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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0052

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

notre temps, les négociants européens sur la côte de Guinée, quand
ils veulent pouvoir commercer librement sur les terres d'un petit roi
nègre et y établir des magasins. On s'acquitte aujourd'hui de la coutume
(c'est le nom consacré) avec des barils de rhum, des verroteries, de
la poudre et de vieux fusils. Les Phéniciens n'étaient pas embarrassés
pour fournir aux sauvages des denrées que ceux-ci prisassent très
haut; le vin, par exemple, devait être aussi recherché, chez toutes ces
peuplades, que l'est maintenant l'alcool. En gens qui savaient calculer,
les Tyriens aimaient mieux acheter ainsi la jouissance des quelques
hectares de terrain qui leur étaient nécessaires que de les conquérir
et de les défendre à la pointe de l'épée.

Carlhage se trouva conduite par les circonstances à prendre de
tout autres mesures. Du moment qu'elle avait l'ambition d'occuper le
pays, il lui fallait une armée; les premiers éléments lui en furent
fournis par les peuples mêmes dont il s'agissait d'assurer l'assujettisse-
ment. La haute paye qu'il lui était facile de servir attira des hommes de
toutes les races qui peuplaient son territoire ou les contrées voisines :
elle enrôla les Libyphéniciens, les Numides et les Maures ; quant
aux citoyens, ils servirent à exercer et à encadrer ces contingents.
L'Afrique suffit d'abord à recruter cette armée. Plus tard, dans les
grandes luttes qui furent entreprises contre les Grecs de Sicile, puis
contre les Romains, il fallut faire appel h tous ceux qui voulaient
vivre du métier des armes ; de tous les peuples qui habitaient les côtes
de la Méditerranée, il n'en était pour ainsi dire pas un qui ne fût
représenté dans les grandes compagnies de mercenaires qui, sous les
ordres d'Amilcar, d'Asdrubal et d'Annibal, disputèrent à Rome l'empire
du monde.

Sans mettre encore sur pied des forces aussi considérables,
Carlhage, dès le commencement du sixième siècle, avait déjà ce que
n'avait encore possédé aucune ville phénicienne : elle avait un ter-
ritoire et une armée. Elle se trouva donc en mesure de faire face aux
événements lorsque le long duel de la Chaldée et de Tyr empêcha
cette dernière ville, pendant dix années et plus, de ravitailler et de
défendre ses postes d'outre-mer. De toutes parts avaient éclaté de
fâcheux symptômes. En Bélique, les Turdétans soulevés attaquaient
les postes phéniciens; ils massacraient les colons, d'origine africaine,
que Tyr avait établis dans la vallée du Bétis. Ce qui ajoutait à la

que Gai-Iliade aurait continué, pendant plus de trois siècles, à payer cette redevance : ce
qui ne paraît pas très vraisemblable (XIX, 1 et 2).
 
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