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Empereur, & malheureufement fon règne , devenu par ce moyen celui de Meffa-
line , d'Aggripine & des plus miférables affranchis , lui attira la haine publique,
& il eft au nombre des Princes odieux qui ont déshonoré le trône.
Malgré la foibleffe de fon efprit il aimoit les lettres: au fond il ne manquoit
pas d'intelligence : if s'étoit rendu paffablement habile dans les lettres Grecque
& Latine. Par le confeil de Tite-Live il écrivit l'Hiftoire de fon tems d'un ftyle
qui ne manquoit d'élégance , & la di&ion de fes difcours étoit pure & corre&e.
Quant à fon amour pour les Arts, les Auteurs de la defeription des Pierres
d'Orléans rapportent, pour en faire juger, l'efpèce de facrilége dont il s'eft rendu
coupable en faifant mettre la tête d'Augufte à la place de celle d'Alexandre
fur deux tableaux d'Appelle ; mais on peut citer beaucoup de monumens qui
fervirent d'ornemens à la Ville & dont l'objet principal étoit l'utilité publique, ainfi
qu'il le remarquent eux-mêmes. On peut rappeller le fameux Port qu'il bâtit à
l'embouchure du Tibre pour recevoir le grain qui venoit de l'Étranger , afin d'en
prévenir ainfi dans Rome la difette & de ne point expofer le peuple à la famine.
Les travaux néceffaires pour cette entreprife ne l'effrayèrent point, &, à fa gloire,
fe termina cet ouvrage que Dion regarde comme digne du courage & de la
grandeur de Rome. Pline vante beaucoup encore celui que le même Prince entre-
prit pour faire écouler les eaux du Lac Fucin, & auquel trente mille hommes
travaillèrent pendant onze ans. Le même Auteur cite comme le plus beau de
tous les acqueducs confiruits pour l'ufage de la Ville, celui que Claude termina
& que Caïus avoit commencé. La dépenfe en monta à plus de fix millions deux
cents cinquante mille livres de notre monnoie.
^0 n Le Jafpe mêlé de Calcédoine que nous indiquons par le N°. II, repréfente bien
habilement ce même Prince ; à la feule infpe&ion de ce portrait qui s'accorde
parfaitement avec les médailles de cet Empereur, on reconnoît ce que difoit
de lui fa mère Antonie, qu'il n'étoit qu'une ébauche que la Nature avoit dédaigné
de terminer, & en effet quoiqu'il eut un certain air de dignité, fon extérieur
avoit empêché Augufte de l'élever aux mêmes honneurs que Germanicus fon
frère. Il fe tenoit mal : ne marchoit qu'en chancellant indécemment: la tête & les
mains lui trembloient: il avoit un ris niais, la bouche écumante dès qu'il fe
mettoit en colère , la voix fourde & la parole mal articulée.
N% III. La Cornaline qui fuit nous repréfente les têtes accouplées de Tib. Claude
Céfar & de Val. Meffaline Augufte fa troifième époufe, fille de Valerius Meffala
Barbatus, fon coufin-germain. Il n'eft perfonne qui ne connoiffe cette Princeffe
horriblement décriée par fes défordres affreux. On n'auroit pas cependant une
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