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https://doi.org/10.11588/diglit.1049#0069
LA COLOMNE
DE DUILIUS, ouROSTRALE.
45
N avoit élevé autrefois plusicurs Colomnes dans la Place Romaine , en guise de Tro-
phées. Pline même nous aprend, que leur usage étoit plus ancien que celui des Sta-
tues. Voiez ( Lib. XXXIV. cap. y.) où il parle de la Colomne de Msenius & de celle
de Duilius L'ufage, dit-il, des Colomnes cfl plus ancien, comme il par oit de celle qu'on
\ éleva à l'honeur de Caius Mœnius, pour avoir vaincu les anciens Latins, à qui le Teuple
Romain étoit obligé, par une Alliance, de donner le tiers du butin qu'il faifoit. Ce sut aufjï
fous le Confulat de ce Msenius, que les Romains attachèrent des Eperons de Navires a des Endroits élevez,
après la désaite des Antiates, l'An de Rome 416. La Colomne érigée a Caius Duilius, le premier qui jouît
du Triomphe Naval, après avoir remporté la viâoirejùr les Carthaginois, & qu'on voit encore aujourd'hui
dans la Place Romaine, en fournit une autre Preuve.
Cette Colomne étoit autrefois ornée d'Eperons de cuivre des Vaissèaux qu'on avoit pris sur les Car-
thaginois , comme Silius Italicus le témoigne {Lib. VI. v. 663.)
AEquoreum juxta decus, & navale tropœum
Rojira gerens, nivea furgebat mole columna
Exuvias Marti, donumque Duillius alto
Ante omnes merja Tœnorum clajfe dicabat.
C'eft-à-dire, // s'élevoit ici une Colomne de pierre blanche comme la neige, quifervoit de Trophée Naval,
& qui étoit ornée d'Eperons de Navires, & des dépouilles, que Duillius, le premier de tous les Romains qui
eut détruit lu Elote des Carthaginois, avoit confacrées à Mars.
Une paroit aujourd'hui sur cette Colomne que des Poupes & des Proues de marbre, qui sont de nou-
velle façon, & il n'y a que peu d'années qu'on tira sa Base, ou plutôt son Piédestal, des ruines qu'il y
avoit dans la Place Romaine, tout-auprès de l'Arc de Septimius Severus. J'avoue de bonne foi, avec
Ciacconius & d'autres Antiquaires habiles, que je ne sài point par qui, ni en quel tems, ce Piédestal sut
transporté dans le Capitole. Quoi qu'il en soit, Bouhereau & Tanaquil le Févre , de même que
Gasîèndi avant eux, soupçonnoient de faussèté l'Inscription de Duilius, qui est insérée a la muraille du
Palais des Conservateurs dans le Capitole, au bas de l'Escalier sur la gauche en entrant. D'ailleurs ,
Ciacconius croit, que ce Piédestal fut reparé après la mort de Caius Ceiar & peut-être même après celle
de Pline & de Quintilien, parce que l'Inscription , qu'il y a dessus , est fort éloignée du stile des An-
ciens, comme il le fait voir dans l'explication qu'il en donne. La voici tout du long, & l'on verra qu'il
en a heureusement rempli lesvuides, par de savantes conjectures, qui sont imprimées en plus petit
Caractère que le reste, afin qu'on les en puisîe distinguer.
Tom. IL
C. BI-
DE DUILIUS, ouROSTRALE.
45
N avoit élevé autrefois plusicurs Colomnes dans la Place Romaine , en guise de Tro-
phées. Pline même nous aprend, que leur usage étoit plus ancien que celui des Sta-
tues. Voiez ( Lib. XXXIV. cap. y.) où il parle de la Colomne de Msenius & de celle
de Duilius L'ufage, dit-il, des Colomnes cfl plus ancien, comme il par oit de celle qu'on
\ éleva à l'honeur de Caius Mœnius, pour avoir vaincu les anciens Latins, à qui le Teuple
Romain étoit obligé, par une Alliance, de donner le tiers du butin qu'il faifoit. Ce sut aufjï
fous le Confulat de ce Msenius, que les Romains attachèrent des Eperons de Navires a des Endroits élevez,
après la désaite des Antiates, l'An de Rome 416. La Colomne érigée a Caius Duilius, le premier qui jouît
du Triomphe Naval, après avoir remporté la viâoirejùr les Carthaginois, & qu'on voit encore aujourd'hui
dans la Place Romaine, en fournit une autre Preuve.
Cette Colomne étoit autrefois ornée d'Eperons de cuivre des Vaissèaux qu'on avoit pris sur les Car-
thaginois , comme Silius Italicus le témoigne {Lib. VI. v. 663.)
AEquoreum juxta decus, & navale tropœum
Rojira gerens, nivea furgebat mole columna
Exuvias Marti, donumque Duillius alto
Ante omnes merja Tœnorum clajfe dicabat.
C'eft-à-dire, // s'élevoit ici une Colomne de pierre blanche comme la neige, quifervoit de Trophée Naval,
& qui étoit ornée d'Eperons de Navires, & des dépouilles, que Duillius, le premier de tous les Romains qui
eut détruit lu Elote des Carthaginois, avoit confacrées à Mars.
Une paroit aujourd'hui sur cette Colomne que des Poupes & des Proues de marbre, qui sont de nou-
velle façon, & il n'y a que peu d'années qu'on tira sa Base, ou plutôt son Piédestal, des ruines qu'il y
avoit dans la Place Romaine, tout-auprès de l'Arc de Septimius Severus. J'avoue de bonne foi, avec
Ciacconius & d'autres Antiquaires habiles, que je ne sài point par qui, ni en quel tems, ce Piédestal sut
transporté dans le Capitole. Quoi qu'il en soit, Bouhereau & Tanaquil le Févre , de même que
Gasîèndi avant eux, soupçonnoient de faussèté l'Inscription de Duilius, qui est insérée a la muraille du
Palais des Conservateurs dans le Capitole, au bas de l'Escalier sur la gauche en entrant. D'ailleurs ,
Ciacconius croit, que ce Piédestal fut reparé après la mort de Caius Ceiar & peut-être même après celle
de Pline & de Quintilien, parce que l'Inscription , qu'il y a dessus , est fort éloignée du stile des An-
ciens, comme il le fait voir dans l'explication qu'il en donne. La voici tout du long, & l'on verra qu'il
en a heureusement rempli lesvuides, par de savantes conjectures, qui sont imprimées en plus petit
Caractère que le reste, afin qu'on les en puisîe distinguer.
Tom. IL
C. BI-