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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0197

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e

LA LUNE

PRIME DE LA LUNE

Toute personne qui enverra directement en
mandat ou timbres-poste à M. F. Polo, directeur
du journal, 5, cité Bergère, à Paris, — le montant
d'un abonnement d'un an à la ïLiine, — aura
droit à l'une des deux primes suivantes :

1™ PRIME

Tous les numéros de la Lune parus depuis le 1" juillet
jusqu'au 30 novembre.

Cette prime, complètement gratuite, s'adresse
surtout aux personnes qui désirent collectionner les charges
d'And. GUI.

2° PRIME

Un charmant portefeuille or et couleur, fabriqué spécia-
lement pour la Lune par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarelles par Edouard
de Beaumont. •

Pour recevoir cette prime dans les départements, on devra
joindre au prix de l'abonnement 8îO centimes, montant
de3 frais d'envoi.

!• Avoir soin de bien indiquer celle des deux primes qu'on
choisit ;

. 2» Les personnes qui désirent avoir les deux primes de-
vront ajouter une somme de francs au prix simple de
l'abonnement d'un an.

MME GALLI-MARIÉ

Dans la ruo de Navarin, — non loin do la place Bréda, — il y
a une grande maison à laquelle sert de préface une sorte do jar-
din anglais tout égayé d'eaux jaillissantes, de pelouses et do char-
milles...

Théophile Gautier l'a habitée; Allais Fargueil l'habite...

C'est dans ce morceau du paradis... perdu — au fond des Pa-
phos parisiennes — qu'en octobre 1837 naquit Célestine Marié.

Son père, Mécène Marié de l'Isle, cousin de l'astronome Davy qui
partagea à l'Observatoire les importants travaux de M. Leverrier,
était sorti du Conservatoire avec un premier prix de contrebasse.
Puis, on l'avait vu, un matin, fort de quelques ieçons de Choron,
jeter l'archet sur le pupitre et déserter l'orchestre de l'Opéra-Co-
mique pour aller chanter les ténors à Toulouse, à Bordeaux, en
Italie, et, sur la fin, à l'Opéra. Il en resta dix ans le pensionnaire ;
il en est aujourd'hui le ■pensionné. En outre, l'église de la Trinité
l'a choisi pour maître de chapelle et il y utilise, aux fêtes caril-
lonnées, de copieux restes do voix.

Marié fut le professeur de Célestine. Celle-ci, si j'ai bonne mé-
moire/débuta à Strasbourg au mois de septembre 1853. Peu de
temps après, elle épousait, à Paris, le sculpteur Galli, un gars de
belle prestance et d'un certain talent, qui devint un mari jaloux
et d'humeur peu phalanstérienne avant que la lune de miel se fût
amoindrie en crochet. On voyageait. A Lisbonne, Galli eut une

querelle et reçut un coup d'épée qui accéléra une phthisie dont il
souffrait : il en mourut à son retour en France. Sa veuve — con-
solée — n'a gardé que son nom !

A Rouen — où, selon Gustave Flaubert, Mme Bovary fit ses
frasques, — Mme Galli-Marié était devenue la coqueluche de la
ville et des faubourgs...

M. Perrin l'y entendit, — en 1862, — dans la Mhèmienne, de
Balfe...

Elle fut aussitôt engagée à la salle Favart...
La Servante Maîtresse la révéla aux Parisiens comme une sou-
brette infiniment plus vive que l'Alboni...
Vinrent ensuite les Amours du Diable.

«

Ici, qu'il soit permis à Star da citer Paul Mahalin. Ce dernier
donna le crayon suivant de la débutante dans la Presse fhêàtrale du
30 août 1863 :

« Mme Galli-Marié semble avoir retrouvé les bras de la Vénus
de Milo, et, si elle n'a pas dérobé à la déesse ses seins hardis et
ronds comme deux coupes, ça été tout simplement de peur qu'ils
no fissent double emploi avec les crâneries harmonieuses qui
saillissent sous le surcot de velours cerise du page-diablotin.

« Dans leur collant de soie gris perle, ses jambes rappellent celles
du jeune homme pantalonné de rouge qui casse sur son genou la
baguette symbolique sur la toile de Raphaël, le Mariage de la
Vierge. La passion jaillit do ses yeux en flèches magnétiques.
Ses traits, coupés pour l'expression des grands sentiments héroï-
ques, sont éclairés d'un sourire tout féminin, qui en tempère la
robustesse virile.

« Sa chevelure est noire comme une nuit de décembre. Elle porte
le nez haut et redresse la tôte avec la bravoure d'un cheval de
race. Je ne saurais reprendre en elle que la tournure et les atti-
tudes: elle martèle sa marche d'une façon mécanique dont toute
sa personne ressent le contre-coup, et son corps, presque ton
jours rejeté en arrière, casse disgracieusement, en les tordant
outre mesure, les lignes nobles de sa plastique. Somme toute, je
ne doute pas qu'elle no rencontre à Paris autant à'officionados
qu'elle en a laissés à Rouen.

« Mme Galli-Marié pose le récitatif avec une ampleur de son et
une maestria de méthode en tous points remarquables. Dans la
cavatino, sa voix ailée monte et redescend l'échelle sonore de la
gamme comme une voltige et un pépiement de fauvette.

« L'air d'Urielle, au second tableau du premier acte, la chan-
son à boire du page, les couplets de la bayadôre et le trio final
nous ont permis de l'apprécier sous cette double face de son ta-
lent. On l'a applaudie à tout rompre pendant toute la représenta-
tion, et presque rappelée à la fin. Cette l'ois, la salle entière était
complice de la claque dans cette tentative d'ovation. »

*
* *

On prétend .que Mme Galli-Marié est tellement myope, que,
chez elle, elle prend lo plus souvent M. X... pour son domes-
tique I...

Les talons de s83 bottines mesurent onze centimètres !
Elle en perdit un — un jour — dan»la rue Rocheehouart...
A présent, elle les porte en dedans.

Douée d'une organisation musicale exceptionnelle, comédienne
hors ligne, pianiste de talent, l'artiste qui nous occupe est encore,
à ses moments perdus, une peinturlureuse amateur qui a signé
quelques croûtes d'un bon style...

Elle a, depuis ses débuts, affirmé par maint succès, — Fior
d'Alizza, Lara, Mignon, — les qualités que nous lui reconnais-
siot s alors. Comme autrefois dans son ménage, comme aujour-
d'hui dans son intérieur, elle excelle à porter le pantalon. On
s'en est aperçu dans Khaled de Lara, on s'en convaincra dans
Vendredi de Robinson. D'aucuns de mes confrères affirment
qu'elle a dû civiliser ce rôle. C'est grand dommage, en vérité.
J'aurais aimé à le lui voir jouer tout à fait en sauvage.

Star.

LE PETIT BOUTON

etude

Onze heures? —iïum, c'est bien tard ! —Après cela, l'hiver!...

— Eh bien, il était onze heures quand la mignonne madame X...,
si appétissante en costume de nuit, — je lo présume, du moins

— se réveilla, fraîche comme une petite rose, souriant, et, d'un
coup de tête coquet, renvoyant à leur place les boucles rebelles
éparpillées sur son joli museau :

— Bonjour, chéri, dit-elle, en étirant ses bras élégants.

M. X. auquel un unique rayon de soleil faisait justement com-
me une tête d'or et de lumière en ce moment là, ouvrit ses yeux
noirs, à demi.

— Bonjour, mon petit chat, fit-il.

— Tiens, reprit-il d'un air paterne, au bout d'un instant, tu as
un petit bouton sur le nez.

— Où donc? demanda avec une petite moue Mme X, en tàtant
un nez si délicat et si peu important que ce n'est vraiment pas la
peine d'en parler,

— Là, dans le coin de la narine... Oh! mais il est tout pe-
tit, va !

— C'est bien ennuyeux,., Il doit être mûr. Je le percerai tout à
l'heure.

— Mauvais sysième ! Attends à demain.

— Non, non. Et ce soir, pour aller à la première de ton ami
Jules. Tu n'y penses pas. Vas me chercher la petite glace, dis?.,,
pour voir ?

M. X... lutta quelques instants contre une incommensurable en-
vie de rester dans son lit chaud, mais, pincé, tiraillé, poussé,
vaincu, il se leva et alla prendre la psyché sur la toilette.

— Cela n'arrive qu'à moi ! cria d'une voix altérée madame X...
Mon Dieu ! mon Dieu ! mon Dieu 1

— Allons, enfant, ne tourmente pas l'Eternel pour si peu de
chose. Un peu d'eau fraîche, tout à l'heure, et ce sera fini.

Hélas ! — le petit bouton sur le nez résista. Malgré les conseils
d'un époux expérimenté,on perça le petit cône séditieux. Il en
résulta un cratère infiniment rouge, d'un rouge vif. — N'y pense
pas, ajoutait M. X..., tu es plus charmante que jamais. En te re-
gardant tout à l'heure, tu sais, j'ai compris le goût eifréné des
ogres. Vous devez être bien tendre, mon petit rat? — Efforts
vains! Gaieté sans effets. Mme X... s'assombrissait de plus en
plus. A chaque instant elle portait ses doigts tremblants à l'en-
droit fatal. — N'y touche donc pas toujours, mon amie, criait
M. X... — ah ! petite entêtée.

— Si j'y mettais de la poudre de riz ! ! Mme X... se crût sau-
vée après ce cri du cœur. Peine inutile. Rien n'y fit. La [poudre
de riz, le cold-cream, etc., etc., ne firent qu'enflammer de plus en
plus lo petit bouton. — •

Sur ces'entrefaitos, M. X... s'en alla à ses affaires. On l'atten-
dait à déjeûner quelque part. Heureux homme !

Mme X... resta seule, — une, deux, trois, — avec son petit
bouton, son désespoir et sa bonne qui n'en pouvait mais.

C'est singulier, le jour où naissent les petits boutons, comme
les bonnes des dames font mal leur service. Jamais on ne crie ra-
tant iiprùs elle? Et puis, remarquez-le, tout se tourne contre vous.
Ainsi les tirettes des bottines de madame X... se cassèrent quand
on les tira fébrilement ; les vilaines ! pourquoi ça? — Mme X...
devait sortir ; elle se mit en toilette ; mais tout allait en dépit du
bon sens. C'est bien étrange? Le nœud du chapeau refusait, oui,
monsieur, refusait de se laisser accomplir ; car un nœud de cha-
peau, c'est une œuvre, monsieur I

Madame X... sortit, très-agitée; elle aurait bien voulu rester à
la maison. Mais des emplettes à faire, des riens indispensables à
trouver, la forçaient complètement de courir les magasins.

LES TRENTE-DEUX DENTS DU PENDE

(i)

XVIII

Anatole Duval
— Suite —

Le lendemain, quand parut l'aube aux gants-paille, une com-
pagnie de goélands, inquiets, décrivait de grands cercles au-des-
sus d'un serpent boa, de belle taille, déroulé sur la plage, à l'en-
droit où, la veille, s'était laissé tomber dans les bras de Morphée,
Anatole Duval, l'anthropophage surnuméraire!

— Où diable est passé lo voyageur? semblaient crier les goé-
lands en s'adressant aux mouettes rieuses.

Les mouettes ne répondaient rien. Et pourtant il Igut eût été
bien facile de dire : — Messieurs, le serpent qui a perdu une
femme, jadis, a trouvé un homme, cette nuit.

Anatole Duval, le premier habitant de l'île déserte où le nau-
frage l'avait jeté, avait été tout simplement englouti; versons une
larme, et essuyons-la. Voilà qui est fait.

(1) Voir les numéros parus depuis le 4 août.

XIX
L'Ile «léserte

Il y avait à peine huit jours que lo pauvre garçon se décompo-
sait dans l'estomac du boa, quaBd le docteur Bagg, un peu mai-
edgri, et ses élèves, légèrement engraissés, accompagnés du perfi

amant de Maryan Slop, débarquèrent sains et saufs dans l'île
déserte que nous avons si sommairement décrite plus haut,

Comment le docteur et ses amis étaient-ils tombés justement,
du premier coup, comme cela, sur l'endroit solitaire où ils sup-
posaient qu'Anatole Duval rétidait; oh! c'est une chose bien sim-
ple à expliquer.

Il n'y a pas d'objet perdu qui se retrouve plus facilement qu'un
naufragé. C'est évident. On n'a qu'à lire un récit de voyage, au
hasard, pour se convaincre de ce que nous avançons. Robinson
(cet abonné modèle qui écrivait tous les soirs un journal afin
d'avoir un journal à lire, tous les matins, entre le coco et le fro-
mage), Robinson, disons-nous, est la preuve que les naufragés ne
sont jamais que des absents.

Donc, apprenant par les gazettes la perte du vaisseau qui por-
tait l'infortuné Duval, James, Bagg, Toby et Snob s'étaient écriés
tout d'une voix : — C'est bon, nous savons maintenant où il est

Et ils étaient partis. Un vent favorable les avait poussés nuit

et jour sur la mer vaste, et, comme nous l'avons dit plus haut, il
n'y avait pas huit jours que Duval se chymipait dans les entrailles
du boa, lorsque ceux qui le cherchaient se trouvèrent face à face
avec sa dernière demeure.

— Hein ! un serpent sous les
fleurs, b'empressa de faire remar-
quer le docteur, en bondissant en
arrière.

— Latet anguis in herbà\ mur-
mura Snob.

— La tête... connais?... mur-
mura Toby.

Cette délicieuse plaisanterie
resta sans échos. Ou plutôt, elle
eût des échos bien singuliers.
Ce furent des cris sans nombre,
poussés par une trentaine de sauvages, simplement vêtus, mais
peints comme de vulgaires courtisanes.

Ernest D'Hbrvillt.

(La luiU au prochain numfro).
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