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Martin, Arthur
Monographie de la cathédrale de Bourges (Texte): 1. Partie. Vitraux du XIIIe siècle — Paris, 1841-1844

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https://doi.org/10.11588/diglit.18781#0241

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PLANCHE SIXIÈME, LE BON SAMARITAIN.

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n'admettait que de petites scènes étriquées, reçoivent à peine chacun deux personnages; en sorte que,
dans ce tissu lâche et sans consistance, l'esprit suit avec quelque embarras le fil flottant de l'histoire(1).

A Chartres, les mouvements de l'ossature ont plus d'ampleur et de variété; ils sont les mêmes que
dans l'Enfant prodigue de Bourges, et permettaient, par conséquent, de réunir des traits de symbolisme
autour des faits saillants de la parabole. Le verrier a préféré peindre d'abord la parabole toute seule,
et la faire suivre de son application à l'histoire de l'humanité. Mais, dans cette dernière partie, il laisse
le développement incomplet, soit qu'il ait cru avoir fait assez en mettant sur la voie de l'interprétation;
soit que, ne sachant pas se borner dans l'exposition des faits qu'il avait à produire, il ait atteint
l'extrémité de son espace avant d'avoir pu franchir les premières données de sa matière; soit aussi,
peut-être, que, trop inférieur à sa tâche, il l'ait tronquée en faisant de son mieux. Après trois mé-
daillons accordés à la signature des cordonniers, il représente l'entretien de Notre-Seigneur avec le
Pharisien, et divise en huit scènes les aventures du voyageur (peregrinus). Cette diffusion continue dans
les diverses circonstances de la création, du péché et du châtiment, qui sont partagées entre onze
tableaux (2). Arrivé à ce point, il ne restait plus qu'un seul médaillon disponible; on y franchit tout
d'un coup l'histoire du peuple de Dieu et de la rédemption. Sans doute, dans cette nécessité, c'était
trancher le nœud avec assez de bonheur que de couronner toute la composition par le trône de
Jésus-Christ pacificateur; mais il n'est personne, ce semble, qui ne donne la préférence aux concep-
tions des habiles maîtres dont nous avons expliqué et publié les œuvres dans ce chapitre.

(1) Il ne faut donc pas s'étonner si ces démembrements multi-
pliés sans intelligence, et que l'on croirait adoptés à dessein pour
désorienter le spectateur, ont réellement dépaysé des hommes qui
n'étaient pas toutefois dépourvus d'expérience. C'est ce qui est
arrivé à E. H. Langlois du Pont-de-l'Arche, antiquaire trop peu
au fait, il est vrai\ des sources écrites qui dirigeaient le moyen
âge, mais dont le zèle et les connaissances n'ont pas contribué
peu à réhabiliter l'art de nos pères et particulièrement les vitraux
peints. Dans son Essai. .... sur la peinture sur verre (Rouen,
i832, p. 3t), décrivant les vitraux de la cathédrale de Rouen, il
est arrêté par celui-ci, sans pouvoir donner d'autre explication
que les paroles suivantes : «Fenêtre sans meneaux, offrant la vie
d'un saint, peint dans presque tous les sujets en fort pauvre

équipage, nu de la tête à la ceinture, et monté à cheval.» Pour
soupçonner qu'il ne s'agissait pas d'un saint, il aurait pu suffire de
remarquer l'absence du nimbe, puisqu'on n'en voit pas dans cette
verrière, si ce n'est lorsque Notre-Seigneur s'entretient avec le
Pharisien, ou siège sur son trône entouré par les anges; mais il
est évident que tout le tort n'est pas pour l'interprète; le peintre
y a sa part, sans contredit.

(2) La pénitence et les malheurs d'Adam et d'Eve, avec le crime
de Caïn, sont assurément des sujets importants et pleins d'ins-
tructions sérieuses; mais la suppression de tout ce qui pourrait
rappeler l'ancienne Loi et le Calvaire, laisse ces peintures bien
loin de celles que nous avons trouvées à Sens, à Lyon et à Bourges.
Cs. n° 107, 115, 116, 120— 126 (p. 192, 2o3—206, 210—218); etc.

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