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https://doi.org/10.11588/diglit.75293#0088
7$ LE MUSEUM
cœurs qu'elle n'en a de nos jours, & cela devoit être dans une Nation naiffante,
fi éloignée encore des atteintes d'un luxe corrupteur. Ils n'euffent pas, dans ces
premiers tems, pu s'y abandonner , les heureux fujets de Romulus. Ce Roi
prudent , autant qu'habile , ne délaffoit fes foldats que par le travail des champs,
& la culture honorable des terres qui enrichiffoit l'État, qui, par l'attache-
ment qu'elle infpire pour un fol que l'on arrofe de fes fueurs, doubloit l'amour
de la Patrie & le zèle pour fa défenfe , éloignoit encore toutes ces paffions
qui alimentent la cupidité, le libertinage , énervent les corps, abrutiffent les
çfprits , affoibliûënt les ames & détruifent les Héros.
Nous avons fous un même point de vue raflëmblé toute la Législation de
Romulus , citons maintenant quelques-uns des faits les plus remarquables de
fon régne; mais comme tant d'hiftoires les confervent, nous ne ferons que
les indiquer rapidement. L'un des premiers traits de ce Souverain, & l'un
des plus remarquables eft fans doute l'enlèvement des Sabines. Rome
accrue en citoyens , avoit befoin de femmes : les Villes voifines pouvoient
en fournir , & les alliances des Villes pouvoient réfulter de ces alliances
particulières ; mais tous les voifins méprifoient Rome , à raifon de ce nombre
étonnant d'Aventuriers , auxquels elle avoit ouvert fes portes. Que faire ?
Romulus tente d'abord les voies honnêtes , il envoie des Députés à fes voifins
pour leur demander & leur amitié & leurs filles : refus de toutes parts, & refus
mêlés des railleries les plus fanglantes. La néceffité eft la mère des reflources : la
rufe jointe à la force va fuppléer à de nouvelles demandes. On feint d'oublier
Îïnfulte : on prépare une fête: Romulus , qui ordonnoit tout, fait inviter fes
voifins : ceux-ci portés par la curiofité accourent. On voyoit réunis par le feu!
attrait du plaifir des Céniniens, des Crufiuminiens & des Antemnates & les
Sabins de Cures avec leurs femmes & leurs enfans. Les proteftations d'amitié
les plus tendres féduifirent fes Hôtes, &, la joie banniflant jufqu'à la moindre
inquiétude, ils fe livrèrent à tous les amufemens que Romulus avoit eu foin
de leur préparer; mais le foir tandis que tout occupés des fêtes qu'on leur
donnoit, ils s'enyvrent de plaifir, au fignal convenu, les Romains enlèvent
toutes les filles des Étrangers, & fe les réfervent pour époufes. Les pères
outragés fe retirent pleins de colère, attefiant les Dieux du crime qui les
privoit de qu'ils avoient de plus cher, appellant leur vengeance fur des cou-
pables violateurs de l'hofpitalité. Ce ne fut pas fans peine que Romulus appaifa
les filles refiées entre les mains de fes fujets. Raifonnemens, promeffes, pro-
teftations de tendreffe & d'amour, & fur-tout les careffes de leurs raviffeurs,
cœurs qu'elle n'en a de nos jours, & cela devoit être dans une Nation naiffante,
fi éloignée encore des atteintes d'un luxe corrupteur. Ils n'euffent pas, dans ces
premiers tems, pu s'y abandonner , les heureux fujets de Romulus. Ce Roi
prudent , autant qu'habile , ne délaffoit fes foldats que par le travail des champs,
& la culture honorable des terres qui enrichiffoit l'État, qui, par l'attache-
ment qu'elle infpire pour un fol que l'on arrofe de fes fueurs, doubloit l'amour
de la Patrie & le zèle pour fa défenfe , éloignoit encore toutes ces paffions
qui alimentent la cupidité, le libertinage , énervent les corps, abrutiffent les
çfprits , affoibliûënt les ames & détruifent les Héros.
Nous avons fous un même point de vue raflëmblé toute la Législation de
Romulus , citons maintenant quelques-uns des faits les plus remarquables de
fon régne; mais comme tant d'hiftoires les confervent, nous ne ferons que
les indiquer rapidement. L'un des premiers traits de ce Souverain, & l'un
des plus remarquables eft fans doute l'enlèvement des Sabines. Rome
accrue en citoyens , avoit befoin de femmes : les Villes voifines pouvoient
en fournir , & les alliances des Villes pouvoient réfulter de ces alliances
particulières ; mais tous les voifins méprifoient Rome , à raifon de ce nombre
étonnant d'Aventuriers , auxquels elle avoit ouvert fes portes. Que faire ?
Romulus tente d'abord les voies honnêtes , il envoie des Députés à fes voifins
pour leur demander & leur amitié & leurs filles : refus de toutes parts, & refus
mêlés des railleries les plus fanglantes. La néceffité eft la mère des reflources : la
rufe jointe à la force va fuppléer à de nouvelles demandes. On feint d'oublier
Îïnfulte : on prépare une fête: Romulus , qui ordonnoit tout, fait inviter fes
voifins : ceux-ci portés par la curiofité accourent. On voyoit réunis par le feu!
attrait du plaifir des Céniniens, des Crufiuminiens & des Antemnates & les
Sabins de Cures avec leurs femmes & leurs enfans. Les proteftations d'amitié
les plus tendres féduifirent fes Hôtes, &, la joie banniflant jufqu'à la moindre
inquiétude, ils fe livrèrent à tous les amufemens que Romulus avoit eu foin
de leur préparer; mais le foir tandis que tout occupés des fêtes qu'on leur
donnoit, ils s'enyvrent de plaifir, au fignal convenu, les Romains enlèvent
toutes les filles des Étrangers, & fe les réfervent pour époufes. Les pères
outragés fe retirent pleins de colère, attefiant les Dieux du crime qui les
privoit de qu'ils avoient de plus cher, appellant leur vengeance fur des cou-
pables violateurs de l'hofpitalité. Ce ne fut pas fans peine que Romulus appaifa
les filles refiées entre les mains de fes fujets. Raifonnemens, promeffes, pro-
teftations de tendreffe & d'amour, & fur-tout les careffes de leurs raviffeurs,