DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.23493#0010
t
4
Graveurs allemands du XVe. siècle.
de la nature. Elles ont de traits courts d'ombres, tandis que les
hachures dans les draperies sont un peu plus allongées et rares. Les
parties d'architecture, comme les murs, les piliers etc., sont couvertes
de petits traits courts et irréguliers. Dans l'expression des têtes il
irise souvent la caricature et son style de composition porte l'em-
preinte de l'imitation matérielle de la nature. Il manque totalement
de ce caractère de noblesse qui distingue, dans le commencement du
XVe. siècle, non seulement l'école des Van Eyck, mais que nous ad-
mirons aussi dans l'école de la haute Allemagne à Nuremberg, chez
le maître Etienne Loethener à Cologne et dans la ,,Vierge" du graveur
P de 1451.
Voici comment Mr. P.enouvier parle de ces gravures:
„Nos estampes sont au-dessus de l'imagerie routinière, elles sont
l'ouvrage d'un novateur assez hardi en gravure, d'un dessinateur qui
ne manque ni de vivacité ni de finesse; il y a assez d'esprit et d'ob-
servation dans les physionomies et dans les costumes pour nous ap-
prendre son pays; il y a enfin dans ses qualités et aussi dans ses
défauts assez d'intérêt esthétique pour fournir un point de comparai-
son de plus dans l'étude du dessin gothique, autrefois honni, mainte-
nant exalté, mais dans l'une et l'autre occurrence mal connu."
„Ces figures de la Passion de 1446 ont des formes courtes, des
têtes grosses et inégales, des attitudes mouvementées et mal campées,
des expressions grimacières. À ces traits on peut déjà reconnaître
l'école allemande. Cette origine est encore indiquée par le costume,
les chausses larges et rabattues, les bonnets fourrés et pointus, et les
coiffes en bourrelet à cornettes tombantes. Parmi les caractères les
plus particuliers du dessin, je signalerai les pieds plats et carrés par
le bout et les cheveux faits en volutes. Ces habitudes rudimentaires
se retrouvent encore dans les figures des maîtres de 1464 et 1466;
en les apercevant dans d'antres estampes anonymes jusqu'ici non clas-
sées, on peut sûrement en conclure qu'elles appartiennent à l'Allemagne,
au milieu du XVe. siècle. Telles sont dix petites pièces de la Passion
données au cabinet de Paris par Mr. Van Praet et tirées d'un manu-
scrit d'extraits de St. Augustin, St. Anselme et St. Bernard, sur les
feuillets duquel elles étaient imprimées." 2)
2) On pourrait rapprocher encore nue suite de pièces sur des sujets de l'an-
cien et du nouveau testament décrites dans le catalogue Delbecq (Paris 1845, École
Allemande pp. 11 et 15), et provenant d'un manuscrit de l'abbaye de St. Pierre de
Gand; mais ces estampes ont été disséminées.
4
Graveurs allemands du XVe. siècle.
de la nature. Elles ont de traits courts d'ombres, tandis que les
hachures dans les draperies sont un peu plus allongées et rares. Les
parties d'architecture, comme les murs, les piliers etc., sont couvertes
de petits traits courts et irréguliers. Dans l'expression des têtes il
irise souvent la caricature et son style de composition porte l'em-
preinte de l'imitation matérielle de la nature. Il manque totalement
de ce caractère de noblesse qui distingue, dans le commencement du
XVe. siècle, non seulement l'école des Van Eyck, mais que nous ad-
mirons aussi dans l'école de la haute Allemagne à Nuremberg, chez
le maître Etienne Loethener à Cologne et dans la ,,Vierge" du graveur
P de 1451.
Voici comment Mr. P.enouvier parle de ces gravures:
„Nos estampes sont au-dessus de l'imagerie routinière, elles sont
l'ouvrage d'un novateur assez hardi en gravure, d'un dessinateur qui
ne manque ni de vivacité ni de finesse; il y a assez d'esprit et d'ob-
servation dans les physionomies et dans les costumes pour nous ap-
prendre son pays; il y a enfin dans ses qualités et aussi dans ses
défauts assez d'intérêt esthétique pour fournir un point de comparai-
son de plus dans l'étude du dessin gothique, autrefois honni, mainte-
nant exalté, mais dans l'une et l'autre occurrence mal connu."
„Ces figures de la Passion de 1446 ont des formes courtes, des
têtes grosses et inégales, des attitudes mouvementées et mal campées,
des expressions grimacières. À ces traits on peut déjà reconnaître
l'école allemande. Cette origine est encore indiquée par le costume,
les chausses larges et rabattues, les bonnets fourrés et pointus, et les
coiffes en bourrelet à cornettes tombantes. Parmi les caractères les
plus particuliers du dessin, je signalerai les pieds plats et carrés par
le bout et les cheveux faits en volutes. Ces habitudes rudimentaires
se retrouvent encore dans les figures des maîtres de 1464 et 1466;
en les apercevant dans d'antres estampes anonymes jusqu'ici non clas-
sées, on peut sûrement en conclure qu'elles appartiennent à l'Allemagne,
au milieu du XVe. siècle. Telles sont dix petites pièces de la Passion
données au cabinet de Paris par Mr. Van Praet et tirées d'un manu-
scrit d'extraits de St. Augustin, St. Anselme et St. Bernard, sur les
feuillets duquel elles étaient imprimées." 2)
2) On pourrait rapprocher encore nue suite de pièces sur des sujets de l'an-
cien et du nouveau testament décrites dans le catalogue Delbecq (Paris 1845, École
Allemande pp. 11 et 15), et provenant d'un manuscrit de l'abbaye de St. Pierre de
Gand; mais ces estampes ont été disséminées.