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Institut Archéologique <Paris> / Section Française [Hrsg.]
Nouvelles annales — 1.1836

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Lenormant, Charles: Étude de la religion phrygienne de Cybèle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.9421#0241
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DE CYBÈLE. 231

Je sais qu'on a considéré souvent la simplicité comme le ca-
chet des âges primitifs, et le raffinement dans les idées, comme
celui des époques de décadence ; on a vivement insisté sur le
danger qu'il y aurait à attribuer quelque chose de ce raffinement
aux premiers âges des religions antiques. Je sais aussi que plus
l'homme est barbare, plus la structure de son langage est com-
pliquée et raffinée. Cette disposition à la subtilité , appliquée à
la première de toutes les énigmes qui préoccupent l'homme en
ce monde, l'énigme de sa propre origine et de celle de toutes
les choses qui l'entourent, cette subtilité, dis-je, a fait la com-
plication de raisonnement dont les religions primitives me sem-
blent porter l'empreinte.

La religion que nous révèlent les monuments classiques, en
est encore à ce raffinement barbare; le fonds n'en a point
changé -la superstition a, jusqu'au bout, bien gardé la position
qu'attaquait le progrès de la raison humaine. Une belle imagi-
nation, les arts, la poésie, produits de cette imagination féconde,
ont jeté un voile sur le fonds de paralogismes panthéistiques
dont la vraie religion, la religion basée sur la conscience, de-
vait faire justice. Mais, si l'on traverse cette couche superfi-
cielle, on retrouve toujours la subtilité barbare qui appartient
à toutes les religions de l'ancien monde.

IV. Dans un tel système, l'unité, la personne divine, est un
être insaisissable, invisible, et qui se réfléchit néanmoins dans
une multitude de symboles : ces symboles, la nature les fournil,
l'homme les observe et les imite. Des corps immenses, tels que
Je soleil, la lune, la terre; des phénomènes tout-puissants tels
que la foudre, les volcans, le déluge, sont les expressions les
plus étendues de la divinité; mais ces expressions ne sont jamais
complètes. De là, aux yeux du penseur religieux, la conviction
que la divinité peut apparaître dans le plus chétif comme dans
le plus étendu de ses symboles. L'homme, pas plus par la
pensée que par les yeux, ne peut percevoir l'unité divine; la
pluralité, inséparable de cette unité, ne lui permet de voir à la
fois qu'une des faces de l'être divin. Aussi, tout symbole, toute
figure, tout nom de la divinité, portent-ils en eux-mêmes un
double caractère : positivement, ils n'expriment qu'une des qua-
 
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