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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0254

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CHAPITRE HUITIÈME.

PLANCHES HUITIÈME, SEIZIÈME, ETC. — SAINT ETIENNE.

137. Saint Etienne étant le patron de la cathédrale de Bourges, il ne faut pas s'étonner de le voir
reparaître plusieurs fois dans sa basilique. Mais on peut dire que la dévotion des peintres sur verre
ne lui a pas fait faute. Nous avons une portion considérable du vitrail qui était consacré à sa vie
(Pl. XVI, A), et la légende de Y Invention de ses reliques (Pl. VIII); au fond de l'abside (Pl. XXIV), il
porte le modèle quelconque de l'édifice consacré sous son invocation, et se tient auprès de la mère
de Dieu. Nous le retrouvons encore parmi les évêques de Bourges, qui ont enseigné dans son église
(Pl. XVII); et là on a placé en face de lui saint Laurent, peut-être à cause de l'abbaye consacrée à
cet autre diacre martyr dans la ville de Bourges; mais la dévotion à saint Laurent s'alliait souvent aux
honneurs rendus à saint Étienne. Puis, dans une rose (PI. XXVIII) on lui associe saint Vincent comme pour
compléter son cortège par cet autre héros chrétien de son ordre.

On nous permettra de ne pas nous abandonner à l'entraînement de l'exemple pour cette pieuse
profusion. Notre principale tâche est presque terminée, puisque nous avons fait passer sous les yeux
de nos lecteurs toutes les verrières théologiques qui subsistent encore à Bourges, et la plupart de
celles qu'y inspira le grave symbolisme du xme siècle. Désormais nous ne dépasserons guère ce
qu'exigera strictement l'explication des peintures qui nous restent à parcourir. Or, la vie du patron
de notre basilique ne nous étant connue que par les livres saints, il faudrait être fort étranger à
l'histoire la plus élémentaire de la religion, pour ne pas reconnaître immédiatement dans les verrières
de son martyre (Pl. XVI, A; Étude VIII, lancette 3), quelque mutilées qu'elles soient, les divers traits
qu'en rapportent les Actes des apôtres (1).

Même pour Y Invention des reliques de saint Étienne (Pl. VIII), dont les détails sont beaucoup moins
répandus, il pourra suffire de mettre le spectateur sur la voie d'une interprétation qu'il est facile de
vérifier dans plusieurs ouvrages célèbres et connus de tous les hommes instruits (2).

i38. La signature du vitrail désigne les fontainiers. Leur profession devait avoir quelque importance
dans une ville située sur une hauteur, et presque entourée de marais. Aussi voyons-nous au xvie siècle
un fontainier italien établi à Bourges, épouser la fille unique du fameux Cujas(3).

Il n'y a pas lieu de douter que le médaillon actuellement placé au bas du groupe inférieur n'ait
été échangé contre celui qui occupe la place correspondante dans le groupe central. Si l'on suppose
ce dérangement corrigé, on aura moins de peine à retrouver la suite des événements dans la succes-
sion naturelle des divers tableaux. Ce sera d'abord la vision du prêtre Lucien. Il repose près de
l'église confiée à ses soins (4)? et Gamaliel lui apparaît tel, à peu de chose près, que le dépeint la
narration ancienne, tenant en main la verge d'or dont il se sert pour fixer l'attention du prêtre(5).

(1) Act. VI, VII. Dans la verrière de Lyon [Étude VIII, 3), un
médaillon représente saint Etienne devant un évêque. Peut-être
a-t-on voulu peindre l'ordination de ce premier archidiacre de
l'Eglise, ou primicier de l'ordre des diacres, comme l'appelle
Jacques de Varazze, entre autres. Mais, s'il en était ainsi, cette
scène n'aurait pas aujourd'hui la place que lui assigne la série des
faits. Quoi qu'il en soit, j'y verrais, en attendant mieux, une
traduction de ces paroles que l'hymne de Notker(ap. D. Pez,t. I,
P. I, p. 10) avait apprises à tout le monde :

Te Petrus Christi ministrum statuit. »

Et, en effet, cette scène a été placée à Chartres dans la verrière
de Saint-Etienne, si je ne me trompe.

Du reste, nous avons donné une verrière complète de Saint-
Etienne en publiant l'abside de la cathédrale de Senst^ÈYaûfeXVIjA).

(2) Outre la relation primitive du prêtre Lucien, dont la version
contemporaine a été publiée avec les œuvres de saint Augustin
(Opp. t. VII, Appendix 1, sqq.), on peut consulter Baronius

(Martyrol., 3 August.—Annal. Eccles., A, 415, I—XVII), Tille-
mont ( Mémoires pour servir à fhist. eccl.; Paris, 1701 —1712,
t. II, 5o5, etc.), Orsi (Ist. eccl, libr. XXV, n° 118; t. XI, Rom.
1753, p. 268, etc., etc.) On y verra qu'il serait tout à fait dérai-
sonnable de révoquer en doute l'authenticité de cette narration.

(3) Il est vrai que cette malencontreuse héritière du célèbre
jurisconsulte n'a pas joui d'une réputation qui puisse la faire
croire difficile sur le fait d'une mésalliance; mais, outre que son
père ne l'avait pas laissée précisément dans l'indigence, son second
mari, le fontainier, était un gentilhomme florentin(Cs. Labouvrie,
op. cit., p. 182, sv.). Nouveau motif de croire que cette profes-
sion n'entraînait point une existence abjecte.

(4) Augustin. Opp., t. VII, Append., p. 3. « Adveniente nocte
dormiens in cubili meo, in loco sancto baptisterii : in quo con-
suetudo erat mihi dormire et custodire ecclesiastica quas erant in
ministerio, etc.» Une énorme coupe placée derrière le mur auquel
s'adosse l'autel, semble indiquer le secretarium de la basilique.

(5) Lucian., loc cit., 3, 4-
 
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