DE FLORENCE. i§
de l'Artifte a exprimé fur fa figure de ce Prince le caractère de cruauté qu'il
aimoit à fe donner & qu'il s'étudioit devant une glace à rendre plus formi-
dable.
Planche VII I.
T I B. CLAUDE CÉSA R.
Tandis que les Sénateurs affemblés au Capitole vouloient éteindre le nom des
Céfars ét faire renaître la liberté de Rome, des foldats de la Garde Prétorienne
tirèrent, d'un des coins obfcurs du Palais, Tib. Claude Céfar pour l'élever au
faîte de l'Empire, quoiqu'il n'eut d'autres titres pour y parvenir que le Confulat;
quoiqu'il fut à peine capable de gouverner fa maifon : & le Sénat fe vit forcé
de le reconnoître. Sur l'Âméthifc du N°. I, fa tête habilement gravée eft ceinte
d'une couronne triomphale. On fçait qu'après la vi&oire qu'il prétendoit avoir
remporté fur l'Angleterre , il s'eft fait rendre dans le plus grand appareil les
honneurs du triomphe ; ce fut en cette occafion qu'on lui éleva ce bel arc
triomphal que l'on décora de fa ftatue équeftre. On peut dire beaucoup de bien
de ce Prince : on en peut dire encore plus de mal. Il avoit reçu de la Nature
avec une fanté foible, un efprit plus foible encore. Son cœur naturellement bon
s'il eut été bien conduit, eut pu l'en dédommager un peu; mais outragé par fa
mère, mis entre les mains d'un ancien cocher qu'on lui donna pour précep-
teur , méprifé par Tibère , forcé de fe retirer dans fes jardins près de Rome ou
dans fa maifon de plaifance en Campanie, le vin, le jeu & les femmes le
rendirent encore plus méprifable qu'il ne l'étoit par fa ftupidité. Elevé à
l'Empire par une fa&ion tumuitueufe, il fit des actions dignes des meilleurs
Princes, & l'on fçait qu'en fupprimant les remercimens qu'avoient coutume
de faire aux Empereurs , dans le Sénat , les Lieutenans qu'ils envoyoient
gouverner les Provinces & commander les armées, il proféra cette fentence
admirable: « Ils ne doivent pas m'avoir obligation comme fi je fatisfaifois
„ leur defir de fe voir en place : c'eft moi qui leur fuis obligé de ce qu'ils
„ m'aident à porter le fardeau du Gouvernement: & s'ils s'acquittent bien de
» leur charge, je leur donnerai beaucoup de louanges ». Mille traits de modé-
ration , la fuppfeffion de l'a&ion de lèze Majefté, fon refpect pour le Sénat, fa
déférence pour les Magifirats, fa modeftie perfonnelle, une conduite toute
oppofée à celle de Caïus , lui attirèrent l'amour du peuple dans les commen-
cemens de fon règne; mais les meilleurs inclinations dans un efprit foible ne
tiennent pas long-tems contre les pièges des méchans qui les environnent &
les obfèdent. Claude qui toujours avoit été gouverné, le fut encore étant
N°.I. & IL
de l'Artifte a exprimé fur fa figure de ce Prince le caractère de cruauté qu'il
aimoit à fe donner & qu'il s'étudioit devant une glace à rendre plus formi-
dable.
Planche VII I.
T I B. CLAUDE CÉSA R.
Tandis que les Sénateurs affemblés au Capitole vouloient éteindre le nom des
Céfars ét faire renaître la liberté de Rome, des foldats de la Garde Prétorienne
tirèrent, d'un des coins obfcurs du Palais, Tib. Claude Céfar pour l'élever au
faîte de l'Empire, quoiqu'il n'eut d'autres titres pour y parvenir que le Confulat;
quoiqu'il fut à peine capable de gouverner fa maifon : & le Sénat fe vit forcé
de le reconnoître. Sur l'Âméthifc du N°. I, fa tête habilement gravée eft ceinte
d'une couronne triomphale. On fçait qu'après la vi&oire qu'il prétendoit avoir
remporté fur l'Angleterre , il s'eft fait rendre dans le plus grand appareil les
honneurs du triomphe ; ce fut en cette occafion qu'on lui éleva ce bel arc
triomphal que l'on décora de fa ftatue équeftre. On peut dire beaucoup de bien
de ce Prince : on en peut dire encore plus de mal. Il avoit reçu de la Nature
avec une fanté foible, un efprit plus foible encore. Son cœur naturellement bon
s'il eut été bien conduit, eut pu l'en dédommager un peu; mais outragé par fa
mère, mis entre les mains d'un ancien cocher qu'on lui donna pour précep-
teur , méprifé par Tibère , forcé de fe retirer dans fes jardins près de Rome ou
dans fa maifon de plaifance en Campanie, le vin, le jeu & les femmes le
rendirent encore plus méprifable qu'il ne l'étoit par fa ftupidité. Elevé à
l'Empire par une fa&ion tumuitueufe, il fit des actions dignes des meilleurs
Princes, & l'on fçait qu'en fupprimant les remercimens qu'avoient coutume
de faire aux Empereurs , dans le Sénat , les Lieutenans qu'ils envoyoient
gouverner les Provinces & commander les armées, il proféra cette fentence
admirable: « Ils ne doivent pas m'avoir obligation comme fi je fatisfaifois
„ leur defir de fe voir en place : c'eft moi qui leur fuis obligé de ce qu'ils
„ m'aident à porter le fardeau du Gouvernement: & s'ils s'acquittent bien de
» leur charge, je leur donnerai beaucoup de louanges ». Mille traits de modé-
ration , la fuppfeffion de l'a&ion de lèze Majefté, fon refpect pour le Sénat, fa
déférence pour les Magifirats, fa modeftie perfonnelle, une conduite toute
oppofée à celle de Caïus , lui attirèrent l'amour du peuple dans les commen-
cemens de fon règne; mais les meilleurs inclinations dans un efprit foible ne
tiennent pas long-tems contre les pièges des méchans qui les environnent &
les obfèdent. Claude qui toujours avoit été gouverné, le fut encore étant
N°.I. & IL