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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0051

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LES PHÉNICIENS, LEURS ÉTABLISSEMENTS. 41

lestine ; la campagne ne tarda pas de produire des blés qui devinrent
un des principaux articles d'exportation ; en même temps les paysans
de l'intérieur apprenaient la langue de ces marchands auxquels ils
apportaient leurs grains et leurs fruits en échange des étoffes, des
bijoux et des outils que l'on fabriquait ou que l'on vendait dans les
bazars de la ville. Les relations devinrent constantes; il dut se produire
bien des croisements, qui contribuèrent à créer ce peuple, très forte-
ment imprégné d'éléments sémitiques, auquel les Grecs donnèrent le
nom de Libyphénicien.

Ce fut grâce au concours de ces métis que les Carthaginois purent
réussir dans une entreprise que n'avaient même pas tentée leurs pères
les Tyriens. En deux cents ans, de la fin du neuvième à la fin du sep-
tième siècle, ils conquirent pied à pied toute la région qui s'étend de
la Petite Syrte à la frontière de la Numidiè, et ce ne fut pas seulement
le littoral qu'ils occupèrent : ils fondèrent dans l'intérieur nombre de
villes et de gros bourgs qui, comme plus tard en Italie les colonies la-
tines et romaines, furent intéressés, par les privilèges qui leur étaient
conférés, à prendre contre les indigènes le parti de la métropole *.
Jusqu'alors les établissements phéniciens n'avaient guère été que de
simples factoreries, sans autres dépendances qu'une très étroite ban-
lieue. Carthage au contraire, grâce à son habile politique, devint la
maîtresse d'un riche et spacieux territoire, habité par plusieurs mil-
lions d'hommes. Quant aux autres villes sidoniennes et tyriennes de
la côte, qui pour la plupart étaient plus anciennes que Carthage,
elles gardèrent le nom d'alliées; seulement c'était Carthage qui avait,
à perpétuité, la présidence de cette confédération et la direction de
ses forces navales et militaires.

Les Sidoniens et les Tyriens n'avaient jamais eu d'armée. Le plus
souvent ils avaient installé leurs comptoirs dans des îles que la mer
se chargeait de protéger; quelques navires suffisaient à garder le
détroit. Lorsque force était de chercher sur le continent lui-même
l'emplacement des dépôts de vivres et de marchandises, une forte
muraille mettait le poste à l'abri d'un coup de main; d'ailleurs, pour
n'avoir pas à repousser de trop fréquents assauts, on payait aux chefs
barbares de la côte une redevance annuelle2; ainsi font encore, de

1. « C'est ainsi, dit Aristote, que l'État de Carthage, quoique oligarchique, sait parer
aux inconvénients de ce régime. Sans cesse il envoie dans les contrées d'alentour des
colons choisis parmi ses citoyens,auxquels il assure ainsi une agréable aisance.» Polit. Il,
vin, 9.

2. « Statuto annuo vectigali pro solo urbis, » dit Justin (XV11I, '6). li prétend même

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