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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0255

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PLANCHE HUITIÈME, SAINT ÉTIENNE.

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La croix tracée sur son vêtement, la couleur blanche de sa robe, et les riches bandes de broderie
qui l'ornent, sont autant de circonstances détaillées par le récit authentique (i). Sa tête, qui se
détourne vers le médaillon voisin (2), doit porter nos yeux et nos pensées vers les deux scènes qui
surmontent celle de l'apparition, et nous y lirons les paroles de Gamaliel à Lucien : le soin que prit
le Ciel de dérober le corps de saint Étienne aux atteintes des animaux carnassiers (3), et la sépulture
qui lui fut donnée à Caphargamala (4)-

Les corbeilles de fleurs (dans le premier médaillon) appartiennent à la seconde vision (5). Mais au
lieu de quatre dont parle la relation ancienne, nous n'en avons ici que trois. Celle que tient Gamaliel
paraît désigner saint Étienne et son martyre (6); je vois bien une corbeille d'argent, mais non pas
remplie de safran, comme l'exigerait le texte (7) si on avait voulu le suivre scrupuleusement. La cou-
leur bleue de la troisième paraît être une invention du peintre, qui, tout occupé de saint Étienne,
aura bien pu négliger les faits étrangers au patron de la cathédrale.

Au sommet de ce même groupe, Lucien se présente devant l'évêque Jean de Jérusalem pour lui
faire part de ce qui lui a été révélé; et il reçoit l'ordre de réserver pour la métropole le corps de
saint Étienne (8).

Les petits médaillons latéraux montrent les fouilles dirigées par Lucien sur de nouvelles indications
que lui transmet le solitaire Migetius instruit par Gamaliel (9); et les tombeaux sont trouvés, après de
premières recherches restées sans succès.

En passant au groupe central, si nous prenons soin de restituer à sa vraie situation le médaillon
placé actuellement au pied du vitrail, nous reconnaîtrons la vérification faite par l'évêque de Jérusa-
lem, qui vient assister à la levée des ossements (10). Les deux scènes supérieures n'en font qu'une; c'est
la déposition des reliques de saint Étienne dans une châsse, que viennent vénérer le clergé et le
peuple (11). Un artifice quelque peu intelligible indique la pluie qui vint, alors même, faire cesser une
sécheresse dont la Palestine était affligée depuis longtemps (12).

i3g. Là se termine tout ce que nous apprend la lettre du prêtre Lucien. Ce qui suit ne remonte
pas à une source aussi grave, et, d'ailleurs, les faits que l'on y retrace n'auraient pu se passer que
plusieurs années après l'époque de la première relation. C'est donc une seconde partie tout à fait

(1) Id., ibid.

(2) Qu'on se rappelle que je suppose ce médaillon placé au bas
du groupe inférieur; situation qui a dû lui être donnée dans la
pose primitive. Cela me paraît hors de doute.

(3) L'ange paraît être là bien moins pour enlever l'âme du mar-
tyr que pour commander le respect aux bêtes qu'avait attirées
la vue du cadavre.

(4) Lucian., /. c, n° 3 (p. 5, 6).

(5) Le peintre aura accumulé en un seul tableau les circons-
tances de diverses visions, pour ne pas multiplier des scènes qui
eussent été trop semblables les unes aux autres, et dont la répé-
tition n'eût pas avancé l'exposé des faits. Il trouvait, d'ailleurs, le
modèle de cette abréviation dans plusieurs narrateurs qui l'avaient
précédé.

(6) Lucian., /. c, n° 4 (p- 53 7, 8).

(7) Id., ibid. Les corbeilles désignaient la place des tombeaux,
et les divers corps qu'on devait y trouver.

Un fort beau reste de vitrail du xiie siècle, à la cathédrale de
Châlons-sur-Marne, distingue bien les trois corbeilles d'or et la
quatrième d'argent. Là, comme dans XEvangéliaire de Bruxelles,
dont je parlerai tout à l'heure, Gamaliel est le seul personnage
qui soit nimbé; mais on ne voit point de croix sur ses vêtements.

(8) Ib.,n°6(p. 7, 9, 10).

(9) Ib., nos 7 et 8 (p. 9, 10). Sans vouloir affirmer quelle a été
l'intention du peintre relativement à l'ordre de priorité entre ces
deux médaillons, je pense que les premières fouilles, faites sans
résultat avant l'avis de Migetius, n'ont pas trouvé place dans la
verrière. En ce cas, la marche des événements devra conduire
l'œil ici de droite à gauche, pour que la venue du solitaire pré-
cède la découverte des tombeaux. Je suis porté à cette supposition
par les miniatures d'un Evangéliaire du ixe ou du xe siècle,
actuellement dans la Bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles
(n° 942,8). Le sujet qui nous occupe y est représenté en sept
tableaux, dont voici le détail :

i° Avec cette inscription : Locutus est Dominus in visione sanc-
tis suis, apparition de Gamaiihel (sic). Il porte une longue barbe,
comme l'indique la relation de Lucien; et sa tête est nimbée. Mais
on ne voit point de croix sur sa robe. Une espèce d'étole gem -
mée descend des deux côtés jusque sur ses pieds. Il touche de sa
baguette le prêtre endormi. Ce dernier est dans un lit; une lampe
suspendue à la voûte et un autel montrent que la scène se passe
dans l'église.

i° Hic fert pontijici Lucianus visa Johanni. L'évêque sur son
trône écoute les paroles de Lucien.

3° Quœsivi eum, et non est inventus locus ejus. Lucien, accom-
pagné de trois travailleurs, creuse le flanc d'un monticule.

4° (Aucune inscription). Migetius, dans son lit, voit apparaître
Gamaliel (toujours nimbé) qui tient de la main gauche un disque.

5° Alter adest testis monstrans loca plena beatis. Migetius (ou
Micetius), la tête couverte d'un capuchon, vient instruire le prêtre
Lucien; et quatre travailleurs mettent à découvert quatre tom-
beaux.

6° Multi curantur dum corpora sacra levantur. Translation des
corps portés sur les épaules d'un grand nombre de diacres. Un
prêtre et un évêque marchent près du brancard, et une foule
d'estropiés et d'infirmes élèvent les mains vers le convoi. Cs. Lu-
cian, loc. cit., n° 8 (p. 9, 12).

70 Factus est in pace locus ejus, et habitatio ejus in Sjon (sic).
Déposition solennelle du corps de saint Etienne dans l'église de
Jérusalem au milieu d'un clergé nombreux.

Dans cette série de peintures aucun tombeau ne se rencontre
avant la venue de Migetius. Les fouilles où l'on met à découvert
un sépulcre, dans le vitrail de Bourges, peuvent donc être sup-
posées postérieures au nouvel avis qui est donné à Lucien par le
solitaire.

(10) Lucian., /. cit., n° 8 (p. 9, 10).

(11) Ibid., /. cit.

(12) Ibid., n°9 (p. 9).

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