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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0072

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

parlaient presque la môme langue; un homme de Gebal ou de Sidon
n'aurait pas eu de peine à comprendre les éloquents discours et les
invectives passionnées d'un Élie, d'un Élisée et d'un Ésaïe; cependant
rien n'indique que la forte parole de ces orateurs et de ces poètes ait
retenti jusque dans les villes de la côte et que la Phénicie se soit asso-
ciée, même pour une faible part, à ce grand mouvement religieux. Si
certaines expressions des textes phéniciens semblent indiquer qu'à Tyr
comme à Thèbes la pensée chercha par instants à s'élever, d'échelon
en échelon, jusqu'à l'idée de la cause première, ce ne fut là jamais,
chez ce peuple qui n'avait pas l'esprit tourné vers la métaphysique,
qu'une vague et passagère aspiration.

L'exemple et l'influence du polythéisme hellénique durent être pour
beaucoup dans cette indifférence. Certains dieux, certaines déesses ont
débarqué avec les Phéniciens sur les côtes de l'Europe; ce sont ces
navigateurs qui ont transmis aux riverains de la Méditerranée les élé-
ments premiers et comme l'esquisse de plusieurs des types divins
auxquels l'antiquité s'est le plus attachée. Ces types, l'imagination
grecque acheva d'en arrêter les contours ; elle les anima d'une vie plus
intense en leur donnant une forme mieux définie. A partir du moment
où le génie plastique des Hellènes eut pris son essor, les Phéniciens
retrouvèrent partout, hors de chez eux, sur les rivages de la Grèce et
de l'Italie, plusieurs des dieux que leurs pères avaient adorés et qu'ils
adoraient eux-mêmes; mais ils les retrouvèrent transfigurés par la
puissance d'un art incomparable et logés dans des temples dont ils ne
purent pas ne point admirer la noblesse. Marins et marchands, ils pas-
saient hors de chez eux la plus grande partie de leur existence ; ils
vivaient bien plus en mer et dans les comptoirs lointains que sur cette
étroite bande de côte où chacun d'eux n'avait, comme nous dirions,
que son port d'attache et son domicile légal. Or, au cours de leurs
pérégrinations, ce qu'ils rencontraient, ce qui les frappait surtout,
c'était le développement, c'étaient les pompes d'une religion franche-
ment polythéiste; tous les sanctuaires leur renvoyaient l'image des
divinités principales de leur panthéon national; mais ils la leur ren-
voyaient agrandie et embellie. Où qu'ils allassent, et ils étaient toujours
en route, le même spectacle s'offrait à leurs yeux, et les impressions
qu'ils recevaient n'étaient pas de nature à les détourner de croyances
qui exerçaient un si puissant empire sur l'esprit des peuples les plus
riches et les plus civilisés.

Ainsi s'explique ce phénomène qui peut surprendre au premier
 
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