REMBRAN1) T
VII
àme. Les beaux tons veloutés, les belles ombres mystérieuses se confon-
dent avec sa pensée, en sont la suite naturelle, dirai-je, elles ajoutent à
la douceur, à la tendresse où à la force du sentiment qu'il éprouve et
qu'il traduit si fidèlement.
Quoi de plus touchant que son Retour de l'Enfant prodigue ? Quoi de
plus sublime que sa Résurrection de Lazare ? Quoi de plus attendrissant
que l'aspect des souffreteux de la Pièce des cent florins, ces mendian ts et ces
gueux, ces pauvres gens infirmes qui, attirés par la voix du divin maître,
se traînent péniblement à ses pieds'?... Et rien, aucun détail n'échappe à
l'œil de Rembrandt, à sa main, qu'il s'agisse de fouiller le pommeau d'une
épée dans l'ombre et d'en rendre l'aspect métallique ou bien encore de
montrer les stries cannelées d'un simple coquillage. Tout devient art
sous cette main savante, et l'on ne sait vraiment ce que l'on doit le plus
admirer en lui, de sa vive et poétique imagination ou de la passion tou-
jours en éveil avec laquelle il exprime son rêve et son idéal.
Aimons-le sans restrictions, le grand maître du Nord, inclinons-nous
devant sa féconde originalité, remercions-le d'avoir ajouté au monde
supérieur du beau un élément inconnu avant lui, et admirons ce météore
dont les rayons jettent un si vif éclat sur l'art de tous les pays et de tous
les temps.
Léon BONNAT.
VII
àme. Les beaux tons veloutés, les belles ombres mystérieuses se confon-
dent avec sa pensée, en sont la suite naturelle, dirai-je, elles ajoutent à
la douceur, à la tendresse où à la force du sentiment qu'il éprouve et
qu'il traduit si fidèlement.
Quoi de plus touchant que son Retour de l'Enfant prodigue ? Quoi de
plus sublime que sa Résurrection de Lazare ? Quoi de plus attendrissant
que l'aspect des souffreteux de la Pièce des cent florins, ces mendian ts et ces
gueux, ces pauvres gens infirmes qui, attirés par la voix du divin maître,
se traînent péniblement à ses pieds'?... Et rien, aucun détail n'échappe à
l'œil de Rembrandt, à sa main, qu'il s'agisse de fouiller le pommeau d'une
épée dans l'ombre et d'en rendre l'aspect métallique ou bien encore de
montrer les stries cannelées d'un simple coquillage. Tout devient art
sous cette main savante, et l'on ne sait vraiment ce que l'on doit le plus
admirer en lui, de sa vive et poétique imagination ou de la passion tou-
jours en éveil avec laquelle il exprime son rêve et son idéal.
Aimons-le sans restrictions, le grand maître du Nord, inclinons-nous
devant sa féconde originalité, remercions-le d'avoir ajouté au monde
supérieur du beau un élément inconnu avant lui, et admirons ce météore
dont les rayons jettent un si vif éclat sur l'art de tous les pays et de tous
les temps.
Léon BONNAT.