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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0035

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LA LUNB

S

LE fPPJig

ET LES JOURNAUX LITTÉRAIRES

Etre timbré ou ne l'être pas...

Voilà la question — question qui a fourni bien des lignes
de copie aux grands et aux petits journaux.

La Lune, elle aussi, veut placer son mot dans le débat qui
passionne la presse.

La parole est à notre collaborateur Jules Richard :

Mon cher ami,

Vous me demandez conseil sur le sort futur de la Lune, si la
loi nouvelle vous contraignait à timbrer ce journal. Je crois que le
meilleur serait, dès à présent, de démontrer à. ceux qui font les
lois l'inutilité de timbrer la Lune, le Soleil, et jops les astres de la
petite presse, qui ne font de mal à personne, et qui l'ont vivre
beaucoup de gens.

Certainement la petite presse pourrait en général se montrer
plus littéraire ; mais on ne réfléchit pas assez lorsqu'on lui fait
ce reproche, qu'elle doit abaisser le niveau de ses produits pour
se mettre à la portée de tous. La question d'élever le goût public
par des lectures recherchées et délicates n'est pas encore à l'ordre
du jour ; il s'agit de donner le goût de la lecture aux masses, de
créer des couches nouvelles de lecteurs, et l'on y arrivera plutôt
avec le Rocambole de Ponson du Terrail qu'en publiant les ma-
gnifiques discours de Bossuet sur l'histoire universelle, discours
d'autant plus magnifiques que les quatre-vingt-dix-neuf centiè-
mes des Français les admirent sur parole.

Rocambole ne les vaut pas, mais il faut avoir le courage de le
dire, Rocambole peut jouer un rôle plus utile qu'eux. A l'ombre
de ce gros roman que dévorent tous les amateurs du genre im-
possible et abracadabrant, un directeur intelligent de petit jour-
nal pourrait présenter à son public quelques articles utiles, in-
structifs, et le roman amusant ferait lire les choses ennuyeuses.
Mon rêve, si j'étais rédacteur en chef, serait de présenter à mon
public Bossuet sous la protection de Ponson du Terrail. J'y réus-
sirais, j'en suis certain, et je suis convaincu aussi que vous
échapperez au timbre.

Je n'ai pas le droit ici de parler de l'intérêt politique qu'on au-
rait ou qu'on n'aurait pas à amoindrir la presse littéraire; mais ce
que je puis vous affirmer, sans crainte d'être démenti par per-
sonne et sans danger pour vouç, c'est que la petite presse, son
succès et son tapage n'ont fait aucun mal à la presse politique.

En 1846, il existait à Paris, vingt-six journaux politiques quo-
tidiens qui tiraient ensemble à 157,287 exemplaires. Sur ce tirage,
le Siècle, le Constitutionnel, la Presse, le Journal des Débats, comp-
taient pour 92,693.

A cette époque les journaux littéraires étaient trop chers pour
être répandus, la petite presse ne donnait pas signe de vie, et
sauf le Magasin pittoresque et le Musée des familles,aucun magazine à
bon marché n'était adopté par la foule.

Aujourd'hui, les journaux politiques parisiens — quoique leur
polémique ait moins de vivacité et d'jattrajt — tirent ensemble à
plus de 150,000 exemplaires; certains illustrés ont un succès no-
table , la Petite Presse, le Petit Journal, le Figaro, le Soleil et le Ca-
marade doivent représenter un tinge d'environ 500,000. Qu'est-ce
que cela prouve? que depuis vingt et un ans, on apprend beau-
coup plus à lire qi'au^efois, et que, par conséquent, on lit davan-
tage. L'ouvrier lit son Petit Journal, il le lit à sa femme, à ses en
l'ants ; je n'affirmerai pas que les romans qu'il lit lui donnent une-
idée bien juste de la société contemporaine, mais ne vaut-il pas
mieux pour lui de le voir à travers Rocambole que dans l'Affaire
Clémenceau, chef-d'œuvre de réalité désespérante?

Nous nous moquons beaucoup et toujours de la petite presse et
de sa grosse littérature, et nous avons raison, parpe que c'est en
l'éperonnant sans cesse que nous parviendrons à la contraindre
au progrès. Dans vingt ans, quand on regardera en arrière cette
année 1867, que nous commençons, les lecteurs populaires se-

ront certainement plus difficiles qu'aujourd'hui ; ils réclameront 1
des chefs-d'œuvre, et peut-être les écrivains d'alors seront-ils
tcèg-cmbarrassés pour les lcup fournir. Aujourd'hui, Dieu merci, |
le goût très-élémentaire du public nous permet d'être médiocres, !
et nous abusons de la permission.

Le timbre, qui élèverait forcément le prix du journal à un
sou, n'élèverait pas le niveau de sa valeur littéraire; et, puisque
nous causons métier.et commerce, je vais vous dire ce que peu-
vent supporter de timbre les journaux littéraires en restant dans

leurs prix actuels ;

'. yf \

Le Petit Journal , ' J/l d.e centime.

Le Figaro ' 2 centimes.

Ce timbre leur constituerait le droit de faire des annonces, et,
cpmme ils ont des tirages énormes, ils enlèveraient à ja presse
politique la meilleure partie du revenu qu'ils tirent de (a vente
do leur publicité.

Votre journal, Hipjii cher ami, est dans une condition .toute
ditrérente; il no paraît qu'une fois par semaine, et ses frais gé-
néraux ne sont pas supportés par' des bénéfices répétés 365 fois,
mais seulement 52 fois dans l'année.

Vos charges commerciales, gpuf d^c plus considérables juste-
ment parce qu'elles souf moins élpadl}^ > ffl9's vous avez 'a ïiir
gue, vos dessins sont £pus f«j.fc f£u^§j§. La charge de M. llavin,
que vpus avez pubjjée, gamedi dernier, ratera comme un monu-
ment hislorique. Vous gagnez Jprjj peu, mais vous tirez à qua-
rante mille exempjaiFPS I Le tipibco détruirait {ois yos^ calculs çt
ne vous laisserait qu'ppp alternative : nipurirqu augmenter ypfre
prix.

Vous faites vivre tout un peuple de colorjgle^, de compositeurs,
de marchands ; je ne compte £a§ les} artjsteii 'eTjeç jaomines de
lettres; vous achetez deux mille soixante rafles de papier par
an, vous ne faites qui} du bien, ne craigne? rigp. \\ est impossi-
ble qu'on vous lue pour le plaisir j il est inutile auffj qu'on vous
donne, pour PP timbre ipsignifiunt, le droft de £»ire, des annon-
ces ; ce quj tuerait la presse politique.

D'ailieurs la petite presse est pécessaire, ç'«s|, le chemin par
lequel les Jectcnrs passer^ pour arriver à la g/and(3 ; et personne
— pas mêmp M. de Girardin — n'a intérêt a boucher ce che-
min-là. i

Veuillez mp croire, ejç., etc.

Jules EiCgARD.

G^ZR^Tft À LA MAIN

— La pou'iliqiw, cest la poultyque, disait feu monsignor. je pardi:
nal Jules Maza'pii}.

Ce mot me suffit absolument — pour ce que j'en veux faire.

Quant à la elnjse, du diable si je d^'p^pserai jamais un traîtr.g
soù — fût-il de Monaco — afin d'ac^iErïfi $ioit de m'en occuper
publiquement!... ■ '

tout le monde, il est vrai, n'est pas de mon avis, et, vers quel-
que feuille qu'on se tourne, on n'entend bourdonner que de pro-
chaines réformes.

Ces réformes, je Les vois arriver uy<«p la saiisfaclion calme du
désintéressé...

Est-ce qu'elles donneront, à ceux flui n'en, ont pas, du talent et
de la conscience, des popvictions et (0 l'orthographe ?

Le meilleur cautionnement S1 un jpiirnal — devant le lecteur —
n'est-il pas le bon se'jtjj, la bônhjç ïp|'e'{ la bonne humeur de ses
rédacteurs ?

Et, quand certains {je mes confrèreg se frottent les mains et se
lècbent les babines ep criant à' la' suppression de l'autorisation
prtahible, pourquoi ai-jc toujours envie de leur dejiqander : '

— Quelle autorisation pj-éduble?..." — Celle' d'avoir' de l'esprit
probablement !

On a beaucoup parlé — cotte semaine — d'une passe d'appips
qui a eu lieu mardi matin, au bois de Meudon, eptre un dessina-
teur et un journaliste.

Celui-ci a eu le bras traversé 4'uu cp.updjs pojnte.

Je l'ai rencontré le lehdcipujp, — ''encore tout 'bouillant de la
veille.

— Mon adversaire d'hier, m'a-t-il dit, celui qui m'a blessé, est
le premier d'une demi-douzaine de bonshommes que je veux,
tour à tour, appeler sur le pré de la mémo façon...

— Comment feras-tu ? Tu n'as que deux bras !

C'était à Nantes — pendant le choléra...
Le fléau sévissait surtout sur la classe pauvre...
Un ensevelisse\ir — bien connu pour son ivrognerie — est apos-
trophé par son propriétaire :

— Payez-moi mes deux termes ! Que diable ! Vous devez féire
de fameuses journées! Il y a assez de morts comme cela dans
la ville !...

L'homipe npir, haussant les épaules avec mépris:

— Des niQrts de trente sous! Est-ce que c'est des morts?

Variétés.

Les Locataires, du troisième,.
J'espère bien qp'ils vont déménager... de l'afticne 1
Le public leur adonné congé — par sifflets.

Ambigu.

Un juge de Munich, — Maxwel — a condamné à la potence
un pauvre diable convaincu d'assassinat...

Lp misérable a été pendu ; mais la révélation intime de son
ipnocencp s'est faite tout à coup dans l'esprit, dans le cœur de
son juge...

Celui-ci se dévoue à la réhabilitation du supplicié...
Pour arriver à ce résultat, il faudrait, dès d'abord, trouver le
ypi coupable.

Çe coupable, Maxwel le cherche pendant dix ans, — pendant
cinq actes...

Puis, à la fin, quand il l'a découvert, ne voilà-b-il pas que ce
coupable n'est autre que son frère !...

Qu'importe ! ce Maxwel est du bois des Brulus, — de ce bois
dont la loi a façonné le manche de son glaive !...

11 traîne de sa main son frère au tribunal, proclame sans fai-
blir la réhabilitation de l'innocent et prononce la peine capitale
contre le véritable assassin...

La justice suivra son cours...

Mais Dieu a fait au juge la grâce de tomber foudroyé par L'ar-
rêt fratricide !...

Vous ne voyez ici que le squelette du drame de l'Ambigu.,.

Comme toutes les œuvres qui reposent sur une idée généreuse
et sur un fait émouvant, il a brillamment réussi.

L'histoire de ce magistrat héroïque me rappelle une aventure
d'un président de mon pays.

Ce président, — une fine bouche, — allait marier sa fille, et le
festin de noces promettait d'être digue do tous les barons Brisse
de la localité.

Comme la chasse venait de fermer, notre gourmet fut obligé de
s'aboucher — incognito —avec un braconnier, qui lui promit pour
son banquet un quartier de chevreuil et un chapelet de grives...

Or, deux ou trois jours avant l'époque fixée pour la livraison
du gibier, le paysan comparaissait en police correctionnelle sous
prévention de délit de chasse...

i

* *

Notre magistrat présidait le tribunal...

Le prévenu le reconnut et se crut acquitté.

Mais le juge fut inflexible: sans prendre garde aux signes d'in-
telligence que lui adressait le délinquant, il prononça contre lui
le maximum de la peine...

Le braconnier demeura un instant interdit...

fcuis, prenant un parti et saluant le tribunal :

— Ça ne fait rien, dit-il, monsieur le président. Vous aurez
tout de même Les griycget le chevreuil.

I.cs Ijégciides <lo Gatvatral

Gavarni, — ce dessinateur de surfaces, de réticences et d'à»
peu près, — est plus difficile qu'on ne pense à traduire à la scène,
et plus d'un habile — M. Barrière, entre autres — s'y est déjà
cassé le nez...

M. Lefebvre a été plus heureux : sur une historiette d'étu-
diants et de clercs d'huissier courant le guilledou du bal mas-
qué et du souper lin, il a su coudre adroitement de nombreuses
paillettes de 1 esprit de ce costumier-philosophe qui n'a pas son
pareil pour habiller un carnaval et pour déshabiller l'huma-
nité...

La broderie a fait passer l'étoffe...

La musique de M. Frédéric Barbier est ravissante.

Goui'ilon et Bonnet sont excellents.

■Trop dp cocotes dans le chant, madame Géraizer, trop de <:o-
cotes !...

Il y en a bien assez au café de Bade.

De son nez. — Grands dieux... mossieu... votre bras dans la Sa jambe venant avec la culotte, Baptiste en perd • Et pour l'acliever, son maître, mis en belle

Epouvante 111 manche!... »op centre de gravité. humeur, ayant l'ait le geste de s'arracher la

— C'est un détail, va toujours. lèle, tîipiisle éperdu se sauve et court encore.
Image description

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Le coucher du capitaine Letrake, par Félix Y.
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Frankreich
Karikatur
Untergang <Motiv>
Schlafzimmer <Motiv>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 3.1867, Nr. 51, S. 51_3

Beziehungen

Erschließung

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CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg
 
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