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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0053

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LES PHÉNICIENS, LEURS ÉTABLISSEMENTS. 43

gravité de la situation, c'est que l'on sentait dans ces mouvements la
main des Grecs. Dès 640, Coléos de Samos avait poussé une pointe
hardie jusque sur ces lointains rivages et avait eu la chance d'en
revenir. De retour dans sa patrie, Coléos avait vanté les merveilles
de la Bétique et les trésors de Gadès. Depuis lors, pas de capitaine
ionien qui ne rêvât d'aborder un jour à Tartessos ; c'était sous cette
forme que les Grecs avaient fait passer dans leur langue le nom de
Tharsis. En cherchant le chemin de l'Espagne, un Grec de Phocée,
Euxène, avait pris terre dans la Gaule méridionale, non loin de l'em-
bouchure du Rhône, et fondé Massalie. En 578, les Rhodiens et les
Cnidiens, tentant de suivre la môme route, abordaient au nord-est de
l'Espagne, et y fondaient Rhoda, aujourd'hui Rosas; mais c'étaient les
Phocéens qui se lançaient avec le plus d'audace dans cette direction.
Il est vraisemblable qu'il faut rapporter au temps du siège de Tyr
et de son abdication forcée ce qu'Hérodote raconte de la passion
qu'aurait prise pour ses hôtes phocéens le roi de Tartessos, qu'il
appelle Arganthonios1. Les Grecs devaient être moins durs au gain et
plus aimables que les Phéniciens. C'était aussi que partout la fortune
semblait sourire à leur jeunesse et à leurs ambitions; en Sicile, ils
commençaient à menacer les trois villes qu'avaient conservées les
Phéniciens.

De l'Orient à l'Occident, tout ce qu'il y avait dans la Méditerranée
de marins, de marchands et de colons phéniciens tournait donc vers
Carthage des regards inquiets et suppliants; si Carthage ne prenait
pas la suite des affaires de Tyr, le commerce phénicien, exclu de la
Sicile, contraint en Espagne au partage des bénéfices, était menacé
d'une prompte déchéance. Carthage répondit h cet appel et fut à la
hauteur de sa tâche; elle comprit que les temps étaient changés.
Tant que les Sidoniens et les Tyriens n'avaient rencontré devant eux,
sur toutes les côtes de la Méditerranée, que des populations clair-
semées et plus ou moins sauvages, il leur avait été facile de pourvoir,
sans grands frais, à la sécurité de leurs comptoirs; maintenant le
monde s'était peuplé ; les tribus indigènes avaient appris l'usage des
armes de bronze et de fer; enfin, sur tous les rivages de l'Europe, on
rencontrait une civilisation, celle des Grecs, qui se développait rapi-
dement et qui déjà, dans toutes les voies de l'art et de la pensée,
avait dépassé les Phéniciens. Une situation nouvelle appelait de

1. Hérodote, 1, 163.
 
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