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https://doi.org/10.11588/diglit.67660#0107
DISCOURS PRELIMINAIRE cxv
leurs ancêtres avoienc transmis à la posterité , ils en faisoient tous les jours
de nouveaux.
Les Romains sembloient encore enchérir pardessus les Grecs ; il n’y avoir
point de lieu dans Rome y dit Tite Live, qui ne fut plein de dieux & de sa-
crifices ; delà vient que Quartille dit , notre papis efi fi plein de divinités qui
rhonorent de leur pïefonce , que vous y trouveriezplus facilement un dieu quun
homme. Pline dit à peu près la même chose, Non contens de cette foule de
divinirez que la superstition de leurs peres avoit introduits , ils embrassoient
le culte des nations subjuguées, & se faisoient encore tous les jours de nou-
veaux dieux. Ce grand nombre de petits dieux Romains, que j’ai mis à la
sin du premier tome, ne fait qu’une tres-petite partie de ceux qu’on ado-.
roit à Rome & dans l’Italie.
Ces prosanes croioient communément que les dieux habitoient dans le
ciel j mais il y avoit bien de la diversité de ientimens entre eux. Ces dieux
celestes faisoient souvent des voiages sur la terre : car sans parler de Mercure,
qui étoit tantôt au ciel, tantôt sur la terre tantôt aux enfers , les poètes
&, les mythologues sont faire bien des courles aux autres. Us s’assembloient
quelquefois sur le mont Olympe, où ils tenoienc conseil. Les dieux parti-
culiers avoient de certains lieux favoris où ils se trouvoient volontiers-Jupiter
habitoit dans un hetre de la forêt de Dodone • c’étoit pour cela qu’on
l’appelloit Phegonée, mot qui signifie habitant d’un hetre; Neptune étoit pres-
que toujours dans la mer, son domicile ; Apollon se tenoit à Delphes 6e sur le
mont Parnasse^ Venus se phisoicà Paphos & à Cythere , Mars en Thrace,
Junon à Samos, Vulcain à Lemnos ou au mont Etna, Minerve à Athènes ;
• Diane se reposoit à Ephese 6c en d’autres lieux, après avoir chassé des jour-
nées entières.
Ce n’étoient pas les seuls lieux où les dieux se trouvoient. Le peuple gressier
croioit que les divinitez étoient renfermées dans les statues expolées à leur
vénération. 11 y en avoit qui croioient que les dieux se tenoient dans l’air ; sur
quoi Herodote rapporte cette histoire. Les Cauniens peuples de la Carie
avoient des dieux qui étoient proprement ceux de leurs peres & de leur payis;
à ceux-là ils en ajoutèrent d’autres pris des nations voisines ; mais dans la suite
du tems n’étant pas contens de ces dieux étrangers,je ne sai pour quelle railon;
quos a majoribus acceperant , colere &: placare , sed
novos quotidie deos prioribus adjiciebant.
Græcos Romani in deorum numero longe supe-
rabant : 'Orbem aufipicato inauguratoque conditam ha-
bemus , inquit Livius Dec. 1.1. 5. c. 52. nullas locus
in ea non religionum deorumque efi plenus : fidenfeiis
fiolemnibus non dies magis fiati , quam loca fiant. Inde'
efi: quod Quartilla dicat : Nofirg, regio tam prafim-
tibiis plena efi numinibus, ut facilius pofiis deum, quam
hominem invenire. Quod ipsum pene dicit Plinius.
2. 7. Nec satis habuere Romani deos illos colere
quos a majoribus acceperant , etiam omnes nationum
subadtarum deos sibi adsciscebanc, & nova quotidie
ipsi numina excogitabant , antiquis ignota. Certe
magna illa minusculorum deorum turba , quam in
fine primi tomi commemoravimus , pars efi quam
minima numinum,quæ Romæ & in Italia colebantur.
Ea erat communior veterum profanorum opinio,
deos in cælo sedes habere , licet ea in re adhuc in-
teresset non parva sehtentiarum diversitas. Ex sedibus
illis cælesiibus dii , in terram sæpe deseendebant \
dimisîo namque Mercurio , qui modo in cælo, modo
in terra, mox in inferis erat j cæteris quoque diis
peregrinationes in terra multas adseribunt poetae
atque mythologi. Aliquando in Olympum montem
conveniebant , consiliumque habebant : Dii vero
singuli loca qusdam libentius frequentabant ; Ju-
piter. in fago Dodonææ sylvæ habitare putabatur,
hinc Phegonæus , & fagutalis didtus -, Neptunus in
mari domicilium habebat \ Apollo Delphis &: in
Parnasso monte , Venus in Papho & in Cythera,
Mars in Thracia , Juno in Samo , Vulcanus in Lem-
no , aut in monte Ætna , Minerva Athenis ; Diana
Ephesi sive aliis in locis quieseebat, postquam dies
integros venando transegerat.
Non hæ tantum sedes diis attribuebantur ; sed
profanum vulgus putabat numina in statuis ipiis, quas
cultu prosequebantur habitare. Alii credebant deos
in ipso infimo aere commorari ; qua de re Herodo-
tus hanc historiam asfert in Clio 172. Caunii Cariæ
populi deos patrios cum haberent a major bus ac-
ceptos , aliarum quoque gentium deos postea acci-
verant : sed tandem extraneorum horumce numinum
pertxsi, qua vero de causa ignoro : ipsa e regione sua
leurs ancêtres avoienc transmis à la posterité , ils en faisoient tous les jours
de nouveaux.
Les Romains sembloient encore enchérir pardessus les Grecs ; il n’y avoir
point de lieu dans Rome y dit Tite Live, qui ne fut plein de dieux & de sa-
crifices ; delà vient que Quartille dit , notre papis efi fi plein de divinités qui
rhonorent de leur pïefonce , que vous y trouveriezplus facilement un dieu quun
homme. Pline dit à peu près la même chose, Non contens de cette foule de
divinirez que la superstition de leurs peres avoit introduits , ils embrassoient
le culte des nations subjuguées, & se faisoient encore tous les jours de nou-
veaux dieux. Ce grand nombre de petits dieux Romains, que j’ai mis à la
sin du premier tome, ne fait qu’une tres-petite partie de ceux qu’on ado-.
roit à Rome & dans l’Italie.
Ces prosanes croioient communément que les dieux habitoient dans le
ciel j mais il y avoit bien de la diversité de ientimens entre eux. Ces dieux
celestes faisoient souvent des voiages sur la terre : car sans parler de Mercure,
qui étoit tantôt au ciel, tantôt sur la terre tantôt aux enfers , les poètes
&, les mythologues sont faire bien des courles aux autres. Us s’assembloient
quelquefois sur le mont Olympe, où ils tenoienc conseil. Les dieux parti-
culiers avoient de certains lieux favoris où ils se trouvoient volontiers-Jupiter
habitoit dans un hetre de la forêt de Dodone • c’étoit pour cela qu’on
l’appelloit Phegonée, mot qui signifie habitant d’un hetre; Neptune étoit pres-
que toujours dans la mer, son domicile ; Apollon se tenoit à Delphes 6e sur le
mont Parnasse^ Venus se phisoicà Paphos & à Cythere , Mars en Thrace,
Junon à Samos, Vulcain à Lemnos ou au mont Etna, Minerve à Athènes ;
• Diane se reposoit à Ephese 6c en d’autres lieux, après avoir chassé des jour-
nées entières.
Ce n’étoient pas les seuls lieux où les dieux se trouvoient. Le peuple gressier
croioit que les divinitez étoient renfermées dans les statues expolées à leur
vénération. 11 y en avoit qui croioient que les dieux se tenoient dans l’air ; sur
quoi Herodote rapporte cette histoire. Les Cauniens peuples de la Carie
avoient des dieux qui étoient proprement ceux de leurs peres & de leur payis;
à ceux-là ils en ajoutèrent d’autres pris des nations voisines ; mais dans la suite
du tems n’étant pas contens de ces dieux étrangers,je ne sai pour quelle railon;
quos a majoribus acceperant , colere &: placare , sed
novos quotidie deos prioribus adjiciebant.
Græcos Romani in deorum numero longe supe-
rabant : 'Orbem aufipicato inauguratoque conditam ha-
bemus , inquit Livius Dec. 1.1. 5. c. 52. nullas locus
in ea non religionum deorumque efi plenus : fidenfeiis
fiolemnibus non dies magis fiati , quam loca fiant. Inde'
efi: quod Quartilla dicat : Nofirg, regio tam prafim-
tibiis plena efi numinibus, ut facilius pofiis deum, quam
hominem invenire. Quod ipsum pene dicit Plinius.
2. 7. Nec satis habuere Romani deos illos colere
quos a majoribus acceperant , etiam omnes nationum
subadtarum deos sibi adsciscebanc, & nova quotidie
ipsi numina excogitabant , antiquis ignota. Certe
magna illa minusculorum deorum turba , quam in
fine primi tomi commemoravimus , pars efi quam
minima numinum,quæ Romæ & in Italia colebantur.
Ea erat communior veterum profanorum opinio,
deos in cælo sedes habere , licet ea in re adhuc in-
teresset non parva sehtentiarum diversitas. Ex sedibus
illis cælesiibus dii , in terram sæpe deseendebant \
dimisîo namque Mercurio , qui modo in cælo, modo
in terra, mox in inferis erat j cæteris quoque diis
peregrinationes in terra multas adseribunt poetae
atque mythologi. Aliquando in Olympum montem
conveniebant , consiliumque habebant : Dii vero
singuli loca qusdam libentius frequentabant ; Ju-
piter. in fago Dodonææ sylvæ habitare putabatur,
hinc Phegonæus , & fagutalis didtus -, Neptunus in
mari domicilium habebat \ Apollo Delphis &: in
Parnasso monte , Venus in Papho & in Cythera,
Mars in Thracia , Juno in Samo , Vulcanus in Lem-
no , aut in monte Ætna , Minerva Athenis ; Diana
Ephesi sive aliis in locis quieseebat, postquam dies
integros venando transegerat.
Non hæ tantum sedes diis attribuebantur ; sed
profanum vulgus putabat numina in statuis ipiis, quas
cultu prosequebantur habitare. Alii credebant deos
in ipso infimo aere commorari ; qua de re Herodo-
tus hanc historiam asfert in Clio 172. Caunii Cariæ
populi deos patrios cum haberent a major bus ac-
ceptos , aliarum quoque gentium deos postea acci-
verant : sed tandem extraneorum horumce numinum
pertxsi, qua vero de causa ignoro : ipsa e regione sua