DE FLORENCE. 85
à l'autre de vivre bien. Les difpofitions du difciple, l'habileté du maître fe
répondoient trop bien, pour qu'en peu de tems Alexandre n'étonnât point par
les progrès & ne doublât point ainfi l'honneur de fon do&e infiituteur. Il connut
bientôt les règles fûres qui fervent de bàfe aux raifonnemens, & fous les Heurs
fouvent trompeufes de l'éloquence il fçut diftinguer la qualité du fond qu'elles
couvroient. La Métaphyfique fous la direction d'Ariftote lui dévoila fes myftères, &
lui fit connoître fes éternelles vérités. Les Mathématiques donnèrent à fon
efprit cette jufteflè fans laquelle il n'eft qu'une flâmme qui pétille, féduit,
égare & difparoît : ce font elles qui fourniffent au génie cette bride nécef-
faire qui le retient & lui épargne fes nobles, mais trop ordinairement nui-
fibles emportemens. Auroit-on oublié dans l'éducation de ce Prince l'étude
de la Nature ? Non , certes! Cette étude aggrandit l'ame & fur l'échelle des
Êtres, la fait s'elever jufqu'à la Divinité. Chaque jour, à l'aide de fon maître, le
jeune Alexandre découvroit des merveilles de la Nature qui lui ouvroit fes
tréfors & lui confioit fes fecrets. Mais ce jeune Prince étoit deftiné pour le
Trône : la principale fcience des Rois eft la connoiffance des hommes , &
cette fcience c'eft la morale qui en eft la mère. Aufli, combien Ariitote la fit-
elle aimer à fon Élève ! Et comme ce royal Élève répondoit aux foins pater-
nels d'Ariftote ! S'il eft effentiel aux Souverains de connoître les hommes, il
eft bien intéreffant pour eux de fçavoir avec art haranguer leurs peuples,
manifefier leurs volontés , parler aux Ambaffadeurs des Rois Étrangers , &
l'éloquence eft dans la bouche d'un Prince ce que la fageffe eft dans fon
cœur. Heureux le maître qui fe voit demander par fon élève les principes
de cet art fublime : heureux l'élève que forme à l'éloquence le Prince de
tous les Rhéteurs ! Les arts méchaniques eux-mêmes firent partie des études
de ce Monarque futur. En les exerçant il apprit à en connoître les difficultés,
les reffources, la valeur, & il n'eft pas furprenant qu'on les ait vu fleurir
fous fon régne , puifqu'il fçavoit les apprécier. C'étoit cette jufie apprécia-
tion qui avoit été le motif de l'étude qu'il en avoit faite. Quelques permis
que foient les délaffemens qu'ils procurent , ce n'étoit pas en eux que ce
Prince puifoit les fens. Tout devoit être noble dans Alexandre, & les momens
que lui laiflbit le Gouvernement de fes États, il les donnoit aux Lettres; il aimoit,
dit Plutarque , à converger avec les Gens de Lettres, à s'inflruire avec eux,
à lire leurs ouvrages. De combien d'honneurs ne combla-t-il pas ceux d'Ho-
mère ! il les lifoit toujours avec un nouvel intérêt; fon cœur plein d'eftime
pour ce Poète le chériffoit comme s'il eut été l'un de fes maîtres, & quand
à l'autre de vivre bien. Les difpofitions du difciple, l'habileté du maître fe
répondoient trop bien, pour qu'en peu de tems Alexandre n'étonnât point par
les progrès & ne doublât point ainfi l'honneur de fon do&e infiituteur. Il connut
bientôt les règles fûres qui fervent de bàfe aux raifonnemens, & fous les Heurs
fouvent trompeufes de l'éloquence il fçut diftinguer la qualité du fond qu'elles
couvroient. La Métaphyfique fous la direction d'Ariftote lui dévoila fes myftères, &
lui fit connoître fes éternelles vérités. Les Mathématiques donnèrent à fon
efprit cette jufteflè fans laquelle il n'eft qu'une flâmme qui pétille, féduit,
égare & difparoît : ce font elles qui fourniffent au génie cette bride nécef-
faire qui le retient & lui épargne fes nobles, mais trop ordinairement nui-
fibles emportemens. Auroit-on oublié dans l'éducation de ce Prince l'étude
de la Nature ? Non , certes! Cette étude aggrandit l'ame & fur l'échelle des
Êtres, la fait s'elever jufqu'à la Divinité. Chaque jour, à l'aide de fon maître, le
jeune Alexandre découvroit des merveilles de la Nature qui lui ouvroit fes
tréfors & lui confioit fes fecrets. Mais ce jeune Prince étoit deftiné pour le
Trône : la principale fcience des Rois eft la connoiffance des hommes , &
cette fcience c'eft la morale qui en eft la mère. Aufli, combien Ariitote la fit-
elle aimer à fon Élève ! Et comme ce royal Élève répondoit aux foins pater-
nels d'Ariftote ! S'il eft effentiel aux Souverains de connoître les hommes, il
eft bien intéreffant pour eux de fçavoir avec art haranguer leurs peuples,
manifefier leurs volontés , parler aux Ambaffadeurs des Rois Étrangers , &
l'éloquence eft dans la bouche d'un Prince ce que la fageffe eft dans fon
cœur. Heureux le maître qui fe voit demander par fon élève les principes
de cet art fublime : heureux l'élève que forme à l'éloquence le Prince de
tous les Rhéteurs ! Les arts méchaniques eux-mêmes firent partie des études
de ce Monarque futur. En les exerçant il apprit à en connoître les difficultés,
les reffources, la valeur, & il n'eft pas furprenant qu'on les ait vu fleurir
fous fon régne , puifqu'il fçavoit les apprécier. C'étoit cette jufie apprécia-
tion qui avoit été le motif de l'étude qu'il en avoit faite. Quelques permis
que foient les délaffemens qu'ils procurent , ce n'étoit pas en eux que ce
Prince puifoit les fens. Tout devoit être noble dans Alexandre, & les momens
que lui laiflbit le Gouvernement de fes États, il les donnoit aux Lettres; il aimoit,
dit Plutarque , à converger avec les Gens de Lettres, à s'inflruire avec eux,
à lire leurs ouvrages. De combien d'honneurs ne combla-t-il pas ceux d'Ho-
mère ! il les lifoit toujours avec un nouvel intérêt; fon cœur plein d'eftime
pour ce Poète le chériffoit comme s'il eut été l'un de fes maîtres, & quand