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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0315

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CHAPITRE DIX-HUITIÈME.

CLAIRE-VOIE DE LA HAUTE-NEF.

ARTICLE PREMIER.
PLANCHES VINGTIÈME A VINGT-TROISIÈME. — PROPHÈTES.

« t)or ïirrisstg 3al)rfn toar ï>ie Ôibfl unbrkant, tiic
flrnph/tm uttgrnant, unîr cjfljaltm aie voacn su un-
muglirl) ?u txrrstcljcit. »

Colloquia, o&er tljristlicljc, nfit}lfrljc £i«rtjrtbtn Doctoris
Martini Lutheri. Ihena, i5gi.

Cap. XXXIII, Don bem 2lntirl)ri»t uni flopstljumb jh
Rom (p. 352).

2o5. Que le docteur Martin Luther, après boire, se donnât la récréation d'annoncer qu'on avait eu
besoin de lui pour connaître les noms des prophètes, ce pourrait être une jovialité assez originale, s'il
ne s'agissait d'un réformateur; mais quelle foi bizarre ne fallait-il pas en la parole de ce symposiarque
pour que ses commensaux prissent le soin de transmettre à la postérité une pareille impertinence de
leur maître? Si l'on voulait la faire passer pour supportable au moins en Saxe, il y aurait à imaginer
que cette partie de la chrétienté ne ressemblait guère aux autres. Car, assurément, il s'en fallait de
beaucoup que la cathédrale de Bourges fût l'unique église où les noms des prophètes se trouvassent
constamment sous les yeux du peuple(i) en lettres grandes comme la main. L'Allemagne, à elle seule,
pouvait en donner plus d'un exemple; et je ne serais pas surpris que la Saxe même en offrît plu-
sieurs, qui, peut-être, y subsistent encore aujourd'hui.

Mais laissons cet homme, auquel il a été donné de faire tant de mal en se jouant; tant il était peu
question de raisons dans la grande rupture qui entraîna le nord de l'Allemagne au xvie siècle!

C'était un grand spectacle, et un magnifique enseignement pour le fidèle, que cette série continue
formée depuis le Sinaï jusqu'à nous par les prophètes, les apôtres et la succession des évêques sur un
même siège. Ailleurs, Joseph, Jacob, lsaac, Abraham, Noé, Adam, rattachaient cette chaîne à l'instant
où l'homme sortit des mains de Dieu. Ainsi, une suite non interrompue de patriarches, de prophètes
et de pontifes, depuis le commencement du monde, témoigne que Jésus-Christ qui est le salut aujour-
d'hui, l'était aussi dans le passé, et le sera à jamais(2). Le fil de la vérité ne s'est jamais rompu, et
dans cette marche solennelle des temps qui s'acheminent vers le Messie, ou en descendent, toute la
différence c'est que la bonne nouvelle était promesse jadis, et qu'aujourd'hui elle est histoire. C'est
là ce que peignent vivement à Chartres des figures regardées, peut-être, par des hommes superficiels,
comme une imagination bizarre et grotesque : les quatre grands prophètes portant sur leurs épaules
les quatre évangélistes. Expression hardie, sans doute, un peu sauvage même, mais pleine d'instruc-
tion et de grandeur, pour montrer aux esprits les plus lents que l'Évangile et la prophétie diffèrent
uniquement par les époques (3). L'une est le support, l'autre le couronnement; c'est par les pieds du
prophète, pour ainsi dire, que l'évangéliste fait son entrée dans le monde.

(1) Si l'on pouvait songer à dresser une nomenclature de tous
les lieux où ces représentations se retrouvent encore sous diverses
formes, il faudrait nommer à peu près toutes les grandes basi-
liques du moyen âge qui ont conservé leur ancienne ornementa-
tion. Il en est même qui les reproduisent comme à satiété, car on
ne croyait pas pouvoir trop répéter l'importante instruction que
renfermait ce spectacle. Sculptures, vitraux, châsses, tout s'ef-
forçait de redire ainsi que Jésus-Christ est le centre des deux
Testaments; et le moine Théophile (si c'est lui), vers le xivc siècle,
propose ce motif pour le ciseleur qui voudrait historier richement

un encensoir. Cs. Theophil. Divers, art. sched., libr. III, cap. 60,
de Thurib. (ed. cit., p. 212, sq.)

On reconnaîtra aisément dans les beaux restes d'une verrière
du xiie siècle à Châlons-sur-Marne, que reproduit notre douzième
planche & étude (fig. B), un fragment dune série de prophètes.
Isaïe seul subsiste encore; il aperçoit le Seigneur dans la nuée, et
annonce la Fuite en Egypte (Isai. XIX, 1 ). « Ecce Dominus as-
cendet super nubem levem, et ingredietur ./Egyptum, etc. »

(2) Hebr. XIII, 8; I, 1,2; III, 1—6. —-Eph. II, 19—22.— Etc.

(3) J'ai déjà fait remarquer (nos 48, 135, etc.; p. 87, 229, etc.) à

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