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Mulot, François Valentin; David, François Anne [Ill.]; Ludwig [Honoree]
Le Museum De Florence Ou Collection Des Pierres Gravées, Statues, Médailles et Peintures: Qui se trouvent à Florence, principalement dans le Cabinet du Grand Duc de Toscane; Dédié & présenté à Monsieur, Frère du Roi (Band 1): Pierres Antiques — Paris: David, 1787

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https://doi.org/10.11588/diglit.75293#0029
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DE FLORENCE.

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NÉRON CLAUDE CÉSAR.
Si l'on doit pardonner à des Artifies le talent avec lequel ils fçavent rendre N°. VI.
les monftres, on peut excufer, à raifon de leur habileté, ceux qui ont gravé
cette Cornaline qui repréfente Néron & les Calcédoines dont nous allons
parler.
Planche I X.
Ces Pierres nous offrent l'image de Néron Claude Céfar, le front ceint N°. I. & IL
d'une couronne de laurier; mais c'eft particulièrement dans la figure annon-
cée fous le N°. II que l'on peut remarquer les traits que Suétone donne à ce
Prince plus beau qu'agréable, dont les yeux bleux étoient foibles & dont les
cheveux blonds rouflatres étoient bouclés. A l'âge de dix-fept ans porté fur
le trône de l'Empire par les artifices d'Agrippine , élève de Sénèque, ii fe
difiingua tellement pendant les cinq premières années de fon règne, qu'il parut,
au rapport de Trajan même, furpaffer tous les Princes par fa libéralité, fa
clémence, fa douceur & fa bienveillance. Admis comme furnuméraire dans le
Collège des Prêtres par un décret du Sénat , après avoir été quatre fois Conful,
il eft infenfiblement devenu le plus exécrable des hommes : fon cœur s'eft
ouvert à tous les vices : il n'a femblé vivre que pour la perte de la Répu-
blique & fon nom eft devenu l'injure des tyrans.
Dans fon cœur pervers habitoit pourtant le remord ; mais gardons-nous
de le regarder comme un refte de vertu ; le fouvenir toujours préfent de fes
crimes, des meurtres de fa mère , de fa tante , de fes femmes , de fes parens>
des plus nobles citoyens & des hommes les plus illufires qui lui enlevoit le
fommeil , n'étoit qu'un tourment vengeur. .
Si nous le jugions entièrement d'après Suétone, nous croirions qu'il avoit
du goût pour les lettres & les Arts ; mais c'eft un fait trop connu que les
Mufes fuyent les hommes cruels & fanguinaires. Croyons avec les Auteurs
de la defcription des Pierres gravées d'Orléans , qu'il avoit plutôt des goûts
que du goût : que fa paffion pour la mufique ne faifoit qu'ajouter un ridicule
à les vices : que fa Poéfie, comme le peint Juvénal , n'étoit qu'un amas de
métaphores enchaînées par les règles de l'hémiftiche & dépourvues de toute
harmonie : que fes travaux en Sculpture étoient vraisemblablement des efpèces
de grotefques vantées par des flatteurs. Son amour, paffionné pour les fpec-
tacles décèle toute la bafTeffe de fon cœur, & les couronnés théâtrales qu'il
remporta montrent combien il était indigne de porter celle d'Empereur.,
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