DE FLORENCE.
57
JULIE, ÉPOUSE DE SÉVÈRE.
Sur ce rare Béril efi fort bien gravée la tête de Julie, époufe de Sévère,
que l'on ne fçauroit méconnoître , tant eft grande fa reffemblance avec les
buftes & les médailles confervés foit au Muféum des Médicis, foit dans d'autres
Cabinets. Cette femme, d'une origine noble & vénérable, née en Syrie, ne
fut point répudiée par Sévère, malgré fa conduite obfcène ; & le foupçon
même d'une Conjuration tramée par elle contre cet Empereur ne put le
déterminer à cette a&e de févérité. Julie reçut pendant fa vie les titres les
plus brillants. On lui donna le furnom de Fia qu'elle avoit fi peu mérité,
celui de Mère du Sénat & de la Patrie. La naiffance de Baffien, plus connu
fous le nom de Caracalla, & celle de Septim. Géta, la firent nommer Mère
des Auguftes : & , pour avoir fuivi fon époux dans l'expédition de la Bre-
tagne, on l'appella Mère des Camps. La perfécution qu'elle effuya de la part
de Plautien, favori de Sévère, la força de fe livrer à la Philofophie & de
s'éloigner des affaires. Elle tenoit chez elle une affemblée à laquelle fe ren-
doient les Philofophes & les Sçavans Tes plus eftimés de fon tenis. La flatterie
multiplia les emblèmes pour célébrer cette Princefle ; on la grava fur les
médailles fous les dehors de Cibèle, de Junon, de Vénus, de Diane, de
Cérès &: de Vefta. Après la mort de Sévère, fes enfans que l'on avoit cru
nés pour la gloire, la paix & le bonheur de l'Empire, le déchirèrent par
leurs diffentions. Leur mère Julie , malgré fes efforts , ne put jamais les
accorder, & Géta fut immolé fur le propre fein qui lui avoit donné la vie,
dans l'inftant où fon perfide frère feignoit une réconciliation. Cette Princeffe,
que l'on comparoit à Jocafte, en faifant allufion de la haine de fes fils à celle
d'ÉtéocIe & de Polynice, fe fit mourir de faim à Antioche, foit pour obéir
aux ordres de Macrin, foit pour fe fouftraire aux douleurs d'un cancer qui
la dévoroit depuis long-tems. Elle fut, à ce que l'on croit, mifç aux rang des
Dieux fous le règne d'Héliogabale.
M. AUREL. BASSIEN ANTON. CARACALLA.
Fions-nous à l'enfance des Princes ! Le monfire dont la tête fouille le
beau Jafpe mêlé de Calcédoine que nous examinons, étojt peut-être le plus
fait pour donner de douces efpérances ; affable, ingénieux , careffant , fen-
iible, il avoit concilié l'efprit de fes parens & de leurs amis , les cœurs du
Terne I. H
N°. IV
No.
57
JULIE, ÉPOUSE DE SÉVÈRE.
Sur ce rare Béril efi fort bien gravée la tête de Julie, époufe de Sévère,
que l'on ne fçauroit méconnoître , tant eft grande fa reffemblance avec les
buftes & les médailles confervés foit au Muféum des Médicis, foit dans d'autres
Cabinets. Cette femme, d'une origine noble & vénérable, née en Syrie, ne
fut point répudiée par Sévère, malgré fa conduite obfcène ; & le foupçon
même d'une Conjuration tramée par elle contre cet Empereur ne put le
déterminer à cette a&e de févérité. Julie reçut pendant fa vie les titres les
plus brillants. On lui donna le furnom de Fia qu'elle avoit fi peu mérité,
celui de Mère du Sénat & de la Patrie. La naiffance de Baffien, plus connu
fous le nom de Caracalla, & celle de Septim. Géta, la firent nommer Mère
des Auguftes : & , pour avoir fuivi fon époux dans l'expédition de la Bre-
tagne, on l'appella Mère des Camps. La perfécution qu'elle effuya de la part
de Plautien, favori de Sévère, la força de fe livrer à la Philofophie & de
s'éloigner des affaires. Elle tenoit chez elle une affemblée à laquelle fe ren-
doient les Philofophes & les Sçavans Tes plus eftimés de fon tenis. La flatterie
multiplia les emblèmes pour célébrer cette Princefle ; on la grava fur les
médailles fous les dehors de Cibèle, de Junon, de Vénus, de Diane, de
Cérès &: de Vefta. Après la mort de Sévère, fes enfans que l'on avoit cru
nés pour la gloire, la paix & le bonheur de l'Empire, le déchirèrent par
leurs diffentions. Leur mère Julie , malgré fes efforts , ne put jamais les
accorder, & Géta fut immolé fur le propre fein qui lui avoit donné la vie,
dans l'inftant où fon perfide frère feignoit une réconciliation. Cette Princeffe,
que l'on comparoit à Jocafte, en faifant allufion de la haine de fes fils à celle
d'ÉtéocIe & de Polynice, fe fit mourir de faim à Antioche, foit pour obéir
aux ordres de Macrin, foit pour fe fouftraire aux douleurs d'un cancer qui
la dévoroit depuis long-tems. Elle fut, à ce que l'on croit, mifç aux rang des
Dieux fous le règne d'Héliogabale.
M. AUREL. BASSIEN ANTON. CARACALLA.
Fions-nous à l'enfance des Princes ! Le monfire dont la tête fouille le
beau Jafpe mêlé de Calcédoine que nous examinons, étojt peut-être le plus
fait pour donner de douces efpérances ; affable, ingénieux , careffant , fen-
iible, il avoit concilié l'efprit de fes parens & de leurs amis , les cœurs du
Terne I. H
N°. IV
No.