VUE DE PÉROUSE PRISE DE LA PLACE DU MARCHÉ.
CHAPITRE II
Raphaël à Pérouse. — La ville et les habitants. -— Les Oddi et les Baglioni. — Le Pérugin et
l'Ecole ombrienne. — Les fresques du Cambio. — Collaboration du Pérugin et de Ra-
phaël. — Retour du Pérugin à Florence.
Inférieure à Urbin pour la distinction des mœurs, la culture intel-
lectuelle, l’éclat de la vie, la nouvelle résidence de Raphaël n’offrait de
dédommagements qu’au point de vue de la beauté du paysage, de la
grandeur et de la variété des impressions. Ici encore le jeune artiste
allait respirer l’air vif et fortifiant des montagnes, se retremper au con-
tact d’une nature pleine de poésie. Située au cœur de l’Ombrie, domi-
nant la plaine environnante, Pérouse, l’antique Augusta Perusia, forme
comme le centre d’un immense amphithéâtre. Une route superbe, éta-
blie il y a quelques années, conduit, par de longs circuits, au sommet de
la montagne sur laquelle est construite la ville. La vue dont on jouit de
tous les points de cet observatoire, haut de cinq cents mètres, est vrai-
ment admirable. Peu de panoramas, dans l’Italie entière, peuvent se
comparer à celui que l’on découvre de la place de Saint-Pierre hors les
murs, en avant d’un épais massif de chênes verts. De trois côtés le
regard plane librement, il n’est borné que du côté de la ville. Au loin,
on aperçoit un océan de montagnes ondulées, fuyant les unes derrière
les autres jusqu’au point où elles forment comme un rempart infran-