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qui a attiré le jeune chercheur, qui l'a éduqué et tour à tour
meurtri et fasciné. On la retrouvera qui, par certains côtés de sa
personnalité urbaine, a rétréci son ardeur, aigri son tempérament,
mais qui avait aussi de quoi ranimer son essor, rallumer son cou-
rage et éclairer son esprit, plus et mieux, probablement, que
n'importe quelle autre cité suisse, à la période de ses débuts et
des premières manifestations de sa maturité artistique, n'aurait
été susceptible de le faire.
Il ne saurait s'agir ici de mettre le doigt sur tel portrait d'une
personnalité genevoise d'antan ou d'aujourd'hui, sur quelque
site, sur quelque scène de la vie locale: l'ensemble de tous ces
souvenirs n'impliquerait pas nécessairement une unité profonde,
des rapports fertiles entre l'artiste et sa ville. Ily a autre chose, et
ily a mieux. Le lien existe. Toute une face de l'exposition révélera
l'histoire réciproque de cet homme, de cette ville, depuis près de
cinquante ans. On pourra assister au lent avènement de la double
adoption. On sentira l'assimilation se faire, par un esprit aléma-
nique fruste et frais, de la mentalité, de l'art latino-romands. On
verra s'accomplir cette pénétration mutuelle. On se rendra
compte que ce métèque d'autrefois, ce robuste Bernois, a apporté
ici une force primitive destinée, de par sa nature fougueuse et
volontaire, à courir à la gloire par sauts et par bonds. On s'aper-
cevra en même temps de quelle manière profonde l'enseigne-
ment, le milieu, le caractère genevois l'ont dompté, lui ont
communiqué une part de leur mesure et lui ont fait comprendre
tout le prix de la méditation subtile, du choix judicieux des
moyens susceptibles de conduire à l'œuvre durable. On remar-
quera bien des traces qu'ont laissées ici et là les résistances
rencontrées dans la marche en avant; on se souviendra des crises
que suscita le moment, précisément, où le génie local fut forcé
de céder la place au génie — tout court. On remerciera le
destin qui lui a permis, à cet «habitant», de franchir la zone
dangereuse des années critiques et de les remplir de témoignages
qui a attiré le jeune chercheur, qui l'a éduqué et tour à tour
meurtri et fasciné. On la retrouvera qui, par certains côtés de sa
personnalité urbaine, a rétréci son ardeur, aigri son tempérament,
mais qui avait aussi de quoi ranimer son essor, rallumer son cou-
rage et éclairer son esprit, plus et mieux, probablement, que
n'importe quelle autre cité suisse, à la période de ses débuts et
des premières manifestations de sa maturité artistique, n'aurait
été susceptible de le faire.
Il ne saurait s'agir ici de mettre le doigt sur tel portrait d'une
personnalité genevoise d'antan ou d'aujourd'hui, sur quelque
site, sur quelque scène de la vie locale: l'ensemble de tous ces
souvenirs n'impliquerait pas nécessairement une unité profonde,
des rapports fertiles entre l'artiste et sa ville. Ily a autre chose, et
ily a mieux. Le lien existe. Toute une face de l'exposition révélera
l'histoire réciproque de cet homme, de cette ville, depuis près de
cinquante ans. On pourra assister au lent avènement de la double
adoption. On sentira l'assimilation se faire, par un esprit aléma-
nique fruste et frais, de la mentalité, de l'art latino-romands. On
verra s'accomplir cette pénétration mutuelle. On se rendra
compte que ce métèque d'autrefois, ce robuste Bernois, a apporté
ici une force primitive destinée, de par sa nature fougueuse et
volontaire, à courir à la gloire par sauts et par bonds. On s'aper-
cevra en même temps de quelle manière profonde l'enseigne-
ment, le milieu, le caractère genevois l'ont dompté, lui ont
communiqué une part de leur mesure et lui ont fait comprendre
tout le prix de la méditation subtile, du choix judicieux des
moyens susceptibles de conduire à l'œuvre durable. On remar-
quera bien des traces qu'ont laissées ici et là les résistances
rencontrées dans la marche en avant; on se souviendra des crises
que suscita le moment, précisément, où le génie local fut forcé
de céder la place au génie — tout court. On remerciera le
destin qui lui a permis, à cet «habitant», de franchir la zone
dangereuse des années critiques et de les remplir de témoignages