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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0021

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LA SITUATION DE LA SYRIE. H

dait point à quelques heures ou même à quelques journées de plus
sur la durée du trajet. L'important, c'était de ne pas être enfermé et
comme emprisonné dans la banlieue de son village, c'était d'être en
mesure de choisir son moment pour sortir de chez soi, pour aller et
venir au gré de ses besoins ou de sa fantaisie. Les montagnes voisines,
alors toutes couvertes, jusqu'à leur pied, d'épaisses forêts, étaient riches
en excellents bois de construction ; il serait donc facile d'établir sur la
plage des chantiers qui ne chômeraient point. A eux deux, le charpen-
tier et le marin, par leurs efforts communs, mettraient en rapport tous
les habitants de la côte ; ils leur fourniraient les moyens de nouer et
d'entretenir des relations suivies, d'un district à l'autre, en dépit de
cette ceinture de halliers impénétrables et de rocs sourcilleux qui
paraissait devoir vouer à un perpétuel isolement chacun de ces
groupes.

Aujourd'hui encore, comme dans l'antiquité, c'est surtout par mer
que communiquent entre elles toutes les villes de ce littoral. La seule
différence, c'est que les felouques syriennes ne sont plus seules à rendre
ce service, c'est que des bateaux à vapeur desservent les ports les
plus importants. A cela près, on a conservé les anciennes habitudes.
Veut-on se rendre de Latakieh à Tripoli, de Tripoli à Beyrouth ou de
Beyrouth kJaffa, jamais on ne prendra la voie de terre, à moins que
l'on ne voyage en archéologue ou en touriste. Dans les eaux de ces
parages, il se fait un grand mouvement de transports et d'échanges.

De notre temps, ce commerce profite surtout aux marines étran-
gères, à l'anglaise et à l'autrichienne, à la française et à la grecque;
mais il n'en a pas toujours été ainsi. Pendant bien des siècles, c'est au
contraire de ces rivages que sont partis les navires qui ont sillonné en
tous sens les eaux des trois bassins entre lesquels se partage la Médi-
terranée. Les commencements avaient été modestes : pour se donner
de l'air et pour vivre, on avait débuté par raser timidement le rivage et
par doubler, non sans une secrète terreur, les promontoires dont la
base, battue par la vague, est toujours blanche d'écume; à petits pas,
d'escale en escale, on avait fini par reconnaître la côte tout entière,
du mont Carmel au mont Casius; les pilotes en surent bientôt par
cœur tous les mouillages, toutes les anses qui pouvaient servir de
refuge; une constante pratique leur apprit et les signes précurseurs
des orages et la direction des courants. Dès lors, s'enhardir et tourner
bravement sa proue vers le large ne devait plus être qu'une affaire de
temps. Partout et toujours le cabotage a été l'école où se sont préparés
 
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