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Mairet, Jeanne
André Maynard, peintre — Paris: Paul Ollendorff, Éditeur, 1887

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https://doi.org/10.11588/diglit.61477#0196
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ANDRÉ MAYNARD.

—‘ Écoute, mon vieux. Dans le temps, nous n’a¬
vions pas de secrets l’un pour l’autre, et il m’en
coûterait d’en avoir maintenant. Le portrait ne
marchait pas, il était terne ; je piochais toute la
sainte journée, et je n’avançais guère. Peut-être
avais-je trop le désir de réussir. Songe que nous
jouions notre tout sur cette carté! Un matin, Ca-
mille me retire les pinceaux de la main. « Tu es
fatigué, Paul, tu ferais bien d’aller flâner un peu.
Le velours de ta robe ne vaut rien, c’est sec, c’est
maigre. Il y a longtemps que tu n’es allé chez tes
anciens amis. On m'a dit que... Chose faisait un
portrait de femme en robe de velours. Il doit y
travailler en ce moment. Cause, fume, aie l’air
de regarder les esquisses sur le mur, plains-toi de
n’avoir rien à faire. Il travaillera devant toi comme
devant quelqu’un qui ne tire pas à conséquence.
S’il a des secrets de palette, tu les surprendras. Il
faut que notre velours soit aussi souple, aussi gras
que le sien... »
— Et tu as fait cela ?
— Dame ! il n’y avait pas de tricherie. Je ne lui ai
rien demandé. S’il a travaillé devant moi, c’est qu'il
l’a bien voulu. Il y avait plusieurs autres personnes
dans l’atelier au même moment; si elles n’ont pas
profité comme j’ai profité de ce que tout le monde
pouvait voir, c’était leur faute. En sortant de chez
lui j’ai repeint mon velours, et ça y était cette
fois-là!
 
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