453 L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889
explorateurs, que poussaient aux expéditions les plus aventureuses la curiosité, le prosély-
tisme religieux et aussi le légitime désir de la richesse, l'œuvre de la colonisation a été
poursuivie, à partir du xvne siècle, avec le concours des gouvernements et des grandes
compagnies de commerce. Aux comptoirs isolés, incertains du lendemain, des colonies
succèdent; l'administration s'établit à la suite de la conquête; les pays d'Europe se prolon-
gent, en quelque sorte, sur les territoires nouvellement découverts.
Persuadés alors que les colonies étaient faites pour enrichir la métropole, les gouverne-
ments s'occupèrent surtout de les mettre en exploitation, sans trop se soucier de favoriser
la constitution et la croissance de sociétés jeunes et pleines d'avenir : de là les monopoles
et l'esclavage. C'est à peine si de nos jours ce système a tait son temps. On ne saurait d'ail-
leurs méconnaître que, s'il ne répond plus aux nécessités modernes, il a contribué large-
ment naguère à la grandeur des nations colonisatrices et même à la prospérité des
colonies.
Des faits récents ont transforme cette méthode du début; la liberté commerciale, l'abo-
lition de l'esclavage, ont ébranlé les vieilles institutions coloniales, bouleversant les condi-
tions des échanges, appelant des populations entières aux bénéfices et aux charges de la
liberté; de là une crise dont nous voyons aujourd'hui le terme, et qui a ouvert les voies à
un progrès nouveau et indéfini. Les peuples colonisateurs comprennent aujourd'hui d'une
manière différente les relations des métropoles avec les sociétés coloniales; on ne parle plus
d'exploitations à outrance, mais d'intérêts communs et de fraternité.
La race blanche, jadis confinée en Europe, a, depuis un siècle, poussé hors d'Europe
des rejetons vigoureux ; les États-Unis, les républiques du Sud-Amérique, le Canada, l'Aus-
tralie, sont peuplés d'Européens, et déjà font à l'ancien monde une concurrence industrielle
et commerciale redoutable. L'Afrique, « le continent mystérieux, » est attaquée de tous
côtés. Aussi ne voyons-nous plus guère fonder sous nos yeux de colonies purement com-
merciales. On se préoccupe surtout aujourd'hui de la colonisation par le peuplement. La
nation qui aura su le mieux s'établir en force en divers points du globe sera peut-être un
jour la première de toutes. Tous les pays d'Europe sont entrés dans ces vues, les uns con-
tinuant des. traditions glorieuses, d'autres inaugurant une politique que les circonstances
l'ont pour tous nécessaire. Une émulation extraordinaire et, nous l'espérons, toute pacifique
porte les gouvernements à la recherche des territoires encore inoccupés. Les systèmes de
conquête diffèrent; l'esprit, comme le mouvement même de l'expansion, est commun à
tous. Le Congrès a été réuni pour que, de délibérations sérieuses, d'un échange actif
d'idées et d'impressions, d'approbations et de corrections mutuelles, se dégagent quelques
principes d'ensemble, quelques doctrines, et que nous apportions une contribution utile au
progrès de la civilisation et au bien de l'humanité.
Après cette séance, le Congrès s'est divisé en cinq sections qui ont immédiatement
commencé leurs travaux.
SECTION I. — Population et produits des colonies
Cette section avait pour mission d'étudier les questions suivantes :
État social des populations coloniales. Développement de l'instruction. Emploi de la
explorateurs, que poussaient aux expéditions les plus aventureuses la curiosité, le prosély-
tisme religieux et aussi le légitime désir de la richesse, l'œuvre de la colonisation a été
poursuivie, à partir du xvne siècle, avec le concours des gouvernements et des grandes
compagnies de commerce. Aux comptoirs isolés, incertains du lendemain, des colonies
succèdent; l'administration s'établit à la suite de la conquête; les pays d'Europe se prolon-
gent, en quelque sorte, sur les territoires nouvellement découverts.
Persuadés alors que les colonies étaient faites pour enrichir la métropole, les gouverne-
ments s'occupèrent surtout de les mettre en exploitation, sans trop se soucier de favoriser
la constitution et la croissance de sociétés jeunes et pleines d'avenir : de là les monopoles
et l'esclavage. C'est à peine si de nos jours ce système a tait son temps. On ne saurait d'ail-
leurs méconnaître que, s'il ne répond plus aux nécessités modernes, il a contribué large-
ment naguère à la grandeur des nations colonisatrices et même à la prospérité des
colonies.
Des faits récents ont transforme cette méthode du début; la liberté commerciale, l'abo-
lition de l'esclavage, ont ébranlé les vieilles institutions coloniales, bouleversant les condi-
tions des échanges, appelant des populations entières aux bénéfices et aux charges de la
liberté; de là une crise dont nous voyons aujourd'hui le terme, et qui a ouvert les voies à
un progrès nouveau et indéfini. Les peuples colonisateurs comprennent aujourd'hui d'une
manière différente les relations des métropoles avec les sociétés coloniales; on ne parle plus
d'exploitations à outrance, mais d'intérêts communs et de fraternité.
La race blanche, jadis confinée en Europe, a, depuis un siècle, poussé hors d'Europe
des rejetons vigoureux ; les États-Unis, les républiques du Sud-Amérique, le Canada, l'Aus-
tralie, sont peuplés d'Européens, et déjà font à l'ancien monde une concurrence industrielle
et commerciale redoutable. L'Afrique, « le continent mystérieux, » est attaquée de tous
côtés. Aussi ne voyons-nous plus guère fonder sous nos yeux de colonies purement com-
merciales. On se préoccupe surtout aujourd'hui de la colonisation par le peuplement. La
nation qui aura su le mieux s'établir en force en divers points du globe sera peut-être un
jour la première de toutes. Tous les pays d'Europe sont entrés dans ces vues, les uns con-
tinuant des. traditions glorieuses, d'autres inaugurant une politique que les circonstances
l'ont pour tous nécessaire. Une émulation extraordinaire et, nous l'espérons, toute pacifique
porte les gouvernements à la recherche des territoires encore inoccupés. Les systèmes de
conquête diffèrent; l'esprit, comme le mouvement même de l'expansion, est commun à
tous. Le Congrès a été réuni pour que, de délibérations sérieuses, d'un échange actif
d'idées et d'impressions, d'approbations et de corrections mutuelles, se dégagent quelques
principes d'ensemble, quelques doctrines, et que nous apportions une contribution utile au
progrès de la civilisation et au bien de l'humanité.
Après cette séance, le Congrès s'est divisé en cinq sections qui ont immédiatement
commencé leurs travaux.
SECTION I. — Population et produits des colonies
Cette section avait pour mission d'étudier les questions suivantes :
État social des populations coloniales. Développement de l'instruction. Emploi de la