Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0242

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CHAPITRE SEPTIÈME.

PLANCHE SEPTIÈME. — L'APOCALYPSE,

OU LE RÈGNE DE JÉSUS-CHRIST PAR L'ÉGLISE.

128. Un auteur dont nous rappelions, il n'y a qu'un instant, les recherches sur les vitraux peints(1),
a dit, en parlant de la cathédrale à laquelle nous consacrons nos premières études : «Les nombreux
« sujets religieux des vitres de Bourges se retrouvent partout ailleurs, et n'offrent dans leur composi-
te tion aucun travail qui les singularise. » Nous croyons qu'il ne lui eût pas été facile de prouver son
assertion, et elle nous paraît surtout très-hasardée relativement à la verrière qu'il s'agit d'expliquer en
ce moment. Non pas certainement qu'il soit sans exemple que le livre de Y Apocalypse ait servi de
motif à la peinture sur verre; mais traité comme il l'est ici, on peut bien dire que, s'il se rencontre
ailleurs, il s'en faut bien qu'il se retrouve partout. Quant à nous, cette verrière nous paraît avoir été
si peu répétée, que nous serions assez portés à la tenir, telle qu'elle est, pour unique; et c'est à ce
titre que nous l'interpréterons rapidement, parce que l'intérêt de nos explications risquerait d'avoir trop
peu de portée pour trouver grâce aux yeux de certains lecteurs. D'ailleurs, le sujet est aussi simple
que majestueux; et, s'il prête à de vastes développements, il peut s'éclairer par une exposition de
quelques mots. Car ce qui paraît ici mériter surtout l'attention, c'est la netteté précise et la sobriété,
pour ainsi dire, de la conception générale.

Trois grandes scènes dominent les visions de saint Jean, et en tracent le partage; le peintre-verrier
de Bourges les a fort bien saisies : il les détache de leurs accessoires et les fait ressortir avec une
simplicité solennelle sur laquelle il serait difficile d'enchérir. Ce sont : i° la manifestation du Fils de
l'homme sur la terre, et sa parole (chap. I, 12—III); 20 sa grandeur dans le Ciel, et son action conti-
nue dans le temps (chap. IV—XVIII) pour gouverner le monde jusqu'à la consommation des âges;
3° son triomphe, enfin, et le règne immortel de ses serviteurs avec lui (chap. XIX-XXII), après que
les siècles auront achevé leur cours. Tout le reste se range autour de ces points de centre; et ce
n'est pas une petite preuve du mérite de notre artiste (2), que cette gravité qui lui fait exclure tout
objet de second rang pour mieux mettre en saillie ce qu'il y a de fondamental et de plus solide-
ment instructif. Il fallait un esprit solide et mûr, pour ne pas se laisser entraîner au désir de retra-
cer des visions merveilleuses et terribles, mais souvent énigmatiques et diversement interprétées par les
docteurs; tout ce qu'il présente a un caractère dogmatique irrécusable, et une portée pratique où la
contestation ne saurait pénétrer. S'il emprunte quelque circonstance à l'un des tableaux de saint Jean,
pour le faire passer dans un autre, c'est avec un discernement plein de modération et de sagesse.

129. Le texte de Y Apocalypse, et la marche la plus ordinaire à nos vitraux, font assez comprendre
que le groupe inférieur est le premier dans l'ordre des scènes. Le Fils de l'homme y apparaît au
milieu des sept flambeaux (3); le glaive à deux tranchants est dans sa bouche; et les sept anges des

(1) E. H. Langlois, /. cit., p. 146.

(2) Quand je parle d'artiste, de peintre-verrier, etc., j'imagine
que ma vraie pensée n'échappe pas au lecteur. Je prétends surtout
désigner le véritable auteur, quel qu'il soit : l'inventeur, celui qui
a tracé le programme, beaucoup plus que le metteur en œuvre.
L'art du moyen âge, avec son aspect schématique et son caractère
d'universalité, nous montre bien que l'abnégation des anciens
artistes dont les noms nous échappent si souvent, n'était pas tou-
jours de la modestie; c'était souvent conscience, vérité, justice
( Cs. n° 98, p. 177). Ainsi, lorsque cette dame gauloise dont parle
Grégoire de Tours [Hist. Fr., II, 17; ed. Ruinart, p. 70), dirigeait
les peintres de la basilique qu'elle avait élevée, leur montrant, la
Bible en main, ce qu'ils avaient à retracer sur les murailles, il est
probable qu'à l'indication du sujet principal elle joignait des avis
de détail pour l'exécution. Dès lors, en signant leur œuvre, les

peintres eussent évidemment donné le change à la postérité; le
véritable auteur n'était pas celui qui avait tenu le pinceau. De
même les populations qui ont laissé perdre les noms d'artistes que
notre curiosité aimerait à enregistrer aujourd'hui, n'ont été ni si
injustes ni si indifférentes que nous pourrions le croire. Elles
savaient que ces monuments n'étaient ni l'œuvre d'un homme, ni
même celle d'un corps : c'était l'ouvrage de la chrétienté, exécuté
par un de ses délégués au département de l'art; mais sur des ins-
tructions reçues de plus haut, et dont l'honneur revenait avant
tout au commettant.

(3) Apoc. I512, sqq. « Vidi septem candelabra aurea; et in me-

dio septem candelabrorum aureorum, similemFilio hominis.....

Et habebat in dextera sua stellas septem, et de ore ejus gladius
utraque parte acutus exibat, etc.» Cs. Apoc. II, 1.

Le globe ou disque supporté par la main gauche du Fils de
 
Annotationen