DE FLORENCE. i$7
force de fes principes, c'eft lui-même qui les raffure : l'immortalité de l'ame,
ce dogme en faveur duquel tout réclame en nous, qu'une Philofophie chagrine
s'efforce d'anéantir de nos jours , & qu'attefte , même dans les faux doseurs"
qui la profeffent , la frayeur qui les faifit au moment de leur diffolution,
l'immortalité de l'ame efi le motif qu'il leur offre pour les confoler en fe confolant
lui-même : la certitude d'une vie future, leur dit-il, eft l'aiguillon de la
fageffe, le frein du crime pendant le cours de la vie mortelle, & quand on
touche aux portes du trépas , c'eft l'aurore du bonheur pour ceux qui ont mené
une conduite divine qui leur doit ouvrir à jamais l'afyle des Dieux: &, en
finiffant ce difcours il avale le poifon. Quelques Pères de 1'EgIife, dans un
de ces enthoufiafmes que donne I'afpe& d'une vertu atiffi épurée, n'ont pas
dédaigné de lui donner le titre de Martyr d'un Dieu; Érafme, en lifant fa'
mort fe fentoit tenté de le claffer avec nos Saints; & Rouffeau de Genève a
lardé de ce grand homme le plus vafte éloge, par le parallèle qu'il a ofé en
faire avec Jéfus-Chrift , auquel il donne cependant ce témoignage précieux
d'une ame naturellement Chrétienne, que fi la mort de Socrate eft d'un Sage^
la mort de Jéfus eft d'un Dieu;
On ne peut douter que ce foit la tête de cet immortel Philosophe qui fe
trouve fur les Cornalines N°. IV & V, & fur le Jafpe N°. VI de cette Planchez
ainfi que fur le Camée de Cornaline N°. I&: la Calcédoine N°. Il de la Planche
fuivante : ces portraits tracés par les plus habiles Graveurs, font parfaitement
d'accord avec ce qu'ont dit de la figure de ce grand homme les Auteurs les
plus anciens; On remarque fur fon vifage cet air de férénité, qu'embellit une
gaité paifible, & que ne troublèrent jamais les paffions ; fa tête eft prefqu'en-
tièrement chauve, fon front protubérant, fes fourcils avancés, fes yeux fail-
lies, fon regard femblable à celui du taureau, fon nez court & relevé, fa
barbe épaiffe, longue & négligée; enfin on retrouve en lui le caractère de
celui de Silène, auquel Platon le fait fi adroitement comparer par Alcibiade,
qui, au milieu d'un repas, le voyoit fculpté fur fa coupe. Si l'on rencontre
auffi feuvent des Pierres qui confervent la figure de ce Philofophe, cela n'eft
point furprenant : fa réputation étoit fi grande parmi les Anciens, qu'ils
aimoïent à porter des anneaux qui leur rappellâffenr fon image, & qu'ils^
regardoient comme de paillantes amulettes bien utiles dans les circonfiances
délicates ; mais il faut en convenir , ces images ne dévorent avoir de pou-
voir qu'autant que l'on pofïédoit fes principes, & qu'elles fervoient à 1^
réveiller dans les cœurs.
force de fes principes, c'eft lui-même qui les raffure : l'immortalité de l'ame,
ce dogme en faveur duquel tout réclame en nous, qu'une Philofophie chagrine
s'efforce d'anéantir de nos jours , & qu'attefte , même dans les faux doseurs"
qui la profeffent , la frayeur qui les faifit au moment de leur diffolution,
l'immortalité de l'ame efi le motif qu'il leur offre pour les confoler en fe confolant
lui-même : la certitude d'une vie future, leur dit-il, eft l'aiguillon de la
fageffe, le frein du crime pendant le cours de la vie mortelle, & quand on
touche aux portes du trépas , c'eft l'aurore du bonheur pour ceux qui ont mené
une conduite divine qui leur doit ouvrir à jamais l'afyle des Dieux: &, en
finiffant ce difcours il avale le poifon. Quelques Pères de 1'EgIife, dans un
de ces enthoufiafmes que donne I'afpe& d'une vertu atiffi épurée, n'ont pas
dédaigné de lui donner le titre de Martyr d'un Dieu; Érafme, en lifant fa'
mort fe fentoit tenté de le claffer avec nos Saints; & Rouffeau de Genève a
lardé de ce grand homme le plus vafte éloge, par le parallèle qu'il a ofé en
faire avec Jéfus-Chrift , auquel il donne cependant ce témoignage précieux
d'une ame naturellement Chrétienne, que fi la mort de Socrate eft d'un Sage^
la mort de Jéfus eft d'un Dieu;
On ne peut douter que ce foit la tête de cet immortel Philosophe qui fe
trouve fur les Cornalines N°. IV & V, & fur le Jafpe N°. VI de cette Planchez
ainfi que fur le Camée de Cornaline N°. I&: la Calcédoine N°. Il de la Planche
fuivante : ces portraits tracés par les plus habiles Graveurs, font parfaitement
d'accord avec ce qu'ont dit de la figure de ce grand homme les Auteurs les
plus anciens; On remarque fur fon vifage cet air de férénité, qu'embellit une
gaité paifible, & que ne troublèrent jamais les paffions ; fa tête eft prefqu'en-
tièrement chauve, fon front protubérant, fes fourcils avancés, fes yeux fail-
lies, fon regard femblable à celui du taureau, fon nez court & relevé, fa
barbe épaiffe, longue & négligée; enfin on retrouve en lui le caractère de
celui de Silène, auquel Platon le fait fi adroitement comparer par Alcibiade,
qui, au milieu d'un repas, le voyoit fculpté fur fa coupe. Si l'on rencontre
auffi feuvent des Pierres qui confervent la figure de ce Philofophe, cela n'eft
point furprenant : fa réputation étoit fi grande parmi les Anciens, qu'ils
aimoïent à porter des anneaux qui leur rappellâffenr fon image, & qu'ils^
regardoient comme de paillantes amulettes bien utiles dans les circonfiances
délicates ; mais il faut en convenir , ces images ne dévorent avoir de pou-
voir qu'autant que l'on pofïédoit fes principes, & qu'elles fervoient à 1^
réveiller dans les cœurs.