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les cendres des guerriers fameux, je trouve plusieurs frag-
ments d'objets qu'on renfermait dans les tombes!
Les souvenirs de l'antiquité ont une telle puissance sur
notre âme, que l'on peut concevoir qu'en ramassant un dé-
bris grossier de vase de terre, j'aie éprouvé une telle émo-
tion, et que je le conserve précieusement. Il suffit que je croie
y voir les restes de l'urne qui renfermait les cendres (i)
d'ajax. Les personnes qui verront ce débris dans mes mains,
n'éprouveront pas cette émotion, ne le verront pas avec le
même intérêt. Qu'elles ne se croient pas pour cela plus sages
que moi : elles ne l'auront pas vu ou même. lieu.
Avant d'aller joindre mon domestique, je retournai visiter
encore une fois le monument du cap Rhétée, et, après ce
troisième examen, j'ose assurer que ce tombeau n'est pas
celui d'Ajax, et je persiste à croire que c'est celui de Festus;
il est très-certainement de construction romaine.
Je traversai la plaine au galop, et ayant joint mon do-
mestique au tombeau de Patrocle, je vérifiai la distance de
ce point au Throsmos : cette distance me paraît juste sur le
plan, mais non dans la description, qui, ainsi que je l'ai
déjà fait observer, n'est point en cela d'accord avec le pre-
mier. Dans la description, M. Lechevalier, en parlant du
Throsmos, paraît avoir en vue le plateau où je présume que
le tombeau d'Ilus a pu être élevé (2), et il ne fait pas mention
(1) Quelques auteurs ont avancé qu'on ne brûla pas le corps de ce
héros5 mais ce fait est contredit, entre autres par Quintus de Smyrne.
(2) M. de Choiseul a placé sur ce point un monument, mais sans lui
donner d'autre dénomination que celle de tumulus ; et tout au contraire
il n'a rien indiqué là où Lechevalier place son Throsmos, quoique, cer-
les cendres des guerriers fameux, je trouve plusieurs frag-
ments d'objets qu'on renfermait dans les tombes!
Les souvenirs de l'antiquité ont une telle puissance sur
notre âme, que l'on peut concevoir qu'en ramassant un dé-
bris grossier de vase de terre, j'aie éprouvé une telle émo-
tion, et que je le conserve précieusement. Il suffit que je croie
y voir les restes de l'urne qui renfermait les cendres (i)
d'ajax. Les personnes qui verront ce débris dans mes mains,
n'éprouveront pas cette émotion, ne le verront pas avec le
même intérêt. Qu'elles ne se croient pas pour cela plus sages
que moi : elles ne l'auront pas vu ou même. lieu.
Avant d'aller joindre mon domestique, je retournai visiter
encore une fois le monument du cap Rhétée, et, après ce
troisième examen, j'ose assurer que ce tombeau n'est pas
celui d'Ajax, et je persiste à croire que c'est celui de Festus;
il est très-certainement de construction romaine.
Je traversai la plaine au galop, et ayant joint mon do-
mestique au tombeau de Patrocle, je vérifiai la distance de
ce point au Throsmos : cette distance me paraît juste sur le
plan, mais non dans la description, qui, ainsi que je l'ai
déjà fait observer, n'est point en cela d'accord avec le pre-
mier. Dans la description, M. Lechevalier, en parlant du
Throsmos, paraît avoir en vue le plateau où je présume que
le tombeau d'Ilus a pu être élevé (2), et il ne fait pas mention
(1) Quelques auteurs ont avancé qu'on ne brûla pas le corps de ce
héros5 mais ce fait est contredit, entre autres par Quintus de Smyrne.
(2) M. de Choiseul a placé sur ce point un monument, mais sans lui
donner d'autre dénomination que celle de tumulus ; et tout au contraire
il n'a rien indiqué là où Lechevalier place son Throsmos, quoique, cer-