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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0876
LA PHENICIE ET SES DEPENDANCES.
§ 7. — les armes
Si, comme négociants, les Phéniciens procuraient l'étain brut à
quiconque voulait fabriquer du bronze, eux-mêmes, dans leurs propres
ateliers, ils en employaient à cette lin des quantités considérables1.
Nous avons eu l'occasiou de décrire leurs coupes historiées, leurs
vases et leurs meubles de luxe. Il est encore une autre industrie du
métal, celle de l'armurier, qu'ils cultivèrent avec beaucoup de goût
et de succès jusqu'à une époque très tardive. Ce peuple très peu belli-
queux, qui ne se battit jamais que par nécessité, a passé, pendant
plusieurs siècles, pour celui qui façonnait les plus riches et les meil-
leures armes. Du temps d'Homère, la réputation de ses ateliers était
déjà bien établie. Après l'armure d'Achille, ouvrage d'un dieu, la plus
belle armure et la plus impénétrable aux traits que possède un héros,
sous les murs de Troie, c'est celle d'Agamemnon. Une des pièces les
plus importantes est la cuirasse2; or c'était, dit le poète, un pré-
sent de Kinyras, et Kinyras, dans les traditions grecques, représentait
l'élément phénicien de la population cypriote. Bien des siècles après,
c'était un roi de Kition qui donnait en présent à Alexandre l'épée que
le conquérant préférait à toute autre; il la portait sur le champ de
bataille d'Arbèles3. Un de ses successeurs, Démétrius Poliorcète, avait
deux cuirasses, chefs-d'œuvre des artistes cypriotes4. Les Phéniciens
savaient donner au bronze une trempe d'une qualité supérieure; leurs
rasoirs devaient avoir autant de réputation que leurs épées5.
C'est à Cypre qu'ont été trouvées plusieurs pièces de bronze qui
peuvent donner une idée des habitudes de la fabrique cypriote; ainsi,
près de Dali, dans une plaine étroite où se voyaient les restes de
plusieurs tumulus, élevés peut-être à la suite d'une bataille, on a
découvert, en 1850, des armes qui sont entrées, depuis lors, les unes
à la Bibliothèque nationale, et les autres au Louvre; elles ont été
recueillies en même temps et dans le même endroit que cette longue
1. Homère appelle Sidon -oAj/aAzo;, riche en bronze (Odyssée, XV, 425).
2. Homère, Iliade, XI, 19-28.
3. Plutarque, Vie d'Alexandre, XXXII.
4. Plutarque, Vie de D&metrius, XXI, 2.
y. Dans des tombes où l'on a recueilli, en Sardaigne, des inscriptions phéniciennes,
on a aussi trouvé des rasoirs en bronze. A. Gara, Nota délie iscrizioni fenicie sopra monu-
menti délia Sardegna. p. 11.
§ 7. — les armes
Si, comme négociants, les Phéniciens procuraient l'étain brut à
quiconque voulait fabriquer du bronze, eux-mêmes, dans leurs propres
ateliers, ils en employaient à cette lin des quantités considérables1.
Nous avons eu l'occasiou de décrire leurs coupes historiées, leurs
vases et leurs meubles de luxe. Il est encore une autre industrie du
métal, celle de l'armurier, qu'ils cultivèrent avec beaucoup de goût
et de succès jusqu'à une époque très tardive. Ce peuple très peu belli-
queux, qui ne se battit jamais que par nécessité, a passé, pendant
plusieurs siècles, pour celui qui façonnait les plus riches et les meil-
leures armes. Du temps d'Homère, la réputation de ses ateliers était
déjà bien établie. Après l'armure d'Achille, ouvrage d'un dieu, la plus
belle armure et la plus impénétrable aux traits que possède un héros,
sous les murs de Troie, c'est celle d'Agamemnon. Une des pièces les
plus importantes est la cuirasse2; or c'était, dit le poète, un pré-
sent de Kinyras, et Kinyras, dans les traditions grecques, représentait
l'élément phénicien de la population cypriote. Bien des siècles après,
c'était un roi de Kition qui donnait en présent à Alexandre l'épée que
le conquérant préférait à toute autre; il la portait sur le champ de
bataille d'Arbèles3. Un de ses successeurs, Démétrius Poliorcète, avait
deux cuirasses, chefs-d'œuvre des artistes cypriotes4. Les Phéniciens
savaient donner au bronze une trempe d'une qualité supérieure; leurs
rasoirs devaient avoir autant de réputation que leurs épées5.
C'est à Cypre qu'ont été trouvées plusieurs pièces de bronze qui
peuvent donner une idée des habitudes de la fabrique cypriote; ainsi,
près de Dali, dans une plaine étroite où se voyaient les restes de
plusieurs tumulus, élevés peut-être à la suite d'une bataille, on a
découvert, en 1850, des armes qui sont entrées, depuis lors, les unes
à la Bibliothèque nationale, et les autres au Louvre; elles ont été
recueillies en même temps et dans le même endroit que cette longue
1. Homère appelle Sidon -oAj/aAzo;, riche en bronze (Odyssée, XV, 425).
2. Homère, Iliade, XI, 19-28.
3. Plutarque, Vie d'Alexandre, XXXII.
4. Plutarque, Vie de D&metrius, XXI, 2.
y. Dans des tombes où l'on a recueilli, en Sardaigne, des inscriptions phéniciennes,
on a aussi trouvé des rasoirs en bronze. A. Gara, Nota délie iscrizioni fenicie sopra monu-
menti délia Sardegna. p. 11.