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Marr, Nikolaj Jakovlevič; Smirnov, Jakov I.
Les Vichaps — Memoires de l'Académie de l'histoire de la culture matérielle, Band 1: Leningrad: Fedorov, 1931

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https://doi.org/10.11588/diglit.49982#0078
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74

J. SMIRNOV

Ces observations de N. Marr, jointes au témoignage d’Eznik ’),
l’amènent à conclure qu’à l’époque des premiers traducteurs de
l’écriture sainte en arménien, pas plus tard qu’au V siècle, les
Arméniens se représentaient les vichaps sous forme de grands
poissons. Donc, les poissons en pierre que nous avons vus, peu-
vent être nommés justement du nom employé maintenant par les
habitants arméniens du pays. Ainsi sur les hauteurs des monts
Guéghame on trouve les images des êtres du panthéon arménien.
Ce ne sont pas sans doute des dieux, car dans les témoi-
gnages sur les divinités païennes adorées par les Armé"
niens 2), il n’est pas fait mention des vichaps; au contraire,
l un de ces dieux, Vahagn, porte le surnom de „vichapaqag“,
c’est-à-dire „tueur de dragons", ce qui donne à supposer l’exis-
tence de quelque mythe sur sa lutte victorieuse contre les
vichaps. La mère des vichaps d’après Moïse de Khorène est une
certaine Anouïche 3), devenue dans son récit mère des dragonides
(vichapazuncs): du reste comme elle était femme d’Ajdahak
(=Astiag), elle était connue seulement par les Perses et non par
Arméniens 4). Ainsi il ne nous reste que des allusions sur l’exis-
tence parmi les anciens Arméniens des mythes sur les vichaps,
mis au monde par une certaine Anouïche, vaincus par le dieu
Vahagn et, à leur tour, ravisseurs d’Artavazd. Vahagn, comme
Artavazd, n’appartenait pas au fond primitif de la religion ar-
ménienne, ils apparurent sur la vieille terre japhétique (d’après
la terminologie de N. Marr) de l’Arménie avec de nouveaux venus
iraniens. Donc, N. Marr a raison d’affirmer que la tradition des
forgerons arméniens de frapper sur l’enclume avec leur marteau
afin de renforcer les chaînes, à l’aide desquelles les vichaps et
») I, 104.
3) V. Gelzer, Zur armenischen Gotterlehre, Berichte u. Verhandl. d. K. Sâch. Ges. d.
Wiss. zu Leipzig, Ph.-hist. KL, XLVIII, 1896, pp. 99 — 148.
’) I, 40.
*) B. Farmakovsky a porté l'attention de N. Marr sur un vase où l’on voit une femme
(une déesse?) entre deux lions; sur sa jupe se trouve un poisson dressé sur la queue.
 
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