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L I S LE
DU TIBRE.
ii
l§Tv^§?3^^ Ette Isle eft fituée à quatre-vingt Pas au defius du Pont Palatin. Titc Live nous
^'^^ffâîM aprend ( Lib. II. cap. 5. ) la manière, dont elle iè forma. Le Champ des Tarquins, dit-il,
'SiMûfi1^ mtre ^a y^fo & h c^~l^re ' était confacré à éAlars, & c'ejlpour cela mime qu'il cnpor-
}%'(£7% toit le nom. Il arriva par haj'ardqiCony fema du Froment, & comme, par un principe de
IfctX<_l JMk retiglon-> il n'était pas permis de le deflincr a l'ufage ordinaire de la vie, lors que le tems de
^i^^^^ la jifajjofi ffo venu, on y emploja quantité d'Hommes, pour le couper; on le mit enfuit e dans
des Corbeilles, & on le jet ta dans le Tibre, dont les eaux étaient fort baffes, comme il arrive dam les grandes
chaleurs de l'Eté. Ce Froment, mêlé avec le limon du Fleuve, & les autres immondices qu'il charrie, s'ar-
rêta dans les Endroits guéablcs, & forma peu-à-peu une Ijle. Alaisje croi que dans la fuite les Hommes
y mirent la main, & qu'ils y jetterent tant de lourdes maffes de pierres, quelle devint a fez haute & ajfcz
ferme pour foutenir des Temples & des Portiques.
La forme de cette Me repréfente un Vaifïèau, dont la partie la plus élevée fait la Prouë, Se la plus
balle la Poupe. Il y a des Ecrivains qui prétendent qu'on lui donna cette figure en mémoire du Vaifi-
feau, qui porta d'Epidaure à Rome le Serpent, qu'on fuppofoit être Efculape. Quoi qu'il en foit, elle
a deux Stades, ou environ, de longueur, & cinquante Pas de large. Ovide en parle dans Tes Méta-
morphofes (lib. XV. f-H9-)
Scinditur in geminas partes circumfuus amnis-,
Infulanomen habet, laterumque aparté duorum
Porrigit œquales média tellure lacertos.
C'eft-à-dire, Le Fleuve, qui coule tout autour, fepartage en deux 'Branches, qui s'étendent également de
l'un & de l'autre côté, & le terrain, qui efi au milieu, porte le nom d'IJlé du Tibre.
Dans un tems que la Perte ravageoit le Pais, le Sénat & le Peuple Romain, après avoir confulté les
Livres des Sybilles, envoierent des Ambafladeurs à Epidaure, pour y aller chercher le Dieu Efculape :
Ceux-ci en raporterent, à fa place, un gros Serpent, qui,'à l'aproche de Rome, fortit du Vaiileau &
monta dans l'îile, où on lui érigea un Temple célèbre, & où il lut nourri aux dépens du Public ; de
forte que toute l'Ifle fut confacrée à ce Dieu. Pline remarque une de ces particularitez ( Lib. XXIX.
cap. 4. med. ) Le Serpent d'Efculape, dit-il, fut amené à Rome, & il mange par tout, jujqites dans les A4ai-
fbns. D'ailleurs, pour conferver la mémoire de cet Evénement, on tailla, fur du Marbre de Tha-
fus, la figure du Vailïèau, qu'on mit à la Poupe de l'îile, où on le voit encore aujourd'hui ; de mê-
me que la figure du Serpent, qui fut placée à l'un de fes cotez.
L'Eglife de S. Barthélemi occupe le terrain, où étoit autrefois le Temple d'Efcuîape. . Feftus en
parle (Lib. XI. après le Verbe Fuit) On confiera, dit-il, un Temple à Efculape dans ITjle , parce que
les t5\icdeeins fe fervent beaucoup d'Eau pour guérir les Malades. On veut aujji qu'il fit le Dieu tutélaire
du Dragon, parce que c'cfl un Animal fort vigilant, & que les Malades ont un extrême befoin de prendre
garde h leur régime. On admet les Chiens dans fin Temple , parce qu'il fut nourri par une Chienne. Il
porte un Bâton plein de neuds à la main, pour défigner les difficultez de fin Art ; & il a une Couronne de
Laurier Jur la tête, parce que cet Arbre jert aplufieurs Remèdes. On immoloit aujfi des Coqs & des Tou-
Tom. III. H les
L I S LE
DU TIBRE.
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l§Tv^§?3^^ Ette Isle eft fituée à quatre-vingt Pas au defius du Pont Palatin. Titc Live nous
^'^^ffâîM aprend ( Lib. II. cap. 5. ) la manière, dont elle iè forma. Le Champ des Tarquins, dit-il,
'SiMûfi1^ mtre ^a y^fo & h c^~l^re ' était confacré à éAlars, & c'ejlpour cela mime qu'il cnpor-
}%'(£7% toit le nom. Il arriva par haj'ardqiCony fema du Froment, & comme, par un principe de
IfctX<_l JMk retiglon-> il n'était pas permis de le deflincr a l'ufage ordinaire de la vie, lors que le tems de
^i^^^^ la jifajjofi ffo venu, on y emploja quantité d'Hommes, pour le couper; on le mit enfuit e dans
des Corbeilles, & on le jet ta dans le Tibre, dont les eaux étaient fort baffes, comme il arrive dam les grandes
chaleurs de l'Eté. Ce Froment, mêlé avec le limon du Fleuve, & les autres immondices qu'il charrie, s'ar-
rêta dans les Endroits guéablcs, & forma peu-à-peu une Ijle. Alaisje croi que dans la fuite les Hommes
y mirent la main, & qu'ils y jetterent tant de lourdes maffes de pierres, quelle devint a fez haute & ajfcz
ferme pour foutenir des Temples & des Portiques.
La forme de cette Me repréfente un Vaifïèau, dont la partie la plus élevée fait la Prouë, Se la plus
balle la Poupe. Il y a des Ecrivains qui prétendent qu'on lui donna cette figure en mémoire du Vaifi-
feau, qui porta d'Epidaure à Rome le Serpent, qu'on fuppofoit être Efculape. Quoi qu'il en foit, elle
a deux Stades, ou environ, de longueur, & cinquante Pas de large. Ovide en parle dans Tes Méta-
morphofes (lib. XV. f-H9-)
Scinditur in geminas partes circumfuus amnis-,
Infulanomen habet, laterumque aparté duorum
Porrigit œquales média tellure lacertos.
C'eft-à-dire, Le Fleuve, qui coule tout autour, fepartage en deux 'Branches, qui s'étendent également de
l'un & de l'autre côté, & le terrain, qui efi au milieu, porte le nom d'IJlé du Tibre.
Dans un tems que la Perte ravageoit le Pais, le Sénat & le Peuple Romain, après avoir confulté les
Livres des Sybilles, envoierent des Ambafladeurs à Epidaure, pour y aller chercher le Dieu Efculape :
Ceux-ci en raporterent, à fa place, un gros Serpent, qui,'à l'aproche de Rome, fortit du Vaiileau &
monta dans l'îile, où on lui érigea un Temple célèbre, & où il lut nourri aux dépens du Public ; de
forte que toute l'Ifle fut confacrée à ce Dieu. Pline remarque une de ces particularitez ( Lib. XXIX.
cap. 4. med. ) Le Serpent d'Efculape, dit-il, fut amené à Rome, & il mange par tout, jujqites dans les A4ai-
fbns. D'ailleurs, pour conferver la mémoire de cet Evénement, on tailla, fur du Marbre de Tha-
fus, la figure du Vailïèau, qu'on mit à la Poupe de l'îile, où on le voit encore aujourd'hui ; de mê-
me que la figure du Serpent, qui fut placée à l'un de fes cotez.
L'Eglife de S. Barthélemi occupe le terrain, où étoit autrefois le Temple d'Efcuîape. . Feftus en
parle (Lib. XI. après le Verbe Fuit) On confiera, dit-il, un Temple à Efculape dans ITjle , parce que
les t5\icdeeins fe fervent beaucoup d'Eau pour guérir les Malades. On veut aujji qu'il fit le Dieu tutélaire
du Dragon, parce que c'cfl un Animal fort vigilant, & que les Malades ont un extrême befoin de prendre
garde h leur régime. On admet les Chiens dans fin Temple , parce qu'il fut nourri par une Chienne. Il
porte un Bâton plein de neuds à la main, pour défigner les difficultez de fin Art ; & il a une Couronne de
Laurier Jur la tête, parce que cet Arbre jert aplufieurs Remèdes. On immoloit aujfi des Coqs & des Tou-
Tom. III. H les