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Lenormant, Charles: Étude de la religion phrygienne de Cybèle, [1]
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.9421#0239
DE CYBÈLE. 2-9
d une pierre inerte et stérile à l'idée de maternité. Si nous ne vou-
lons pas écarter cette dernière idée du nombre de celles qui se rat-
tachent à Cybèle, nous devrons la subordonner à un sens plus
général et avec lequel puisse s'accorder le symbole de la pierre.
Pour arriver à ce résultat, il suffit d'un raisonnement simple
et incontestable. Les idées de production et d'éducation, dans
lesquelles se résument les diverses acceptions de la racine [j.aw
chez les Grecs, sont la conséquence des idées (Xexistence et de
durée. Or, d'après cela, quelle image plus naturelle de la cohésion
élémentaire, quune pierre, réunion solide et résistante d'éléments
ailleurs séparés? Cette simple pierre pourra donc devenir ainsi
la personnification la plus étendue et la plus compréhensive de
la nature.
Mais ce n'est pas tout que la pierre convienne, comme sym-
bole général, à une déesse-nature telle que Cybèle, il faut aussi
que ce symbole et le rôle qu'on lui faisait jouer dans les céré-
monies s'accordent non seulement avec une idée vague de pan-
théisme, mais encore ne se trouvent en contradiction avec aucun
des détails mythologiques qui se rapportent à Cybèle : c'est
cette démonstration que nous tâcherons de donner en partie
dans le § suivant.
§111. — Origine et sens probable du symbole de la pierre appliqué à la mère des
dieux,
I. Plusieurs des assertions contenues dans le précédent para-
graphe ont besoin d'une démonstration ultérieure ; deux choses
seulement paraissent prouvées :1a première , c'est que le mot de
Magna-Mater peut et doit exprimer souvent toute autre chose
que l'idée de maternité; la seconde, c'est qu'entre l'opinion qui
considérait la Magna-Mater comme une simple pierre, et celle
qui envisageait cette divinité comme une personnification de la
nature, il devait exister une conciliation, un rapprochement
possibles. Maintenant que le lecteur consente à étudier avec moi
d'une manière spéciale les traditions qui se rapportent à la
pierre de la mère des dieux, et il jugera si la conclusion anti-
d une pierre inerte et stérile à l'idée de maternité. Si nous ne vou-
lons pas écarter cette dernière idée du nombre de celles qui se rat-
tachent à Cybèle, nous devrons la subordonner à un sens plus
général et avec lequel puisse s'accorder le symbole de la pierre.
Pour arriver à ce résultat, il suffit d'un raisonnement simple
et incontestable. Les idées de production et d'éducation, dans
lesquelles se résument les diverses acceptions de la racine [j.aw
chez les Grecs, sont la conséquence des idées (Xexistence et de
durée. Or, d'après cela, quelle image plus naturelle de la cohésion
élémentaire, quune pierre, réunion solide et résistante d'éléments
ailleurs séparés? Cette simple pierre pourra donc devenir ainsi
la personnification la plus étendue et la plus compréhensive de
la nature.
Mais ce n'est pas tout que la pierre convienne, comme sym-
bole général, à une déesse-nature telle que Cybèle, il faut aussi
que ce symbole et le rôle qu'on lui faisait jouer dans les céré-
monies s'accordent non seulement avec une idée vague de pan-
théisme, mais encore ne se trouvent en contradiction avec aucun
des détails mythologiques qui se rapportent à Cybèle : c'est
cette démonstration que nous tâcherons de donner en partie
dans le § suivant.
§111. — Origine et sens probable du symbole de la pierre appliqué à la mère des
dieux,
I. Plusieurs des assertions contenues dans le précédent para-
graphe ont besoin d'une démonstration ultérieure ; deux choses
seulement paraissent prouvées :1a première , c'est que le mot de
Magna-Mater peut et doit exprimer souvent toute autre chose
que l'idée de maternité; la seconde, c'est qu'entre l'opinion qui
considérait la Magna-Mater comme une simple pierre, et celle
qui envisageait cette divinité comme une personnification de la
nature, il devait exister une conciliation, un rapprochement
possibles. Maintenant que le lecteur consente à étudier avec moi
d'une manière spéciale les traditions qui se rapportent à la
pierre de la mère des dieux, et il jugera si la conclusion anti-