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Société de l'Histoire de l'Art Français [Hrsg.]
Nouvelles archives de l'art français — 3.Sér. 2.1886

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https://doi.org/10.11588/diglit.18642#0016
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JEAN PERREAL.

Ainsi la lettre appartient à i5oj, et cette date n'est pas indiffé-
rente.

On a longtemps attribué la chronique connue sous le nom
de Mémoires de Pierre de Fénin à un Fénin contemporain des
événements qu'il raconte et mort en 1433. Mlle Dupont a
démontré1 que l'auteur avait vécu plus tard, et elle a proposé,
faute de mieux, un autre Pierre de Fénin, seigneur de Grincourt,
mort en i5ob, dont on ne connaît rien que l'épitaphe. Mais voici
une lettre du 18 avril 007, qui nous révèle encore un autre
Fénin, auteur de ballades, comme Lemaire de Belges, comme
Jean d'Auton , et comme eux pensionné par la cour sous une
forme ou sous une autre. Tout nous porte à croire que, comme
eux aussi, ce Fénin était historien à ses heures, et l'hypothèse de
Mlle Dupont nous semble devoir céder à une plus forte présomp-
tion, à celle d'un Fénin, homme de lettres de profession, offi-
ciellement attaché à la cour de Louis XII, auteur, ainsi que ses
contemporains, de ballades et d'histoires, attendu que le roi aimait
et encourageait les unes et les autres. Il est vrai que nous ne
savons rien de sa personne2; mais que savons-nous de Jean d'Au-
ton et même de Saint-Gelais3 ?...

Cette situation explique parfaitement le ton froid et impartial
des Mémoires de P. de Fénin, ce ton qui a déconcerté les com-
mentateurs. On se demande comment Fénin peut raconter sans
indignation tant de crimes, tant de douleurs patriotiques, com-
ment il se pique, lui Français, d'une impartialité si scrupuleuse,
pourquoi il paraît soucieux de ménager toujours le duc de Bour-
gogne... Le motif en est très simple : Fénin n'est pas un témoin,

1. Édition de la Société de l'Histoire de France, introduction.

2. Dans le compte des mises en pensions en 1498 d'un certain nombre de
serviteurs du duc d'Orléans devenu roi (ms. fr. 2927, fol. 27 et suiv.), nous
trouvons, parmi les sommeliers de panneterie du Commun, Jehan Senyn,
dit Bardeiet, inscrit pour une pension de i5o liv. Ce Senyn a-t-il quelque
chose de commun avec Fényn? Je ne le pense pas.

Mais il est remarquable que l'admirable ms. de 15og, que possède le musée
de l'Hermitage à Saint-Pétersbourg, et qui passe pour le chef-d'œuvre de
Jean Perréal, ne contient aucun texte de Fénin. Fénin serait-il donc mort
en 1509, qu'il n'ait pas collaboré à cette couronne tressée par les poètes de
la cour et illustrée par Perréal?

3. Il faut dire cependant que la Chronique de Jean d'Auton a été célé-
brée par ses contemporains, cette chronique qui « a tousjours fiourira, »
comme dit Lemaire de Belges, tandis que nul d'entre eux ne mentionne Fénin.
 
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