DE FL0 RENCE. 79
tout fut employé. On vouloit obtenir leur confentement & leurs mains, leur
diloit-on , &, fans lïnjufiice des refus de leurs pères , leurs alliances auroient été
formées par la paix &: par l'amitié : pour éloigner même jufqu'à l'apparence
d'un rapt & d'une violence, qui n'étoient que trop réels, Romulus voulut que
les mariages fuffent célébrés avec les cérémonies d'ufage dans les Villes d'où
étoient les époufes. Dans le fein des plaifirs , adoucies par les charmes de
l'Hymen , continuellement l'objet des complaifances de leurs époux , ces
femmes oublièrent bientôt l'injure qu'on leur avoit faite ; mais elle étoit
toujours préfente à leurs pères, ils ne refpiroient que guerre & que vengeance.
Romulus les attendoit avec intrépidité. Envain les Céniniens viennent-ils atta-
quer les Romains, ils font repouffés, ils font vaincus, & Acron leur Souverain
périt de la main même de Romulus, qui, triomphant, chargé des dépouilles
du Roi , bâtit un temple furle Capitole à Jupiter que l'on furnomma Férétrien,
& y dépofa ces dépouilles opîmes. Les Antemnates éprouvèrent le même fort;
ils furent repouffés avec vigueur : leur Ville fut prife : & les Crufiumniens
partagèrent avec eux leur défaite. Nous avons dit quelle étoit la politique
admirable de Romulus à l'égard des Villes fubjuguées: il en fit un merveilleux
ufage dans ces circonfiances , & l'on vit mutuellement émigrer des Romains pour
habiter chez eux, & eux-mêmes venir en grand nombre demeurer chez les Romains
qui les affocioient à tous leurs droits. Les Sabins furent plus difficiles à vaincre , ils
furent même acheter de la fille de Tarpéius une entrée dans la citadelle, ce qui
féconda leurs forces. Les Romains efl'uyèrent quelques échecs; mais, par un
firatagême digne de Romulus qui les commanda au nom de Jupiter, rappelles
à leur courage , ils mirent en déroute l'armée des Sabins qui, déjà, les inful-
toient en Vainqueurs : ceux-ci revinrent cependant à la charge: la mêlée fut
meurtrière; mais par les confeils d'Herfilie, les femmes Sabines portant leurs
enfans,accoururent au milieu des foldats,& réconcilièrent les deux partis acharnés
à un combat entrepris à caufe d'elles. Romulus termina cette a&ion par un
traité digne de lui : il partagea fon Trône avec Tatius, Roi des Sabins : les
deux peuples n'en firent plus qu'un : le Sénat fut doublé, la Ville s'agran-
dit, ont éleva plufieurs temples aux Dieux, & la plus douce harmonie régna
entre les deux Rois.
Leur union les rendit plus formidables à leurs voifins. Les Camériens
fentirent tout le poids de leurs armes , & leur Ville ne fut bientôt qu'une
Colonie Romaine. Tatius n'avoit encore régné que fix ans avec Romulus, quand
de mauvais traitemens faits à des Laviniens furent l'origine d'une conteftation
tout fut employé. On vouloit obtenir leur confentement & leurs mains, leur
diloit-on , &, fans lïnjufiice des refus de leurs pères , leurs alliances auroient été
formées par la paix &: par l'amitié : pour éloigner même jufqu'à l'apparence
d'un rapt & d'une violence, qui n'étoient que trop réels, Romulus voulut que
les mariages fuffent célébrés avec les cérémonies d'ufage dans les Villes d'où
étoient les époufes. Dans le fein des plaifirs , adoucies par les charmes de
l'Hymen , continuellement l'objet des complaifances de leurs époux , ces
femmes oublièrent bientôt l'injure qu'on leur avoit faite ; mais elle étoit
toujours préfente à leurs pères, ils ne refpiroient que guerre & que vengeance.
Romulus les attendoit avec intrépidité. Envain les Céniniens viennent-ils atta-
quer les Romains, ils font repouffés, ils font vaincus, & Acron leur Souverain
périt de la main même de Romulus, qui, triomphant, chargé des dépouilles
du Roi , bâtit un temple furle Capitole à Jupiter que l'on furnomma Férétrien,
& y dépofa ces dépouilles opîmes. Les Antemnates éprouvèrent le même fort;
ils furent repouffés avec vigueur : leur Ville fut prife : & les Crufiumniens
partagèrent avec eux leur défaite. Nous avons dit quelle étoit la politique
admirable de Romulus à l'égard des Villes fubjuguées: il en fit un merveilleux
ufage dans ces circonfiances , & l'on vit mutuellement émigrer des Romains pour
habiter chez eux, & eux-mêmes venir en grand nombre demeurer chez les Romains
qui les affocioient à tous leurs droits. Les Sabins furent plus difficiles à vaincre , ils
furent même acheter de la fille de Tarpéius une entrée dans la citadelle, ce qui
féconda leurs forces. Les Romains efl'uyèrent quelques échecs; mais, par un
firatagême digne de Romulus qui les commanda au nom de Jupiter, rappelles
à leur courage , ils mirent en déroute l'armée des Sabins qui, déjà, les inful-
toient en Vainqueurs : ceux-ci revinrent cependant à la charge: la mêlée fut
meurtrière; mais par les confeils d'Herfilie, les femmes Sabines portant leurs
enfans,accoururent au milieu des foldats,& réconcilièrent les deux partis acharnés
à un combat entrepris à caufe d'elles. Romulus termina cette a&ion par un
traité digne de lui : il partagea fon Trône avec Tatius, Roi des Sabins : les
deux peuples n'en firent plus qu'un : le Sénat fut doublé, la Ville s'agran-
dit, ont éleva plufieurs temples aux Dieux, & la plus douce harmonie régna
entre les deux Rois.
Leur union les rendit plus formidables à leurs voifins. Les Camériens
fentirent tout le poids de leurs armes , & leur Ville ne fut bientôt qu'une
Colonie Romaine. Tatius n'avoit encore régné que fix ans avec Romulus, quand
de mauvais traitemens faits à des Laviniens furent l'origine d'une conteftation