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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0333

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PLANCHE XXIVe, LA MERE DE DIEU. 19 5

borner à une simple mention de ces séries parlantes, nous avons fait entrer dans nos planches
d'études (1) le dessin d'une admirable verrière de Cologne, où les prophètes se rangent autour de
Y arbre de Jessé. C'est, néanmoins, tout ce que nous accorderons ici à un genre de représentation
trop distinct du système adopté par le peintre-verrier de Bourges. Ce dernier, profitant de l'énorme
hauteur (plus de trente-quatre mètres) où cette partie de l'ornementation devait aller prendre place,
n'a recherché qu'un effet d'ensemble, sans accorder nulle importance aux détails. Son intention est si
peu déguisée, que l'on reconnaît aisément un même patron dans plusieurs figures entre lesquelles la
variété des couleurs fait l'unique différence. Nous sortirions donc du sujet si nous admettions des com-
paraisons qui s'accorderaient mal, avec la simplicité de notre claire-voie (2). Du reste, l'instruction que
présentait cette simple rangée des prophètes était assez grave pour qu'il fût permis de ne la rehausser
par aucun accessoire. Ces grands témoins de Jésus-Christ dans les temps qui ont précédé sa venue, ne
planaient pas en vain au-dessus des fidèles assemblés. Leur image rappelait des paroles que l'Église a

r

toujours redites (3) dès l'origine, en montrant l'Ecriture comme son titre de noblesse.

ARTICLE SECOND.

PLANCHES VINGT-QUATRIÈME ET DIX-NEUVIÈME — LA MÈRE DE DIEU.

206. Si l'on examine attentivement les diverses représentations de la sainte Vierge que nous a laisées
le moyen âge, il est impossible que l'on ne soit pas frappé de deux choses. Indiquons-les l'une après
l'autre, pour ceux qui ne les auraient pas suffisamment observées.

(1) Étude XII, fi g. H. Comme la petite dimension des person-
nages, dans notre réduction, ne permet pas de distinguer nette-
ment les paroles inscrites sur le lambel que déploie chaque pro-
phète à Saint-Cunibert de Cologne, nous les répéterons ici telles
que nous les avons relevées sur les lieux avec une attention
extrême. Le travail de notre lithographie était déjà fort avancé,
lorsque nous avons eu sous les yeux la planche que M. Sulpice
Boisserée a consacrée au même monument. (Denkm. d. Baukunst...
am Nîeder-Rhein, 1844? T. 72, S. 26, 27). Ne pouvant plus alors
faire une nouvelle vérification en Allemagne, nous avons cru
devoir maintenir cependant tous les détails de notre dessin. La
fidélité que l'un de nous y avait apportée en l'exécutant sur les
lieux, nous autorisait à ne pas nous donner tort, même en la
concurrence de l'habile antiquaire de Munich.

Pour restreindre aux seuls prophètes notre énumération des
personnages parlants, il suffira d'indiquer en général que les lam-
bels des anges font allusion à la Salutation angélique, à Y Hymne
angélique (Gloria in excelsis) et au récit de l'Ascension (Act. I, 11).
Sous le buste du Père éternel, on lit: «Hic est Filius meus dilectus
(Matth. XVII, 5).»

Voici maintenant les noms et les textes, tels qu'un examen
scrupuleux nous les avait dictés, avant que nous pensassions ren-
contrer un rival aussi grave que M. Boisserée. Aussi, exprimons-
nous encore quelque doute, sans toutefois nous dédire.

Près de l'Annonciation :

YSAIAS (XI, 1 ). Egredielur virga de radiée Jesse.
ABACVC (III, 3). Deus ab austro veniet.

Près de la Crèche :

EZECIIIEL (XLIV, p.). Dominus solus ingredietur per eam.

— [ JOH. BAPT., Joann. 1,29]. Ecce Agnus Dei, ecce qui tollit pecca-
tum mundi.

AMOS (IX, i3). In die illa stillabunt montes dulcedinem.

Près de la Croix :

IOHEL (III, 21). Dominus de Sion rugiet, et de Jérusalem dabit vocem
suam.

AGGEVS (II, 8). Ecce veniet desideratus cunctis. . .
Près de la Résurrection :

MICHEAS (I, 3). Ecce Dominus egredietur de loco suo.

— [DAVID, Ps. LXXV, g, 10]. Terra tremuit (....clu/n exsurgeret.. . . ?)
NAVM (I, i5). Ecce, super montes, pedes.. .

On reconnaît sans peine Aaron, Uavid et saint Jean-Baptiste,
quoiqu'ils ne soient pas nommés; mais rien n'annonce clairement
la présence des autres prophètes (Iheremias, Daniel, Osée, Ab-
dias, Jonas, Sophonias, Zacharias, Malachias). Quelques-uns
d'entre eux peuvent être censés trouver place parmi les person-
nages sans nom qui complètent le texte d'une figure voisine, ou
qui occupent des médaillons jetés vers le centre de la verrière.
D'ailleurs, l'artiste s'était imposé la tâche de faire entrer trois ou
quatre compositions dans un seul tableau où chacune d'elles se
trouvait forcée de céder quelque chose aux autres, ainsi que
nous l'avons vu daus la lancette centrale de l'abside de Lyon
{Etude VIII, fig. 4), p«'ir exemple. La généalogie de Notre-Seigneur,
ordinairement développée avec tant d'ampleur et de pompe, ne
devenait plus qu'une sorte de cadre. Franchissant tous les inter-
médiaires, on n'a pris que les deux termes extrêmes; et le fond
ordinaire de Xarbre de Jessé a fait place aux principales circons-
tances de l'Incarnation et de la Rédemption. Puis, comme si c'eût
été trop peu encore, on a voulu trouver de l'espace pour la Nou-
velle-Alliance, les prophètes et la prédication apostolique. Car les
évangélistes sont certainement indiqués par les quatre fleuves du
Paradis terrestre, Jehon, Fison, Nigris (sic?), Tigris, qu'on voit
assis au pied du vitrail. C'est là un point de symbolisme qui ne
peut arrêter aucun spectateur accoutumé au style du moyen âge.
Aussi, n'en avons-nous dit qu'un mot (n° 43, p. 75, sv.), lorsque
ce sujet s'est présenté sous notre plume.

Dans ce concours de tant de grandes choses, on ne doit pas
s'étonner si elles se gênent réciproquement; mais il faut que le
spectateur sache aider un artiste forcé d'abréger pour suffire à tout.

(2) Sans cette espèce de nécessité que nous imposent les pein-
tures de Bourges, et malgré l'exclusion que nous avons affecté de
donner à la sculpture dans cet ouvrage, nous aurions eu peine à
passer sous silence un travail publié tout récemment à Amiens par
MM. Jourdain et Duval. La Bible en main, ces deux prêtres ont
expliqué avec tant de sagacité toute une série de sculptures de
leur belle cathédrale, que je ne puis me refuser le plaisir d'indi-
quer au moins l'opuscule où ils ont exposé ces curieux aperçus. Il
a pour titre : Le Portail Saint-Honoré. . ... de la cathédrale
d'Amiens, 1844 •> hi-80.

(3) Ignat. Antioch., ad Magnes., 8, 9; ad Philadelph., 5, 9 (Gal-
land, 1.1, p. 273, 276, 278).— Justin. M., Apolog. I, 3i—l\\;Dial
c. Tryph., i3o—138, 24—26, 28, 29, 3i—34, 36—45, 5o—56

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