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https://doi.org/10.11588/diglit.75293#0078
68 LE M USE U M
voit, feroit abfolument fidelle dans notre Camée fi fa barbe étoit moins ronde
& quelle fe terminât plus en pointe.
Si l'Empereur fe trouvoit feul fur notre Onyx il ne feroit pas difficile de
rendre raifon du motif qui auroit déterminé l'Artifte à repréfenter Julien au
moment d'un facrifice. On fçait que depuis fon Apoftafie il a donné dans
toutes les folies de la fuperfiition ; depuis cette époque il fut très-adonné au
culte des idoles ; il immoloit tant de victimes qu'on le furnommoit Ui^i-
marius, & les hécatombes de bœufs étoient fi fréquentes que , publique-
ment, on difoit que, s'il revenoit victorieux de la guerre des Perfes, il n'y
auroit pas affez de troupeaux dans l'Empire pour fatisfaire fa fuperfiition.
On fçait de même que Julien étoit très-dévot aux Divinités d'Égypte ; fes
médailles en font foi. Il avoit près de lui des Augures Etrufques qu'il con-
fultoit fans ceflè fur les entrailles des victimes qu'il oftfoit &. fur le vol des
oifeaux. C'eft même fans doute d'après l'opinion généralement reçue par les
Payens que l'on a placé près de l'Empereur le petit Génie ailé qui facrifie
fur un autel. II repréfente le Génie du Prince. On croyoit alors , non-feule-
ment que les Villes, les Provinces; mais que les Empereurs &: chaque homme
avoit fon Génie particulier. On trouve des traces d'offrandes ordonnées aux
Génies des Empereurs.
Mais l'Empereur n'eft pas feul : une femme eft en face de lui. Eft-ce une
mortelle ? Eft-ce une Divinité ? Font-ils enfemble un facrifice , où l'Empe-
reur feul l'offre-t-il ? D'abord il n'eft point vraifemblable que ce foit une
mortelle : ce n'eft pas fon époufe : Hélène avoit quitté la vie lorfque Julien
parvint au Trône. Quelle eft donc cette Divinité qui reçoit ainfi de préfé-
rence les honneurs de ce Prince? Gori balance: il croit d'abord entrevoir la
repréfentation d'un facrifice fait autrefois par Julien à la Lune dans la ville
de Carrhés. Cette première conjecture il l'appuie fur un paffage d'Ammien
Marcellin, qui décrit à la vérité ce facrifice : & comme cet Auteur affure que
Julien donna fa chlamyde à Procope, il réfute fort bien l'obje&ion que l'on
pourroit tirer, contre fon explication, de ce même vêtement dont l'Empereur
eft couvert dans notre Camée. Il donne auffi des raifons fuffifantes pour
faire croire, qu'effeftivement c'eft la Lune ou la chafte Diane que repréfente
la femme couverte d'une grande robe, comme on le voit dans plufieurs monu-
mens. Quelqu'ingénieufe que foit fon explication, nous croyons qu'il n'eft pas
facile de s'y fixer : car, fi Ammien Marcellin parle de ce facrifice fait à Car-
thés par Julien, Théodoret en parle auffi, & , dans fa narration l'on remarque
voit, feroit abfolument fidelle dans notre Camée fi fa barbe étoit moins ronde
& quelle fe terminât plus en pointe.
Si l'Empereur fe trouvoit feul fur notre Onyx il ne feroit pas difficile de
rendre raifon du motif qui auroit déterminé l'Artifte à repréfenter Julien au
moment d'un facrifice. On fçait que depuis fon Apoftafie il a donné dans
toutes les folies de la fuperfiition ; depuis cette époque il fut très-adonné au
culte des idoles ; il immoloit tant de victimes qu'on le furnommoit Ui^i-
marius, & les hécatombes de bœufs étoient fi fréquentes que , publique-
ment, on difoit que, s'il revenoit victorieux de la guerre des Perfes, il n'y
auroit pas affez de troupeaux dans l'Empire pour fatisfaire fa fuperfiition.
On fçait de même que Julien étoit très-dévot aux Divinités d'Égypte ; fes
médailles en font foi. Il avoit près de lui des Augures Etrufques qu'il con-
fultoit fans ceflè fur les entrailles des victimes qu'il oftfoit &. fur le vol des
oifeaux. C'eft même fans doute d'après l'opinion généralement reçue par les
Payens que l'on a placé près de l'Empereur le petit Génie ailé qui facrifie
fur un autel. II repréfente le Génie du Prince. On croyoit alors , non-feule-
ment que les Villes, les Provinces; mais que les Empereurs &: chaque homme
avoit fon Génie particulier. On trouve des traces d'offrandes ordonnées aux
Génies des Empereurs.
Mais l'Empereur n'eft pas feul : une femme eft en face de lui. Eft-ce une
mortelle ? Eft-ce une Divinité ? Font-ils enfemble un facrifice , où l'Empe-
reur feul l'offre-t-il ? D'abord il n'eft point vraifemblable que ce foit une
mortelle : ce n'eft pas fon époufe : Hélène avoit quitté la vie lorfque Julien
parvint au Trône. Quelle eft donc cette Divinité qui reçoit ainfi de préfé-
rence les honneurs de ce Prince? Gori balance: il croit d'abord entrevoir la
repréfentation d'un facrifice fait autrefois par Julien à la Lune dans la ville
de Carrhés. Cette première conjecture il l'appuie fur un paffage d'Ammien
Marcellin, qui décrit à la vérité ce facrifice : & comme cet Auteur affure que
Julien donna fa chlamyde à Procope, il réfute fort bien l'obje&ion que l'on
pourroit tirer, contre fon explication, de ce même vêtement dont l'Empereur
eft couvert dans notre Camée. Il donne auffi des raifons fuffifantes pour
faire croire, qu'effeftivement c'eft la Lune ou la chafte Diane que repréfente
la femme couverte d'une grande robe, comme on le voit dans plufieurs monu-
mens. Quelqu'ingénieufe que foit fon explication, nous croyons qu'il n'eft pas
facile de s'y fixer : car, fi Ammien Marcellin parle de ce facrifice fait à Car-
thés par Julien, Théodoret en parle auffi, & , dans fa narration l'on remarque