Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
— IÔ2 —

vantées. Nous ne dirons encore trop rien sur la dépense; mais nous
voudrions bien attirer un moment l'attention de nos édiles, des
savants, des journalistes sur des monuments qui méritent bien leur
sollicitude au même degré que les moellons romains de la rue Monge
ou de Sanxay.

Voici des années déjà que la porte Saint-Denis présente le plus
lamentable aspect ; son état devient même dangereux pour le passant.
Dernièrement, c'était le bras du Fleuve faisant face à la rue Saint-Denis
qui s'écrasait sur le trottoir. Heureusement, personne ne se trouvait
là pour le moment; un bœuf eût été assommé du coup.

La figure de femme éplorée qui fait face au Rhin est aussi dans un
affligeant état ; une lèpre hideuse a rongé son visage ; le nez a disparu ;
la tête n'aura bientôt plus aspect humain. Le monument, il est vrai,
n'a que deux siècles d'existence; mais c'est un des plus glorieux sou-
venirs de l'histoire de Paris. Il mériterait bien d'obtenir une petite
part des libéralités dont on se montre si prodigue pour les pierres
sans sculpture, sans inscription de la rue Monge. Faut-il parler des
délicats bas-reliefs qui décorent le soubassement ? Protégés autrefois
par une grille qui tenait le passant à distance respectueuse, ils sont
en butte aujourd'hui à toutes les insultes des promeneurs ou des affi-
cheurs, et bientôt il ne restera plus de ces charmantes sculptures que
des reliefs frustes à peine reconnaissables.

Quelques milliers de francs sagement dépensés suffiraient à réparer
ces honteuses dégradations. La ville ne les trouvera pas, et enfouira
des millions dans les tranchées de ces fameuses arènes de Lutèce.
O puissance des mots et de la badauderie humaine !

Mais voici bien une autre affaire. Les savants, les architectes ont
la prétention de conserver des pierres enfouies depuis quinze siècles,
saturées d'humidité, de salpêtre, et ces mêmes juges infaillibles con-
damnent sans rémission un bâtiment qui, depuis quinze ans, défie
toutes les intempéries des saisons, a bravé des températures excep-
tionnelles, a résisté aux gelées les plus terribles que notre pays ait
mémoire d'avoir subies. Consultez un architecte ; le premier venu
vous dira que les murailles encore debout du Conseil d'État ne
peuvent servir à rien ; qu'il faut raser ces murs si solides ; que ces
colonnes encore intactes sont bonnes tout au plus à être jetées à bas
et converties en moellons. Ainsi, voici des pierres pourries d'humi-
dité qu'on se charge de conserver à l'admiration de la postérité, tan-
dis que des murailles d'une résistance à toute épreuve ne sauraient
être employées au moins comme enveloppe, comme point d'appui
pour une construction nouvelle. La contradiction saute aux yeux ;
elle est choquante. Vous verrez cependant qu'on démolira les murs
du Conseil d'État, tandis qu'on présentera comme les vestiges
restaurés des arènes romaines les constructions sorties tout entières
 
Annotationen