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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0303
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CHAPITRE DIX-SEPTIÈME.

PLANCHES XVIIe, XVIIF ET XIXe. — GLAIRE-VOIE DES ÉVÊQUES.

(FENÊTRAGES DE LA NEF MOYENNE. )

iq3. Toutes les grandes verrières de Bourges qui sont antérieures au xive siècle ont passé sous nos
yeux; et nous avons terminé l'explication de tout ce qui s'offrait à notre étude dans la basse nef(i).
Les fenêtrages de la nef moyenne (intermédiaire) se présentent maintenant à nous; et le caractère de série
est trop saillant dans le choix des sujets qu'on y a placés, pour que nous les considérions autrement
qu'en masse. ISous ne réserverons donc une place à part que pour les deux lancettes qui, dans
l'arcade du chevet, forment le centre de toute la rangée.

ARTICLE PREMIER.

ÉVÊQUES.

Sauf les quatre lancettes du chevet, et quelques grisailles réunies dans la planche XXXIII, tout ce
qui reste de cette claire-voie(2) ne représente que des évêques; et toutes les inscriptions conservées jus-
qu'aujourd'hui désignent des archevêques de Bourges. Or, comme le nombre de ceux qui, après avoir
occupé la chaire archiépiscopale de cette ville, ont été honorés d'un culte public dans l'Église, s'élève
au moins à dix-sept, il était facile d'en former une réunion imposante. Belle pensée, d'ailleurs, après
avoir désigné la claire-voie de la haute nef pour ranger au sommet de l'édifice les témoins de Jésus-
Christ dans l'ancienne et dans la nouvelle Loi, de faire apparaître au-dessous d'eux les saints qui avaient,
planté et cultivé la foi sur le sol même où se dressait la basilique primatiale de l'Aquitaine (3).

194. C'est cette nuée de témoins (4), évidemment, que l'ordonnateur des vitraux de Bourges a prétendu
faire planer sur nos têtes; et ce serait nuire à l'effet qu'il se proposait, que de démembrer ces groupes
majestueux en arrêtant l'œil du spectateur sur quelques-uns des membres qui les composent. Sans
doute, parmi les grandes verrières de la basse nef, lorsqu'elle jouissait de la décoration complète que
lui avaient donnée ses premiers artistes, on avait donné place à saint Ursin et à sa mission, à saint
Outrille et aux merveilles de la protection divine qui avaient éclaté en sa faveur, à saint Sulpice le

(1) A défaut d'anciens mots, qu'il ne paraît pas possible de
faire revivre pour nommer les bas-côtés, nous évitons cependant
cette dernière expression, malgré une certaine popularité qui la
recommande. Puisqu'on parle d'église à trois et a cinq nefs, pour-
quoi ne distinguerait-on pas ces nefs en basse, moyenne et haute?
L'adoption du mot bas-côtés quand il s'agit de décrire les églises à
cinq nefs, obligerait à une subdivision burlesque entre les bas-
côtés hauts et les bas-côtés bas. Dans cet embarras, si l'on veut
éviter le mot nef"pour toute autre chose que la nef centrale, on
s'écartera du langage populaire : licence dont les savants ont beau-
coup trop abusé depuis un siècle. Car c'est merveille comme le
peuple a été éconduit par les gens de lettres en proportion des
flatteries qu'ils lui décernaient sur le papier.

(2) Le chanoine J. L. Romelot {Description.. . de ïéglise... de
Bourges, p. 87)nous apprend que «les six vitraux . . depuis la se-
« conde colonne du rond-point jusqu'à la huitième inclusivement
« du côté du midi, ont été mis en verre blanc en 1760, lorsqu'on
« a fait les nouvelles décorations du chœur; parce que {sic) les
« verres coloriés qu'ils remplacent donnaient tant d'obscurité dans
« le chœur, qu'il était impossible d'y pouvoir lire eu plein midi. »
Le renseignement est bon, mais l'impartial chanoine eût bien fait
de nous apprendre en sus comment on s'y était pris pendant cinq
siècles pour venir à bout de la liturgie sacrée dans ce chœur si

ténébreux. Car enfin l'usage des heures canoniales n'y datait
sûrement pas de 1760. Quel est donc le véritable secret d'un zèle
de si fraîche date pour le service divin, qui aurait exigé, après si
longtemps, que l'on bannît la mémoire d'une douzaine de saints
évêques?

(3) Quoique, suivant le cardinal Lambertini {de Sjnod. dicec,
libr. II, cap. IV, 6, 7; Opp. ed. Venet., t. XI, p. 17), l'ancien titre
primatial que se donnait le siège de Bourges ne mérite pas grande
attention, il est de fait que les monuments historiques appuient
cette prétention fort ancienne, et constatent plus d'une fois l'exer-
cice de la juridiction qui s'y rattachait. Mais je n'écris point l'his-
toire ecclésiastique du Berry; et l'assertion du savant canoniste
est énoncée si gratuitement à la fois, et si résolument, qu'il est
tout à fait convenable de lui opposer une simple dénégation. Ce
serait autre chose s'il se fût borné à contester aux archevêques
de Bourges une certaine plénitude d'autorité patriarcale propre-
ment dite. Du reste, la discussion sur ce sujet peut être désormais
poussée avec un zèle dégagé d'amertume, puisque le concordat de
1801, changeant le point de départ des sièges français, a trans-
formé toute querelle de prérogative entre eux en une thèse d'his-
toire et d'érudition pure qui ne doit plus émouvoir que l'homme
de cabinet.

(4) Hebr. XII, 1.

i4«
 
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