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Marr, Nikolaj Jakovlevič; Smirnov, Jakov I.
Les Vichaps — Memoires de l'Académie de l'histoire de la culture matérielle, Band 1: Leningrad: Fedorov, 1931

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.49982#0109
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LES VICHAPS

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syriaque où on lit nuna 'grand poisson’) remonte à l’original
hébreu avec son 'poisson’.
Donc les traducteurs arméniens n’avaient aucun doute sur la
signification réelle du terme et, une fois qu’ils l’ont traduit par
le mot 'vichap’, nous avons droit d’affirmer que les Armé-
niens, à l’époque de leurs premiers traducteurs, c’est-à-dire pas
plus tard qu’au V siècle, considéraient cet être mythologique
comme un 'grand poisson’. Certes le culte du poisson est connu
ailleurs qu’en Arménie. On voit ses survivances dans l’antique
symbolisme chrétien. Mais ce n’est pas le christianisme qui nous
mènerait à comprendre la signification des poissons-vichaps. Nos
vichaps précèdent l’apparition des Aryens non seulement en
Arménie, mais dans l’Asie Antérieure en général. Ils précèdent
selon toute apparence l’époque des inscriptions cunéiformes en
Arménie. L’absence de toute figure humaine ou demi-humaine sur
ces monuments les date encore mieux que l’absence des inscrip-
tions. Si nos conjectures sont justes et si les têtes d’animaux sont
vraiment des totems propres à de certaines tribus, il est hors de
doute que nos vichaps et les pierres bestiaires dont ils sont
inséparables, sont des monuments primitifs de la religion archaïque
de l’Arménie.
Nous voyons survivre en Grèce au VIII siècle avant J. Ch.
l’influence de nos monuments ou de monuments identiques avec
leur symbolisme primitif. Ainsi, par exemple, dans la peinture
d’un vase béotien sur lequel B. V. Farmakovsky a attiré mon
attention, il est curieux de remarquer à côté d’une déesse anthro-
pomorphe, des poissons, des grues ou des cigognes et des lignes
ondulées d’un filet d’eau *).
Avant tout une question se pose devant nous: celle du culte
d’une divinité-poisson parmi certains peuples sémitiques (culte de
Dagon). En ce qui concerne ce dernier, il nous semble que le

’) ’Eyq;j.v)pi; àpyaiolopxï), 1892 (P. Wolters, Boiurti-zaî àp-/cuo-T|Te{), pl. 13.
 
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