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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0111
CHAPITRE II
DU PRINCIPE ET DES CARACTÈRES GÉNÉRAUX
DE L'ARCHITECTURE PHÉNICIENNE
§ I . — L E S M A T É RIAL'X ET LA CONSTRUCTIO N
La Phénicie est un pays cle montagnes; tout son territoire est
couvert et coupé par les contreforts occidentaux du Liban et par les
éperons que le puissant massif projette vers la mer; aussi la pierre ne
manque-t-elle point, mais elle est de médiocre qualité. Point de mar-
bre ni de grès, dans le nord; du côté de Safita, comme dans certains
cantons de la Galilée, il y a bien quelques laves, mais elles n'ont guère
été employées hors du district qui les renferme. Ce qui se rencontre
partout, à fleur de sol, ce sont des tufs calcaires d'un grain plus ou
moins tendre.
La première idée des tribus qui s'établirent dans ce pays dut donc
être de tailler sur place la roche vive ; celle-ci, là où elle ne se dresse
pas sous la forme de murs à pic ou de masses isolées, se trouve tou-
jours, à une très faible profondeur, sous la mince couche de terre
végétale qui s'est déposée dans le fond des vallées, au pied des falaises
et sur les moins rapides des pentes qui descendent au rivage. D'un bout
à l'autre de la Syrie maritime, jusqu'aux derniers jours de l'antiquité, les
lombes ont été creusées dans le roc ; mais ce n'est pas seulement au pro-
fit des morts que l'on a ciselé ainsi l'écorce terrestre : les vivants l'ont
aussi façonnée clans leur propre intérêt, avec beaucoup de patience et
d'adresse. On a peut-être commencé par habiter, sur certains points,
des grottes naturelles qu'il fut aisé d'élargir et d'aménager ; puis, lors-
qu'on n'a plus voulu se contenter de demeures aussi simples, on a con-
tinué cependant à profiter des accidents et des saillies du rocher.
Ainsi, « l'un des restes les plus singuliers d'Amrit, c'est une maison
monolithe, tout entière découpée dans le roc (tîg. 37). La pierre a
DU PRINCIPE ET DES CARACTÈRES GÉNÉRAUX
DE L'ARCHITECTURE PHÉNICIENNE
§ I . — L E S M A T É RIAL'X ET LA CONSTRUCTIO N
La Phénicie est un pays cle montagnes; tout son territoire est
couvert et coupé par les contreforts occidentaux du Liban et par les
éperons que le puissant massif projette vers la mer; aussi la pierre ne
manque-t-elle point, mais elle est de médiocre qualité. Point de mar-
bre ni de grès, dans le nord; du côté de Safita, comme dans certains
cantons de la Galilée, il y a bien quelques laves, mais elles n'ont guère
été employées hors du district qui les renferme. Ce qui se rencontre
partout, à fleur de sol, ce sont des tufs calcaires d'un grain plus ou
moins tendre.
La première idée des tribus qui s'établirent dans ce pays dut donc
être de tailler sur place la roche vive ; celle-ci, là où elle ne se dresse
pas sous la forme de murs à pic ou de masses isolées, se trouve tou-
jours, à une très faible profondeur, sous la mince couche de terre
végétale qui s'est déposée dans le fond des vallées, au pied des falaises
et sur les moins rapides des pentes qui descendent au rivage. D'un bout
à l'autre de la Syrie maritime, jusqu'aux derniers jours de l'antiquité, les
lombes ont été creusées dans le roc ; mais ce n'est pas seulement au pro-
fit des morts que l'on a ciselé ainsi l'écorce terrestre : les vivants l'ont
aussi façonnée clans leur propre intérêt, avec beaucoup de patience et
d'adresse. On a peut-être commencé par habiter, sur certains points,
des grottes naturelles qu'il fut aisé d'élargir et d'aménager ; puis, lors-
qu'on n'a plus voulu se contenter de demeures aussi simples, on a con-
tinué cependant à profiter des accidents et des saillies du rocher.
Ainsi, « l'un des restes les plus singuliers d'Amrit, c'est une maison
monolithe, tout entière découpée dans le roc (tîg. 37). La pierre a