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Mairet, Jeanne
André Maynard, peintre — Paris: Paul Ollendorff, Éditeur, 1887

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https://doi.org/10.11588/diglit.61477#0148
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138 ANDRÉ MAYNARD.
traversaient : un pharmacien nouveau s’était ins-
tallé là où dans le temps se trouvait un mercier,
mis en faillite depuis; à chaque coup de chapeau
c’était un détail quelconque sur la personne qu’il
saluait. Un peu plus, et il aurait fait à son fils les
honneurs des Arènes et de la Maison carrée, comme
à un étranger. Et André, dont le cœur débordait,
ne savait que répondre à ces banalités; il aurait
voulu parler de ses années de solitude, où la famille
lui avait manqué, des mois terribles qu’il venait de
passer, de ses angoisses de patriote : et au pre-
mier mot il s’arrêtait court, sentant qu’il ne serait
pas compris. A une allusion au siège, le notaire
haussa les épaules.
— Une guerre idiote ! On aurait dû capituler
tout de suite, puisqu’on était sûr d’avance qu’on
serait forcé d’en venir là. Vois-tu, mon garçon,
les beaux sentiments, c’est un luxe de gens et de
nations riches; quand on est gueux, faut pas faire
le fier! Il n’y aura pas eu d’étrangers dans le
Midi, cet hiver, c’est une ruine pour les villes de
la Corniche. Quant au Nord, il est bien avancé
avec les régiments allemands campés partout. 11
sent le talon de fer; il n’a que ce qu’il mérite
aussi !...
André, stupéfait, écoutait sans répondre. Que
dire, en effet? La guerre aurait pu être une guerre
dans un pays voisin, que son père n’en eût pas
parlé autrement. Cela ne le touchait pas. Le Nord
 
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