par Mme de Bassanville. — L'Almanach de la
Petite Presse. — Comment on fait un voleur. — Le cimetière de la Banque

d'Angleterre. — Drames et catastrophes. — A travers la chronique. _

Bulletin de la semaine. —■ Tllusfrations et rébus, — Prix du numéro
10 pages in-'t, 10 centimes.
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