CHAPITRE IV
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE
§ i. — LE TEMPLE EN PHÉNICIE
Le premier culte que paraissent avoir pratiqué les tribus chana-
néennes et sémitiques qui peuplèrent la Syrie, c'est le culte des hauts
lieux dont il est si souvent question dans la Bible. A l'époque reculée
où elles occupèrent la Syrie, elles étaient fétichistes l. Leurs respects
et leurs hommages s'adressaient à tout ce qui, dans la nature, frappait
le plus fortement leurs yeux et leur imagination, à la source limpide et
fraîche qui les désaltérait, au torrent dont les bruyantes colères les
remplissaient de terreur, à l'arbre séculaire, à la montagne qui, toute
noire de forêts, cachait souvent sa tête clans les nuages. Sur cette
terre où nulle part la plaine n'a une grande étendue, où partout elle
est limitée, à l'horizon, par des chaînes élevées et puissantes dont les
cimes sont couvertes de neige pendant une partie de l'année, la mon-
tagne surtout était un grand fétiche; pour l'honorer, quoi de plus
simple que de dresser sur son point culminant l'autel où s'allumerait
le feu du sacrifice? Avec le temps, une autre idée vint peut-être
s'ajouter et se mêler à celle-ci : quand on conçut des dieux à demi
personnels, qui étaient censés résider dans le ciel, on crut, en montant,
se rapprocher d'eux et du séjour qu'ils habitaient; du haut de ces
sommets qui dominaient au loin la campagne et les rivages de la mer,
la fumée de l'holocauste et les prières de l'officiant auraient moins de
chemin à faire pour arriver jusqu'aux narines et aux oreilles de la
divinité.
Quelle qu'ait été la pensée première dont s'inspira ce culte, il
demeura toujours d'une extrême simplicité ; on en a la preuve dans
1. Sur la nature et les effets de cette conception, voir Histoire de l'Art, 1.1, ch. i, §
TOME III. 31
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE
§ i. — LE TEMPLE EN PHÉNICIE
Le premier culte que paraissent avoir pratiqué les tribus chana-
néennes et sémitiques qui peuplèrent la Syrie, c'est le culte des hauts
lieux dont il est si souvent question dans la Bible. A l'époque reculée
où elles occupèrent la Syrie, elles étaient fétichistes l. Leurs respects
et leurs hommages s'adressaient à tout ce qui, dans la nature, frappait
le plus fortement leurs yeux et leur imagination, à la source limpide et
fraîche qui les désaltérait, au torrent dont les bruyantes colères les
remplissaient de terreur, à l'arbre séculaire, à la montagne qui, toute
noire de forêts, cachait souvent sa tête clans les nuages. Sur cette
terre où nulle part la plaine n'a une grande étendue, où partout elle
est limitée, à l'horizon, par des chaînes élevées et puissantes dont les
cimes sont couvertes de neige pendant une partie de l'année, la mon-
tagne surtout était un grand fétiche; pour l'honorer, quoi de plus
simple que de dresser sur son point culminant l'autel où s'allumerait
le feu du sacrifice? Avec le temps, une autre idée vint peut-être
s'ajouter et se mêler à celle-ci : quand on conçut des dieux à demi
personnels, qui étaient censés résider dans le ciel, on crut, en montant,
se rapprocher d'eux et du séjour qu'ils habitaient; du haut de ces
sommets qui dominaient au loin la campagne et les rivages de la mer,
la fumée de l'holocauste et les prières de l'officiant auraient moins de
chemin à faire pour arriver jusqu'aux narines et aux oreilles de la
divinité.
Quelle qu'ait été la pensée première dont s'inspira ce culte, il
demeura toujours d'une extrême simplicité ; on en a la preuve dans
1. Sur la nature et les effets de cette conception, voir Histoire de l'Art, 1.1, ch. i, §
TOME III. 31