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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0322

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CHAPITRE DIX-NEUVIÈME.

PLANCHES VINGT-SEPTIÈME A TRENTE-TROISIÈME. — MÉLANGES.

209. Tout ce qui pourrait prêter encore à d'utiles développements dans les vitraux et les fragments
de nos cinq dernières planches, ne présente plus un ensemble suffisant sous le rapport du symbolisme (1),
et le symbolisme est surtout ce qui nous occupe dans ce volume. Quelques scènes isolées de sujets à
légendes s'expliquent suffisamment à l'aide de nos chapitres précédents (2), ou réclament une place à
part dans des recherches iconographiques.

Resterait l'ornementation,que nous avons respectée au point d'en recueillir avec amour les plus minces
fragments (3). Elle méritait, du reste, ce soin, et le développement que nous lui avons donné, soit
dans nos planches XXIXe à XXXIIIe, soit dans les sept feuilles de grisailles qui accompagnent nos
Études (4), soit dans les mosaïques, fleurons, bordures, etc., qui occupent treize pages, parfois bien
pressées, révèle une fécondité dont plusieurs ne soupçonnaient point peut-être l'existence dans ces
âges où il semble qu'on en devait être encore à s'essayer. Nous terminerons donc par une revue de ce
que nous avons pu réunir en ce genre, sans préjudice pour les travaux d'ensemble qui formeront un
jour des collections plus nombreuses, plus variées, et propres à caractériser les diverses phases de la
peinture sur verre au moyen âge (5).

Les cinq roses (pl. XXIV, XXIX, XXX) qui, dans la claire-voie de la haute nef, couronnent les lan-
cettes géminées du rond-point, nous paraissent composées avec une élégante simplicité de formes et une
harmonie de couleurs dignes d'être proposées pour modèle à Fart renaissant de la peinture sur verre.
Elles doivent, à notre avis, prendre place dans l'élite des produits de la décoration polychrome à la
plus belle époque de l'architecture ogivale. Le système de fenêtrage où elles se découpent est en parfait
rapport avec celui des verrières, et annonce un art parvenu à cette heureuse maturité qui associe à
la grâce la fermeté des lignes, et sait assouplir sous les lois d'une raison sévère les caprices d'une
imagination féconde, en mariant la richesse des détails à la simplicité de l'ordonnance générale. Ainsi,

(1) Dans les médaillons historiés des planches XXXI et XXXIII, perie dans un sujet très-mutilé, dont le style annonce le xne siècle;
par exemple, ces joueurs d'instruments qui portent des couronnes, C est le spécimen du ruban qui surmonte la scène de la bonne-
paraissent être l'ébauche ou le reste d'une de ces grandes compo- mort au pied de la verrière du jugement (Pl. III); F est la décora-
sitions où le xne siècle et le xme aiment à déployer le triomphe de tion du trône de David vers le sommet du vitrail de la Nouvelle-
Jésus-Christ et de la très-sainte Vierge. Alliance (Pl. I); et des morceaux épars d'anciennes verrières ont

Dans la planche & Etude XVII (abside d'Auxerre), deux roses fourni les détails D, G, I, qui paraissent avoir appartenu à des

qui réunissent les arts et les sciences, les vertus et les vices, exi- draperies du xne siècle.

géraient un complément où il faudrait admettre la sculpture. (4) Quatre autres grisailles font partie de YÉtude XI.

Ce sera l'objet d'un autre travail. (5) On comprend aisément que pour apprécier, comme il le

Les mystères de la vie de Notre-Seigneur [Etudes VIII, XII, faudrait, le développement de l'art, il serait nécessaire de compa-

XIII à XVI, XX) ne sont encore qu'à l'état de collection com- rer ces détails d'ornementation aux formes qui les ont précédés et

mencée. On ne saurait assembler trop de matériaux avant d'abor- suivis entre le xne siècle et le xvie. Le moyen âge, depuis les pre-

der une tâche si grave. miers établissements germaniques dans l'empire romain, jusqu'à

(2) Madeleine aux pieds de Jésus-Christ chez le Pharisien l'époque de l'intervention espagnole dans les affaires d'Allemagne,
pl. XXVII, L) reproduit, dans un style un peu plus archaïque, conserve certaines qualités constantes qui, durant ce long espace,
une scène que nous avons expliquée précédemment (pl. XI, A; y font toujours reconnaître un même âge; et pourtant divers ca-
n° i5s, p. 246). Ce pourrait être un reste des vitraux qui ornaient ractères qui prennent successivement le dessus, y marquent plu-
l'ancienne cathédrale de Bourges. On ne courrait guère risque de sieurs périodes bien tranchées qu'on ne saurait méconnaître, à
se tromper en appliquant la même conjecture au fragment R de moins de confondre la parenté avec l'identité. Il convient de ne
la même planche XXVII, qui représente très-probablement le point considérer isolément des lambeaux qui trahiront, toujours
tombeau de saint Nicolas à Myre ou à Bari. Peut-être y avait-on deux extrêmes de transition, dont les compléments antérieur et
voulu peindre l'enlèvement des reliques du saint évêque, lorsque postérieur réclameraient une mention inévitable. Nous devons
des marchands italiens les transportèrent furtivement dans la donc, pour les vues générales sur le symbolisme comme pour les
Pouille. Du reste, la réputation nouvelle du pèlerinage de Bari aperçus historiques sur la liturgie, l'art, les usages civils, etc.,
n'avait pas entièrement effacé celle de l'ancien sépulcre; car une attendre que notre monographie de la cathédrale de Bourges ait
confrérie d'Amiens, par exemple, s'était imposé la loi de choisir atteint son terme. Alors cinq ou six siècles nous offriraient des
ordinairement son chef parmi ceux de ses membres qui auraient matériaux réunis, dont nous ne pouvons prévenir le résultat par
fait le pèlerinage de Myre (Cs. Dusevel, Hist. d'Amiens, 1.1, 466. des assertions incomplètes ou dénuées de l'appui que les pièces de
— Millin, Antiquités nationales, n° 5i, p. 6; t. V). La cuve de conviction doivent leur prêter. Aussi, n'accordons-nous ici quel-
pierre, placée sous la châsse, indique celte espèce de baume qui, ques pages à l'ornementation, qu'à raison des nombreux spécimens
s'écoulant de la tombe de saint Nicolas, l'a fait classer parmi les qui permettent de ne pas laisser sans application certaines vues
saints mjroblytes. générales. Cependant l'art des vieux peintres-verriers demanderait

(3) Le fragment A de la planche XXVII est emprunté à une dra- bien d'autres détails, s'il s'agissait de l'étudier comme il le mérite.
 
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