PLANCHE SEPTIÈME, L'APOCALYPSE
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Églises (i), ou du trône, l'entourent de leurs hommages. Mais le livre aux sept fermoirs(2) et le bap-
tême (3) sont empruntés à la seconde vision de saint Jean.
Le groupe central est consacré à la seconde scène de Y Apocalypse : le trône et les vingt-quatre
vieillards (4)- Il n'est pas nécessaire d'étudier beaucoup pour savoir que l'on s'accorde assez générale-
ment à voir dans ces vingt-quatre assesseurs les représentants de l'ancienne Loi et de la nouvelle (5) :
les patriarches et les apôtres, les écrivains des deux Testaments, etc.
Vers le sommet de la verrière, la durée se ferme; les temps sont accomplis (6), et .tout se fixe pour
l'éternité. Le maître vient recueillir sa moisson (7), et ses serviteurs ont séparé le bon grain; le grand
roi convoque ses amis au banquet, où ne seront admis que ceux qui ont revêtu la robe nuptiale (8).
La salle du festin s'ouvre pour les noces de l'Agneau; là, l'innocente ivresse sera sans terme, et la
joie sans mesure (9) dans les palais éternels.
Sur tout cet ensemble plane le double symbole du nombre mystérieux qui revient tant de fois dans
la Révélation de l'apôtre bien-aimé(10). Sept nuages et sept étoiles couronnent le vitrail, pour n'y rien
laisser entrer qui ne porte avec soi quelque chose de solennel et de sacré.
i3o. Cherchons à imiter la concision grave de notre modèle, afin de ne point lui ôter dans l'ex-
plication même, cet aspect austère et auguste qui saisit et fixe le regard. Aussi bien, pour lui accor-
der tous les développements qu'il mérite, il faudrait appeler à notre secours trop de monuments
étrangers; un exposé général de l'emploi de Y Apocalypse dans les arts se présenterait alors à nous,
et ne pourrait s'accommoder des limites où nous serions forcés de l'étreindre (11). Réservons ce travail
pour d'autres temps, et fournissons seulement le nécessaire. Nous avons au pied du vitrail l'établisse-
l'homme, est aujourd'hui en verre blanc. Le vitrail, dans son état Perg-> in Exod. XV, 14 (D. Pez, V, 2172).— Gloss., in h. I.—Alcuin.,
primitif, représentait peut-être les sept étoiles sur la pièce de verre op. cit., cap. 4 (Mai, /. cit., 293).— Pseudo-Augustin., in Apoc,
actuellement remplacée par ce disque muet. Peut-être aussi ce homil. 2 et 3 (t. III, Appendix, p. 162, 164).—Ambros. Autpert.,
globe indiquait-il tout simplement le prince des rois de la terre in Apoc.,\\h. III (Bibl. PP. XIII, 4^5). — Etc., etc.
(Apoc. I, 5). Cs. Apoc. XVII, i4; XIX, 16.—I Tim. VI, i5.—Etc. (4) Apoc. IV, i,sqq. «Post hœc vidi : et ecce ostium apertum in
Quant au glaive à deux tranchants (Apoc, /. cit.] XIX, i5.— cœlo.... Et ecce sedes posita erat in cœlo, et supra sedem sedens.
Ilebr. IV, 12), qui semblerait désigner une épée à double lame, «. . . . Et iris erat in circuitu sedis.....Et in circuitu sedis se-
dont la poignée serait au milieu (Cs. Judic. III, 16), le peintre y dilia viginti quatuor; et super thronos viginti quatuor seniores
a vu un espadon. Sur la lame, près de la poignée, est un £2 pré- sedentes.....
cédé d'une lettre peu distincte : je ne sais s'il faut lire AQ, ou bien » Et de throno procedebant fulgura et voces. ... Et in medio
LIN (celui qui est, Apoc. I, 4, 8.) écrit de droite à gauche. Cs. n° 133. sedis et in circuitu sedis, quatuor animalia, etc. »
(1) Apoc. I, 20. «Sacramentum septem stellarum quas vidisti in Les foudres et les éclairs ont été traduits en larges flammes qui
dextera mea, et septem candelabra aurea : septem stellœ, angeli s'échappent des mains de Jésus-Christ;et les quatre animaux évan-
sunt septem ecclesiarum; et candelabra septem, septem ecclesiœ géliques ont été compris parmi les vingt-quatre vieillards. Ils me
sunt.»—Apoc. III, 1 «... Hœc dicit qui habet septem spiritus Dei paraissent désignés par les personnages qui tiennent des espèces
et septem stellas. »—Ibid. 1, 4- «Joannes septem ecclcsiis quœ de diptyques ouverts; d'autant plus que sous les pieds de l'un
sunt in Asia : Gratia vobis et pax ab eo qui est, et qui erat, et qui d'entre eux on lit encore le nom de saint Matthieu. Cet indice
venturus est; et a septem spiritibus qui in couspectu tbroni ejus permet de conclure que les noms des trois autres évangélistes
sunt." — Tob. XII, i5. — Etc. Cs. n° 135. avaient été tracés aussi bien que celui-là.
(2) Apoc. 5, 1. « Et vidi, in dextera sedentis supra thronum, (5) Rupert., in Apocal, libr. III. — Brun. Astens., libr. II (Bibl.
librum scriptum intus et foris, signatum sigillis septem. Etc.» Dans PP. XX, 1684).—Gloss.,m h. I.—Alcuin. (/. cit., p. 292).— Ambros.
la première vision c'est également la main droite qui porte les sept Autp. (Bibl. PP. XIII, 464). —Etc.
étoiles. Ce pourrait être une raison de douter que les étoiles aient (6) Apoc. XIX, 6, sqq. «... Alléluia : quoniam régna vit Domi-
été figurées sur le globe que tient la main gauche; d'autant que nus Deus noster omnipotens. Gaudeamus et exultemus,et demus
du côté droit on pourrait trouver une autre allusion aux sept gloriam ei; quia venerunt nuptiœ Agni, et uxor ejus prœparavit
étoiles dans les sept personnages nimbés qui s'avancent vers le Fils se.....Beati qui ad ccenam nuptiarum Agni vocati sunt.—Etc.»
de l'homme en portant chacun un livre. Cs. n° 135. Cs. Apoc. XIV, 7; X, 6.
Quant à la forme du livre qui est en la main du Fils de l'homme, (7) Matth. XIII, 24—43; III, 10, 12. —Luc. III, 17. Cs. Apoc.
elle est un peu plus reconnaissable dans le vitrail qu'elle ne pa- 7, 14—20. — Is. IX, 3. — Joann. IV, 38. — Etc.
rait l'être dans la lithographie : la partie supérieure offre quelque (8) Apoc. XIX, 9; XX, i5; XXI, 7, 8, 27; XXII, 3, 11, 14, i5;
indice de la tranche des feuillets. VII, i3—15. Cs. Matth. XXII, 1—i3;XXV, 1—13. —Luc. XII,
Il est évident que pour le peintre de Bourges, comme pour bien 35—38. —Etc.
d'autres, ce livre est le symbole de l'Écriture sainte. Cs. Rupert., (9) Apoc. XXI, 1—4, 7, 9—14; XXII, 1—5; VII, 16, 17. Cs.
in Apoc, libr. IV. — Berengaud., in Apoc, vis. 3 (Ambros. Opp., Prov. IX, 1—5. — Isai. LXVI, 10—\[\. — Ps.XXXV,9. — Etc.
t. II, Appendix, 5i8). — Brun. Astens., in Apoc, libr. I ( Bibl. (10) Apoc. 1,4, 12, i6;IV,5;V, 1, 6; VIII, 2; X, 3; XI, i3;XII,
PP. XX, i685 ).— Alcuin., in Apoc, cap. 5 (ap. Mai, Nova col- 3; XV, 1, 7, 8, etc. Ce nombre est devenu tellement caractéristique
lect. . .. Vatic, t. IX, p. 296). —Gloss., in h. I. —Etc., etc. de saint Jean, que le moyen âge a souvent peint cet apôtre ayant
(3) Apoc. IV, 6. «Et in conspectu sedis tamquam mare vitreum près de lui sept petites églises, qui forment son attribut distinctif
simile crystallo. » Cs. Apoc. XXII, 1, 2. Rien n'est plus ordinaire dans quelques vitraux.
parmi les écrivains ecclésiastiques que de montrer dans cette mer (11) Tous ceux qui ont réfléchi, les écrivains ecclésiastiques à
de cristal un symbole du baptême. On en sera moins surpris si la main, sur l'art du moyen âge, savent très-bien qu'on serait ridi-
l'on songe à l'usage primitif, longtemps conservé dans l'Eglise, cule à vouloir traiter comme par épisode l'influence de XApoca-
de baptiser par immersion. Cs. Rupert., op. cit., libr. III.—Brun. lypse sur les œuvres des artistes chrétiens. Pour moi, j'avoue ne
Astens., op. cit., libr. II (Bibl. PP. XX, 1684). — Gerhoh. Reichers- pas comprendre comment il se peut faire que le savant Augusti
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Églises (i), ou du trône, l'entourent de leurs hommages. Mais le livre aux sept fermoirs(2) et le bap-
tême (3) sont empruntés à la seconde vision de saint Jean.
Le groupe central est consacré à la seconde scène de Y Apocalypse : le trône et les vingt-quatre
vieillards (4)- Il n'est pas nécessaire d'étudier beaucoup pour savoir que l'on s'accorde assez générale-
ment à voir dans ces vingt-quatre assesseurs les représentants de l'ancienne Loi et de la nouvelle (5) :
les patriarches et les apôtres, les écrivains des deux Testaments, etc.
Vers le sommet de la verrière, la durée se ferme; les temps sont accomplis (6), et .tout se fixe pour
l'éternité. Le maître vient recueillir sa moisson (7), et ses serviteurs ont séparé le bon grain; le grand
roi convoque ses amis au banquet, où ne seront admis que ceux qui ont revêtu la robe nuptiale (8).
La salle du festin s'ouvre pour les noces de l'Agneau; là, l'innocente ivresse sera sans terme, et la
joie sans mesure (9) dans les palais éternels.
Sur tout cet ensemble plane le double symbole du nombre mystérieux qui revient tant de fois dans
la Révélation de l'apôtre bien-aimé(10). Sept nuages et sept étoiles couronnent le vitrail, pour n'y rien
laisser entrer qui ne porte avec soi quelque chose de solennel et de sacré.
i3o. Cherchons à imiter la concision grave de notre modèle, afin de ne point lui ôter dans l'ex-
plication même, cet aspect austère et auguste qui saisit et fixe le regard. Aussi bien, pour lui accor-
der tous les développements qu'il mérite, il faudrait appeler à notre secours trop de monuments
étrangers; un exposé général de l'emploi de Y Apocalypse dans les arts se présenterait alors à nous,
et ne pourrait s'accommoder des limites où nous serions forcés de l'étreindre (11). Réservons ce travail
pour d'autres temps, et fournissons seulement le nécessaire. Nous avons au pied du vitrail l'établisse-
l'homme, est aujourd'hui en verre blanc. Le vitrail, dans son état Perg-> in Exod. XV, 14 (D. Pez, V, 2172).— Gloss., in h. I.—Alcuin.,
primitif, représentait peut-être les sept étoiles sur la pièce de verre op. cit., cap. 4 (Mai, /. cit., 293).— Pseudo-Augustin., in Apoc,
actuellement remplacée par ce disque muet. Peut-être aussi ce homil. 2 et 3 (t. III, Appendix, p. 162, 164).—Ambros. Autpert.,
globe indiquait-il tout simplement le prince des rois de la terre in Apoc.,\\h. III (Bibl. PP. XIII, 4^5). — Etc., etc.
(Apoc. I, 5). Cs. Apoc. XVII, i4; XIX, 16.—I Tim. VI, i5.—Etc. (4) Apoc. IV, i,sqq. «Post hœc vidi : et ecce ostium apertum in
Quant au glaive à deux tranchants (Apoc, /. cit.] XIX, i5.— cœlo.... Et ecce sedes posita erat in cœlo, et supra sedem sedens.
Ilebr. IV, 12), qui semblerait désigner une épée à double lame, «. . . . Et iris erat in circuitu sedis.....Et in circuitu sedis se-
dont la poignée serait au milieu (Cs. Judic. III, 16), le peintre y dilia viginti quatuor; et super thronos viginti quatuor seniores
a vu un espadon. Sur la lame, près de la poignée, est un £2 pré- sedentes.....
cédé d'une lettre peu distincte : je ne sais s'il faut lire AQ, ou bien » Et de throno procedebant fulgura et voces. ... Et in medio
LIN (celui qui est, Apoc. I, 4, 8.) écrit de droite à gauche. Cs. n° 133. sedis et in circuitu sedis, quatuor animalia, etc. »
(1) Apoc. I, 20. «Sacramentum septem stellarum quas vidisti in Les foudres et les éclairs ont été traduits en larges flammes qui
dextera mea, et septem candelabra aurea : septem stellœ, angeli s'échappent des mains de Jésus-Christ;et les quatre animaux évan-
sunt septem ecclesiarum; et candelabra septem, septem ecclesiœ géliques ont été compris parmi les vingt-quatre vieillards. Ils me
sunt.»—Apoc. III, 1 «... Hœc dicit qui habet septem spiritus Dei paraissent désignés par les personnages qui tiennent des espèces
et septem stellas. »—Ibid. 1, 4- «Joannes septem ecclcsiis quœ de diptyques ouverts; d'autant plus que sous les pieds de l'un
sunt in Asia : Gratia vobis et pax ab eo qui est, et qui erat, et qui d'entre eux on lit encore le nom de saint Matthieu. Cet indice
venturus est; et a septem spiritibus qui in couspectu tbroni ejus permet de conclure que les noms des trois autres évangélistes
sunt." — Tob. XII, i5. — Etc. Cs. n° 135. avaient été tracés aussi bien que celui-là.
(2) Apoc. 5, 1. « Et vidi, in dextera sedentis supra thronum, (5) Rupert., in Apocal, libr. III. — Brun. Astens., libr. II (Bibl.
librum scriptum intus et foris, signatum sigillis septem. Etc.» Dans PP. XX, 1684).—Gloss.,m h. I.—Alcuin. (/. cit., p. 292).— Ambros.
la première vision c'est également la main droite qui porte les sept Autp. (Bibl. PP. XIII, 464). —Etc.
étoiles. Ce pourrait être une raison de douter que les étoiles aient (6) Apoc. XIX, 6, sqq. «... Alléluia : quoniam régna vit Domi-
été figurées sur le globe que tient la main gauche; d'autant que nus Deus noster omnipotens. Gaudeamus et exultemus,et demus
du côté droit on pourrait trouver une autre allusion aux sept gloriam ei; quia venerunt nuptiœ Agni, et uxor ejus prœparavit
étoiles dans les sept personnages nimbés qui s'avancent vers le Fils se.....Beati qui ad ccenam nuptiarum Agni vocati sunt.—Etc.»
de l'homme en portant chacun un livre. Cs. n° 135. Cs. Apoc. XIV, 7; X, 6.
Quant à la forme du livre qui est en la main du Fils de l'homme, (7) Matth. XIII, 24—43; III, 10, 12. —Luc. III, 17. Cs. Apoc.
elle est un peu plus reconnaissable dans le vitrail qu'elle ne pa- 7, 14—20. — Is. IX, 3. — Joann. IV, 38. — Etc.
rait l'être dans la lithographie : la partie supérieure offre quelque (8) Apoc. XIX, 9; XX, i5; XXI, 7, 8, 27; XXII, 3, 11, 14, i5;
indice de la tranche des feuillets. VII, i3—15. Cs. Matth. XXII, 1—i3;XXV, 1—13. —Luc. XII,
Il est évident que pour le peintre de Bourges, comme pour bien 35—38. —Etc.
d'autres, ce livre est le symbole de l'Écriture sainte. Cs. Rupert., (9) Apoc. XXI, 1—4, 7, 9—14; XXII, 1—5; VII, 16, 17. Cs.
in Apoc, libr. IV. — Berengaud., in Apoc, vis. 3 (Ambros. Opp., Prov. IX, 1—5. — Isai. LXVI, 10—\[\. — Ps.XXXV,9. — Etc.
t. II, Appendix, 5i8). — Brun. Astens., in Apoc, libr. I ( Bibl. (10) Apoc. 1,4, 12, i6;IV,5;V, 1, 6; VIII, 2; X, 3; XI, i3;XII,
PP. XX, i685 ).— Alcuin., in Apoc, cap. 5 (ap. Mai, Nova col- 3; XV, 1, 7, 8, etc. Ce nombre est devenu tellement caractéristique
lect. . .. Vatic, t. IX, p. 296). —Gloss., in h. I. —Etc., etc. de saint Jean, que le moyen âge a souvent peint cet apôtre ayant
(3) Apoc. IV, 6. «Et in conspectu sedis tamquam mare vitreum près de lui sept petites églises, qui forment son attribut distinctif
simile crystallo. » Cs. Apoc. XXII, 1, 2. Rien n'est plus ordinaire dans quelques vitraux.
parmi les écrivains ecclésiastiques que de montrer dans cette mer (11) Tous ceux qui ont réfléchi, les écrivains ecclésiastiques à
de cristal un symbole du baptême. On en sera moins surpris si la main, sur l'art du moyen âge, savent très-bien qu'on serait ridi-
l'on songe à l'usage primitif, longtemps conservé dans l'Eglise, cule à vouloir traiter comme par épisode l'influence de XApoca-
de baptiser par immersion. Cs. Rupert., op. cit., libr. III.—Brun. lypse sur les œuvres des artistes chrétiens. Pour moi, j'avoue ne
Astens., op. cit., libr. II (Bibl. PP. XX, 1684). — Gerhoh. Reichers- pas comprendre comment il se peut faire que le savant Augusti
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